Les dirigeants de l’UE se lèvent et applaudissent Angela Merkel pour son dernier Sommet

Vendredi 22 Octobre 2021

Le président du Conseil européen a réservé un moment vendredi pour rendre hommage à la chancelière allemande à l’occasion du dernier des 107 sommets auxquels elle a assisté en seize ans de pouvoir.
 
Les dirigeants de l’UE se sont levés vendredi à la table du Conseil européen pour applaudir la chancelière allemande Angela Merkel. Le sommet européen de ces jeudi et vendredi est fort probablement le dernier des 107 auxquels elle aura assisté en seize ans de pouvoir.
 
Le président du Conseil européen Charles Michel avait réservé un moment vendredi midi pour rendre hommage à la chancelière, qui sera fort probablement remplacée en décembre par le social-démocrate Olaf Scholz à la tête du gouvernement allemand, à la suite des élections du 26 septembre dernier.
 
«Vous êtes un monument. Des comparaisons nous viennent à l’esprit. Le Conseil européen sans Angela, c’est comme Rome sans le Vatican ou Paris sans la tour Eiffel, a affirmé Charles Michel à l’adresse de la dirigeante démocrate-chrétienne. Votre sagesse nous manquera, surtout dans les moments complexes.»
 
«Une boussole et un phare»
 
Il a décrit la «sobriété et la simplicité» de la chancelière comme «une arme de séduction très puissante» et qualifié la dirigeante de «boussole et de phare dans notre projet européen».
 
Pour l’occasion, ainsi que pour le départ du Premier ministre suédois Stefan Löfven, lui aussi mis à l’honneur, Charles Michel a institué un cadeau commémoratif aux membres du Conseil qui le quittent, sous la forme d’une représentation artistique du bâtiment Europa, qui abrite les sommets européens à Bruxelles.
 
«C’est quelqu’un qui pendant seize ans a vraiment marqué l’Europe, et nous a aidés, tous les Vingt-Sept, à prendre les bonnes décisions avec beaucoup d’humanité à des moments qui étaient difficiles», a déclaré le Premier ministre belge Alexander de Croo. Ce dernier avait reçu Angela Merkel la semaine dernière pour une visite officielle au cours de laquelle la chancelière a été décorée de la plus haute distinction honorifique par le roi Philippe.
 
Le départ d’Angela Merkel «laissera un grand vide, car c’est quelqu’un qui a été en poste depuis si longtemps et qui a eu une si grande influence sur l’évolution de l’Union européenne», a abondé le chef du gouvernement autrichien Alexander Schallenberg.
 
«Artisane de paix»
 
«C’était une artisane de paix au sein de l’UE. Elle était indubitablement une grande Européenne», a-t-il insisté. La chancelière est «une immense femme politique, et a été un facteur de stabilisation crucial dans des situations très compliquées», a renchéri le président lituanien Gitanas Nauseda, disant «son énorme respect» pour elle.
 
 «C’était une telle machine à compromis, que quand les choses n’avançaient pas, on avait quand même Angela (…). Elle trouvait habituellement toujours quelque chose pour nous unir et nous permettre d’aller plus loin», a observé le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, qui l’a côtoyée durant huit années. «Elle me manquera. Elle manquera à l’Europe», a-t-il dit.
 
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ancienne ministre de la Défense d’Angela Merkel, avait récemment souligné à quel point l’esprit d’analyse de cette docteure en chimie avait été crucial pour débloquer les négociations européennes parfois interminables.
 
Gestionnaire pragmatique
 
Ces derniers mois, les dirigeants de l’UE ont multiplié hommages et remerciements à celle qui a dirigé l’Allemagne depuis 2005, presque aussi longtemps que le chancelier de la Réunification, Helmut Kohl (1982-1998).
 
À la tête de la première puissance économique du continent, Angela Merkel avait été très critiquée pour l’attitude de Berlin durant la crise de la zone euro après l’effondrement financier mondial de 2008-2009, mais a été ensuite largement saluée pour sa réponse à la crise migratoire de 2015 et pour s’être ralliée in fine à un endettement commun des Vingt-Sept.
 
La chancelière chrétienne-démocrate (CDU) a démontré des talents de gestionnaire pragmatique qui lui ont permis de forger les compromis nécessaires pour préserver l’unité de l’UE.
 
L’Allemagne devrait avoir un nouveau chancelier avant Noël. Sociaux-démocrates, écologistes et libéraux ont dévoilé jeudi le calendrier de leurs négociations visant à installer Olaf Scholz (SPD) aux commandes du pays début décembre.
 
Le retrait d’Angela Merkel, 67 ans, suscite la peur du vide au sein de l’UE, confrontée à des chantiers décisifs pour sa survie: reconstruction économique post-Covid, changement climatique, ou encore affirmation de son rôle géopolitique face aux États-Unis et à la Chine. (ATS)
 
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