Les nuages s'amoncellent sur Bayrou qui doit finaliser son gouvernement

Mercredi 18 Décembre 2024

Le Premier ministre François Bayrou continue ses consultations mercredi en vue de former un gouvernement, une tâche qui se complique d'heure en heure entre les exigences de la gauche et du RN et la menace de LR de ne pas y rentrer.

 

Mardi, l'allié historique d'Emmanuel Macron qui a enfin décroché Matignon après quarante ans de vie politique a essuyé un vent de critiques venues de toute part pour avoir choisi d'assister au Conseil municipal de Pau plutôt que se consacrer à la gestion de la crise à Mayotte dévasté par un cyclone.

 

Mais aussi sur la manière dont il s'est justifié, en défendant le cumul des mandats puis en laissant entendre devant l'Assemblée nationale que Pau était "en France" alors que Mayotte est un département français.

Mercredi, les tourments sont venus d'ailleurs.

 

Alors que François Bayrou essaie de présenter une équipe resserrée d'environ 25 ministres avec des personnalités de gauche, du centre et de droite, selon des sources parlementaires, LR émet des conditions.

 

Le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, pressenti pour rester place Beauvau, a estimé mercredi que les conditions "ne sont pas réunies" pour qu'il reste au gouvernement.

 

Parlant au nom de son parti, il a expliqué que LR "essaiera de voir dans les jours prochains si un certain nombre d'obstacles sont levés". "Ce serait un comble que le gouvernement tire à gauche alors que la France, elle est à droite", a prévenu Bruno Retailleau qui a rencontré le Premier ministre pendant une heure dans la matinée.

 

Concernant la composition du gouvernement, le tir est également venu de l'extrême droite. Le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand ou l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne dans l'équipe, c'est non, pour la députée RN Laure Lavalette. Ils "n'incarnent pas la rupture" avec le macronisme souhaitée selon elle par les Français, a-t-elle justifié sur France Inter.

 

- Menaces de censure -

 

Au-delà, ce sont des menaces de plus en plus clairement énoncées de censure qui ont fait monter les enchères mercredi.

 

"Si François Bayrou ne tient pas compte des erreurs qu'a pu commettre Michel Barnier, tant sur la forme que sur le fond, il se dirigera lui aussi vers les mêmes conséquences, c'est à dire tôt ou tard vers une censure", a ainsi prévenu le vice-président du RN Sébastien Chenu.

 

Soufflant le chaud et le froid sur le président du Modem, qui entretient des relations cordiales avec Marine Le Pen, le parti frontiste commence à hausser le ton sur la préparation du budget, sans vouloir par ailleurs "accabler" François Bayrou dans l'intense polémique autour de son aller-retour à Pau.

 

Mais l'extrême droite n'est pas la seule mettre la pression sur Matignon.

 

François Bayrou, "jour après jour, heure après heure, est en train d'écrire le récit de sa propre censure", a ainsi estimé mercredi la patronne des Écologistes, Marine Tondelier, pour qui "les entrées en matière ratées, ça ne se rattrape pas".

 

"S'il vient pour nous proposer le même budget qu'avait proposé Monsieur Barnier, c'est-à-dire on change juste les personnes, mais on a les mêmes, les mêmes budgets, les mêmes difficultés pour les Français, nous censurons ce budget-là", a insisté le communiste Fabien Roussel, dont le groupe envisage de voter la censure dès la déclaration de politique générale le 14 janvier.

 

- A quand un gouvernement? -

 

Au milieu de chacun de ses obstacles se pose une autre inconnue: quand François Bayrou sera-t-il en mesure de présenter son gouvernement ?

 

"Il me semble que les échanges sont quand même très avancés", a estimé le président des députés Modem Marc Fesneau, un très proche du Premier ministre, alors que ce dernier a rencontré Emmanuel Macron deux fois mardi à ce sujet.

 

Une affirmation confirmée à l'AFP par une source proche de M. Bayrou, tout en reconnaissant que si la composante LR et Bruno Retailleau coince, "on s'engage mal".

 

Quoiqu'il en soit, ce ne sera a priori pas avant dimanche, le président de la République étant en déplacement à Bruxelles (conseil européen) mercredi, puis à Mayotte jeudi et enfin auprès des troupes françaises à Djibouti jusqu'à son retour dans l'hexagone dimanche matin.

 

Pour marquer sa différence avec son prédécesseur, le Premier ministre a reçu un par un les groupes parlementaire de l'Assemblée et du Sénat par ordre d'importance.

 

Tous lui ont demandé quelle serait sa feuille de route sans obtenir selon eux de réponse précise. [AFP]

 
Nombre de lectures : 108 fois