Ebrahim Raïssi, considéré comme ultra-favori de la présidentielle de ce vendredi.
Le taux d’abstention, qui s’annonce historique, est l’enjeu du scrutin de vendredi, où le conservateur Ebrahim Raïssi paraît promis à une victoire certaine.
Les Iraniens désignent vendredi, sans grand enthousiasme, un nouveau président à l’occasion d’une élection qui devrait consacrer la victoire de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi.
Le guide suprême Ali Khamenei a ouvert le scrutin en votant à côté de ses bureaux quelques minutes après 7h00 (04h30, heure suisse). L’ayatollah Khamenei a appelé ses compatriotes à accomplir leur «devoir» civique «le plus tôt» possible, insistant sur les «avantages sur la scène internationale» que le pays pourrait tirer, selon lui, d’une participation élevée.
Certains avaient devancé son appel comme dans un bureau installé à la mosquée Lorzadeh à Téhéran, où l’on a fait la queue dès l’ouverture sous un portrait du général iranien «martyr» Qassem Souleimani, éliminé par les États-Unis en Irak en janvier 2020.
À la mosquée Hosseiniyeh-Ershad, autre bureau de vote, une famille affiche clairement la couleur en exhibant sur de petites pancartes des slogans ultraconservateurs: «Ô Guide, nous sommes prêts à sacrifier nos vies», «Israël sera bientôt rayé de la carte».
Après trois semaines d’une campagne électorale terne, sur fond de ras-le-bol général à cause de la grave crise économique qui frappe l’Iran, les autorités ont décidé d’allonger la période d’ouverture des bureaux de vote au maximum, de 07h00 à minuit (04h30 à 21h30, heure suisse) avec une extension possible jusqu’à 02h00 du matin samedi.
Appels au boycottage du scrutin
Il s’agit officiellement de permettre au plus grand nombre, parmi les près de 60 millions d’Iraniens en âge de voter, de se rendre aux urnes sereinement alors que le pays est durement frappé par la pandémie de Covid-19. À en croire les rares sondages disponibles, l’abstention pourrait atteindre un niveau inédit et dépasser les 57%. Les résultats définitifs du scrutin sont attendus pour samedi à la mi-journée.
Face à des appels au boycottage du scrutin relayés sur les réseaux sociaux, le guide suprême, Ali Khamenei, a appelé mercredi ses compatriotes à participer au scrutin en masse pour élire un «président puissant». L’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, chef de l’Autorité judiciaire âgé de 60 ans, fait figure d’archifavori, faute de concurrents à sa mesure après la disqualification de ses plus gros adversaires politiques.
En mai, le Conseil des gardiens de la Constitution, organe non élu chargé du contrôle de la présidentielle, avait autorisé sept hommes à se présenter, parmi près de 600 candidats. Mais il n’en reste plus que quatre, après le désistement de trois candidats mercredi, dont deux ont appelé à voter pour Ebrahim Raïssi.
«Choisir par moi-même»
Ce dernier avait obtenu 38% des voix il y a quatre ans. Il est opposé à un député peu connu, Amirhossein Ghazizadeh-Hachémi, à un ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, le général Mohsen Rézaï (qui avait obtenu moins de 11% des suffrages en 2013) et à un technocrate, Abdolnasser Hemmati, ex-président de la Banque centrale.
«J’aime mon pays, mais je n’accepte pas ces candidats», témoigne auprès de l’AFP Abolfazl, un forgeron sexagénaire qui avait soutenu la Révolution islamique de 1979 mais est déçu qu’aujourd’hui «d’autres choisissent à sa place». Des propos qui reflètent un point de vue fréquemment exprimé et selon lequel, en dépit des dénégations des autorités, l’élection est jouée d’avance, voire organisée pour assurer la victoire d’Ebrahim Raïssi.
«Pour la première fois depuis la fondation de la République islamique, l’élection du président se fera sans véritable compétition», écrit l’ancien ambassadeur de France, Michel Duclos, dans une note de blog pour l’Institut Montaigne.
Le président a des prérogatives limitées en Iran, où l’essentiel du pouvoir est aux mains du guide suprême. Le président sortant, le modéré Hassan Rohani, ne peut se représenter cette année après deux mandats consécutifs de quatre ans. Son bilan est entaché par l’échec de sa politique d’ouverture, après la dénonciation par les États-Unis en 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien conclu trois ans plus tôt à Vienne.
Mécontentement et défiance
Le mécontentement et la défiance vis-à-vis des autorités s’expriment de plus en plus ouvertement face à la grave crise économique et sociale provoquée par le rétablissement des sanctions américaines ayant suivi la sortie des États-Unis de l’accord de Vienne.
À l’hiver 2017-2018 et en novembre 2019, deux vagues de contestation parties de revendications socio-économiques des classes populaires ont été violemment réprimées. Pour l’opposition en exil et les ONG, M. Raïssi est l’incarnation de la répression et son nom associé aux exécutions massives de détenus de gauche en 1988, drame dans lequel il nie toute participation.
La priorité du prochain président devrait être le redressement de l’économie. Sur ce point, tous les candidats s’accordent pour dire que cela doit nécessairement passer par la levée des sanctions américaines imposées sous la présidence Trump, objet des négociations en cours dans la capitale autrichienne pour sauver l’accord de Vienne en y réintégrant les États-Unis. (AFP)
Les Iraniens désignent vendredi, sans grand enthousiasme, un nouveau président à l’occasion d’une élection qui devrait consacrer la victoire de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi.
Le guide suprême Ali Khamenei a ouvert le scrutin en votant à côté de ses bureaux quelques minutes après 7h00 (04h30, heure suisse). L’ayatollah Khamenei a appelé ses compatriotes à accomplir leur «devoir» civique «le plus tôt» possible, insistant sur les «avantages sur la scène internationale» que le pays pourrait tirer, selon lui, d’une participation élevée.
Certains avaient devancé son appel comme dans un bureau installé à la mosquée Lorzadeh à Téhéran, où l’on a fait la queue dès l’ouverture sous un portrait du général iranien «martyr» Qassem Souleimani, éliminé par les États-Unis en Irak en janvier 2020.
À la mosquée Hosseiniyeh-Ershad, autre bureau de vote, une famille affiche clairement la couleur en exhibant sur de petites pancartes des slogans ultraconservateurs: «Ô Guide, nous sommes prêts à sacrifier nos vies», «Israël sera bientôt rayé de la carte».
Après trois semaines d’une campagne électorale terne, sur fond de ras-le-bol général à cause de la grave crise économique qui frappe l’Iran, les autorités ont décidé d’allonger la période d’ouverture des bureaux de vote au maximum, de 07h00 à minuit (04h30 à 21h30, heure suisse) avec une extension possible jusqu’à 02h00 du matin samedi.
Appels au boycottage du scrutin
Il s’agit officiellement de permettre au plus grand nombre, parmi les près de 60 millions d’Iraniens en âge de voter, de se rendre aux urnes sereinement alors que le pays est durement frappé par la pandémie de Covid-19. À en croire les rares sondages disponibles, l’abstention pourrait atteindre un niveau inédit et dépasser les 57%. Les résultats définitifs du scrutin sont attendus pour samedi à la mi-journée.
Face à des appels au boycottage du scrutin relayés sur les réseaux sociaux, le guide suprême, Ali Khamenei, a appelé mercredi ses compatriotes à participer au scrutin en masse pour élire un «président puissant». L’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, chef de l’Autorité judiciaire âgé de 60 ans, fait figure d’archifavori, faute de concurrents à sa mesure après la disqualification de ses plus gros adversaires politiques.
En mai, le Conseil des gardiens de la Constitution, organe non élu chargé du contrôle de la présidentielle, avait autorisé sept hommes à se présenter, parmi près de 600 candidats. Mais il n’en reste plus que quatre, après le désistement de trois candidats mercredi, dont deux ont appelé à voter pour Ebrahim Raïssi.
«Choisir par moi-même»
Ce dernier avait obtenu 38% des voix il y a quatre ans. Il est opposé à un député peu connu, Amirhossein Ghazizadeh-Hachémi, à un ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, le général Mohsen Rézaï (qui avait obtenu moins de 11% des suffrages en 2013) et à un technocrate, Abdolnasser Hemmati, ex-président de la Banque centrale.
«J’aime mon pays, mais je n’accepte pas ces candidats», témoigne auprès de l’AFP Abolfazl, un forgeron sexagénaire qui avait soutenu la Révolution islamique de 1979 mais est déçu qu’aujourd’hui «d’autres choisissent à sa place». Des propos qui reflètent un point de vue fréquemment exprimé et selon lequel, en dépit des dénégations des autorités, l’élection est jouée d’avance, voire organisée pour assurer la victoire d’Ebrahim Raïssi.
«Pour la première fois depuis la fondation de la République islamique, l’élection du président se fera sans véritable compétition», écrit l’ancien ambassadeur de France, Michel Duclos, dans une note de blog pour l’Institut Montaigne.
Le président a des prérogatives limitées en Iran, où l’essentiel du pouvoir est aux mains du guide suprême. Le président sortant, le modéré Hassan Rohani, ne peut se représenter cette année après deux mandats consécutifs de quatre ans. Son bilan est entaché par l’échec de sa politique d’ouverture, après la dénonciation par les États-Unis en 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien conclu trois ans plus tôt à Vienne.
Mécontentement et défiance
Le mécontentement et la défiance vis-à-vis des autorités s’expriment de plus en plus ouvertement face à la grave crise économique et sociale provoquée par le rétablissement des sanctions américaines ayant suivi la sortie des États-Unis de l’accord de Vienne.
À l’hiver 2017-2018 et en novembre 2019, deux vagues de contestation parties de revendications socio-économiques des classes populaires ont été violemment réprimées. Pour l’opposition en exil et les ONG, M. Raïssi est l’incarnation de la répression et son nom associé aux exécutions massives de détenus de gauche en 1988, drame dans lequel il nie toute participation.
La priorité du prochain président devrait être le redressement de l’économie. Sur ce point, tous les candidats s’accordent pour dire que cela doit nécessairement passer par la levée des sanctions américaines imposées sous la présidence Trump, objet des négociations en cours dans la capitale autrichienne pour sauver l’accord de Vienne en y réintégrant les États-Unis. (AFP)