Les murs de Soweto se révoltent: «Ces gens-là, ils font quoi à l’assemblée nationale ?»

Jeudi 25 Mai 2017

C’est la question posée par un fonctionnaire de l’hémicycle outré par «l’incompétence et la désinvolture» de la plupart des députés d’une législature bien singulière.


Au niveau de l’Assemblée nationale, il n’y a pas que les députés. En effet, beaucoup de personnes travaillent dans cette Institution en leur qualité de fonctionnaires de l’Etat. Quelques-uns d’entre eux, en place depuis plusieurs années, pétris des expériences accumulées dans la durée au contact des réalités, des hommes et des pratiques parlementaires, ont leur point de vue sur le bilan de la présente législature.
 
Sous le sceau de l’anonymat, un interlocuteur important dans le travail législatif et qui a requis l’anonymat signale «le caractère expéditif des lois» qui, selon lui, est la traduction concrète de l’absence de rupture. «L’Exécutif a trop usé et abusé de la procédure d’urgence» dans cette 12e législature, se désole-t-il. «Il faut le dire, il en a abusé alors que cela ne doit se faire que suivant des règles bien déterminées.»
 
Donnant l’exemple de l’Acte 3 de la décentralisation, notre interlocuteur de faire savoir que «tout s’est fait dans la précipitation parce qu’il fallait faire plaisir au Président de la République.» Faisant remarquer qu’aucune proposition n’a abouti, il met à l’index le patron de l’hémicycle. «Le président Moustapha Niasse a tout bloqué. Il a tout est rangé dans les tiroirs, sous prétexte que les textes étaient irrecevables. Ce qui est totalement faux bien entendu.»
 
Allant plus loin, notre source confie à Nouvel Hebdo : «Il n’y a eu que quelques rares amendements qui ont été retenus, mais en vérité, rien n’a marché. Le contrôle parlementaire a été inexistant surtout en ce qui concerne le contrôle du budget de l’Exécutif. C’est dire que l’envie de voir ce qui s’est passé, et comment cela s’est passé relativement à l’utilisation du budget, cette envie-là a été inexistante
 
De sa position d’acteur impuissant, il souligne que la plupart des textes votés n’ont pratiquement eu aucun impact sur les populations, comme cette loi fourre-tout sur le terrorisme. «Cette loi porte atteinte grave à l’intégrité du citoyen sans oublier celle concernant la magistrature où les députés ont voté pour le Président de la République.»
 
Faut-il légiférer pour le Président ou pour le peuple ? De l’avis de notre source, «le fait majoritaire a énormément pesé sur cette législature.» Une raison principale pour s’interroger à nouveau : «Alors, ces gens-là, ils font quoi à l’Assemblée nationale ? Car, ils ne savent même pas le contenu des textes qu’ils votent. Je donne l’exemple de la loi sur la baisse du loyer. Qui en a bénéficié ? Les députés ne le savent même pas. Ce qui est une aberration
 
Rappelant qu’ils (députés et personnels) travaillent neuf cents heures par session budgétaire, il ne comprend pas le fait que les députés votent systématiquement tous les budgets ministériels soumis à leur appréciation. Poursuivant, notre interlocuteur défend : «Le travail du député n’est pas forcément une compétence, mais un volontarisme. Par exemple, les assistants parlementaires produisent des documents-rapports sans que les députés n’en profitent au point de les exploiter. C’est dire qu’il n’y aucune initiative qui est prise par les députés qui ne savent pas pourquoi ils sont  à l’Assemblée nationale.»
 
Enfonçant le clou, il révèle que des experts «qui ne connaissent rien de la vie parlementaire sont recrutés, faisant allusion au ‘’Guide du député’’ qui est un document produit sans aucun contenu productif.» Ce qui fait dire à notre interlocuteur que «véritablement, le député élu, c’est un an de jouissance, deux ans de formation et deux ans pour préparer la sortie.»
 
Parlant du Questeur de l’Assemblée nationale, il indique qu’il n’a «jamais préparé un dossier sur le budget alors que le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale le lui impose.» Au total, c’est «l’opacité totale dans la gestion de plusieurs dossiers sans compter une pléthore de retraités que le vieux Niasse a préféré garder(Abdoulaye Mbow)
 
 
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