Des ampoules aux missiles guidés, en passant par les écrans plasma ou les smartphones, difficile de se passer des terres rares. En contrôlant plus de 90% de l'approvisionnement mondial de ces métaux indispensables à de nombreuses industries, Pékin détient une arme redoutable dans sa guerre commerciale contre Washington.
Que sont les terres rares?
Il s'agit d'un ensemble de 17 métaux essentiels aux technologies de pointe, que l'on retrouve dans les smartphones, les écrans plasma, les véhicules électriques mais aussi l'armement. Contrairement à ce que laisse entendre leur dénomination, les terres rares sont relativement abondantes mais leurs propriétés électromagnétiques -- particulièrement recherchées -- en font des «métaux stratégiques».
La Chine n'est pas seulement le premier producteur de terres rares au monde, elle en est aussi le premier raffineur et Washington dépend très largement du géant asiatique pour son approvisionnement.
Même les Etats-Unis exportent des terres rares vers la Chine pour y être transformées. Signe de la vulnérabilité américaine, les terres rares devraient être exclues des prochaines hausses de droits de douane visant la quasi-totalité des produits chinois aux Etats-Unis.
Pourquoi la Chine couperait-elle les exportations?
Les terres rares donnent à la Chine un énorme levier politique et économique face aux Etats-Unis. La guerre commerciale entre les deux géants s'est intensifiée depuis que l'administration Trump a interdit aux sociétés américaines de vendre des technologies à Huawei. Cette décision pourrait mettre en péril le numéro deux mondial des smartphones, bientôt privé d'un approvisionnement crucial en puces électroniques.
Si Pékin s'était jusque-là limité à des sous-entendus, le ton est brutalement devenu plus menaçant mardi. «Si quelqu'un veut utiliser des produits fabriqués à partir de nos exportations de terres rares pour freiner le développement de la Chine, alors je pense que (...) le peuple chinois sera mécontent», a mis en garde un responsable de la puissante agence de planification économique (NDRC).
L'impact sur les fabricants américains pourrait être désastreux. «La Chine pourrait provoquer la fermeture de presque toutes les chaînes de montage d'automobiles, d'ordinateurs, de smartphones et d'avions dans le monde si elle décidait d'imposer un embargo sur ces matériaux», prévenait la semaine dernière James Kennedy, président du cabinet ThREE Consulting, dans la revue spécialisée National Defense.
Y a-t-il des précédents?
En 2010, en représailles à un différend territorial, Pékin avait brutalement interrompu ses exportations de terres rares vers le Japon. Les entreprises de haute technologie de l'archipel, très dépendantes du voisin chinois, avaient été durement touchées. Pour protéger ses ressources menacées d'épuisement, la Chine avait par ailleurs instauré des quotas d'exportation. Les Etats-Unis, l'Union européenne et le Japon avaient porté l'affaire devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui leur a donné raison en 2014.
Pékin va-t-il mettre sa menace à exécution?
La Chine n'appuie peut-être pas encore sur la gâchette, parce que toute restriction aux exportations de terres rares pourrait déclencher une chasse aux sources alternatives. Malgré son quasi-monopole sur l'offre, la Chine n'est pas le seul pays à posséder d'importantes ressources.
Le Brésil et le Vietnam disposeraient chacun de gisements estimés à 22 millions de tonnes sur un total mondial de 120 millions, selon l'institut d'études géologiques américain (USGS). Les réserves de la Chine sont estimées à 44 millions de tonnes.
Pourquoi si peu de pays producteurs?
Jusqu'au milieu des années 80, les Etats-Unis dominaient la production mondiale. Mais avant de pouvoir être utilisés, ces métaux doivent être séparés et purifiés -- un processus très polluant.
En 2003, la mine de Mountain Pass en Californie - qui était alors la seule mine de terres rares aux États-Unis - a cessé sa production à la suite d'une catastrophe écologique. Elle a finalement été rouverte en 2011, après une flambée des prix des terres rares.
La Chine a accepté en revanche de «payer» le coût écologique de l'extraction et le raffinage des terres rares, ce qui explique sa domination du secteur, selon le courtier Aurel BGC. (ats/nxp)
Que sont les terres rares?
Il s'agit d'un ensemble de 17 métaux essentiels aux technologies de pointe, que l'on retrouve dans les smartphones, les écrans plasma, les véhicules électriques mais aussi l'armement. Contrairement à ce que laisse entendre leur dénomination, les terres rares sont relativement abondantes mais leurs propriétés électromagnétiques -- particulièrement recherchées -- en font des «métaux stratégiques».
La Chine n'est pas seulement le premier producteur de terres rares au monde, elle en est aussi le premier raffineur et Washington dépend très largement du géant asiatique pour son approvisionnement.
Même les Etats-Unis exportent des terres rares vers la Chine pour y être transformées. Signe de la vulnérabilité américaine, les terres rares devraient être exclues des prochaines hausses de droits de douane visant la quasi-totalité des produits chinois aux Etats-Unis.
Pourquoi la Chine couperait-elle les exportations?
Les terres rares donnent à la Chine un énorme levier politique et économique face aux Etats-Unis. La guerre commerciale entre les deux géants s'est intensifiée depuis que l'administration Trump a interdit aux sociétés américaines de vendre des technologies à Huawei. Cette décision pourrait mettre en péril le numéro deux mondial des smartphones, bientôt privé d'un approvisionnement crucial en puces électroniques.
Si Pékin s'était jusque-là limité à des sous-entendus, le ton est brutalement devenu plus menaçant mardi. «Si quelqu'un veut utiliser des produits fabriqués à partir de nos exportations de terres rares pour freiner le développement de la Chine, alors je pense que (...) le peuple chinois sera mécontent», a mis en garde un responsable de la puissante agence de planification économique (NDRC).
L'impact sur les fabricants américains pourrait être désastreux. «La Chine pourrait provoquer la fermeture de presque toutes les chaînes de montage d'automobiles, d'ordinateurs, de smartphones et d'avions dans le monde si elle décidait d'imposer un embargo sur ces matériaux», prévenait la semaine dernière James Kennedy, président du cabinet ThREE Consulting, dans la revue spécialisée National Defense.
Y a-t-il des précédents?
En 2010, en représailles à un différend territorial, Pékin avait brutalement interrompu ses exportations de terres rares vers le Japon. Les entreprises de haute technologie de l'archipel, très dépendantes du voisin chinois, avaient été durement touchées. Pour protéger ses ressources menacées d'épuisement, la Chine avait par ailleurs instauré des quotas d'exportation. Les Etats-Unis, l'Union européenne et le Japon avaient porté l'affaire devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui leur a donné raison en 2014.
Pékin va-t-il mettre sa menace à exécution?
La Chine n'appuie peut-être pas encore sur la gâchette, parce que toute restriction aux exportations de terres rares pourrait déclencher une chasse aux sources alternatives. Malgré son quasi-monopole sur l'offre, la Chine n'est pas le seul pays à posséder d'importantes ressources.
Le Brésil et le Vietnam disposeraient chacun de gisements estimés à 22 millions de tonnes sur un total mondial de 120 millions, selon l'institut d'études géologiques américain (USGS). Les réserves de la Chine sont estimées à 44 millions de tonnes.
Pourquoi si peu de pays producteurs?
Jusqu'au milieu des années 80, les Etats-Unis dominaient la production mondiale. Mais avant de pouvoir être utilisés, ces métaux doivent être séparés et purifiés -- un processus très polluant.
En 2003, la mine de Mountain Pass en Californie - qui était alors la seule mine de terres rares aux États-Unis - a cessé sa production à la suite d'une catastrophe écologique. Elle a finalement été rouverte en 2011, après une flambée des prix des terres rares.
La Chine a accepté en revanche de «payer» le coût écologique de l'extraction et le raffinage des terres rares, ce qui explique sa domination du secteur, selon le courtier Aurel BGC. (ats/nxp)