Liban: Aoun prêt au dialogue avec les manifestants, remaniement en vue?

Jeudi 24 Octobre 2019

BEYROUTH (Reuters) - Le président libanais Michel Aoun s'est dit prêt jeudi à relayer les doléances des manifestants qui protestent depuis huit jours contre la corruption des élites et réclament la démission du gouvernement.
 
Silencieux jusqu'ici face à un mouvement de contestation inédit au Liban, le chef de l'Etat s'est adressé à la nation lors d'un discours télévisé au cours duquel il n'a pas écarté un remaniement ministériel et concédé la nécessité de réformer le système économique actuel.
 
Un changement de régime, a-t-il toutefois souligné, ne se fait pas "dans les rues" mais à travers les institutions constitutionnelles.
 
Il s'est également dit "attaché à l'adoption de lois anti-corruption". "Demandez à vos députés de les voter, de sorte que tous les fonctionnaires soient légalement responsables et qu'il n'y ait pas de protection de qui que ce soit", a-t-il déclaré, selon son discours traduit de l'arabe.
 
"Nous avons réussi à ramener le Liban à une situation sûre et stable, mais les préoccupations économiques et financières demeurent", a reconnu Michel Aoun, appelant à changer "le modèle économique pour devenir productif et créer des emplois".
 
"J'assure les manifestants que je suis prêt à faire part de leurs préoccupations à leurs représentants et à écouter précisément leurs revendications", a-t-il conclu, avec ces mots : "Votre cri ne sera pas vain."
 
L'armée libanaise est intervenue pour la première fois mercredi pour tenter de lever les barrages sur les principales routes du pays, mais en vain.
 
"PERSONNE NE PEUT NÉGOCIER AU NOM DE LA RUE"
 
Des centaines de milliers de Libanais descendent quotidiennement dans les rues depuis une semaine pour clamer leur colère contre la corruption et la crise économique.
 
Ce soulèvement populaire a fait suite à l'annonce d'une nouvelle taxe, le 17 octobre, sur les appels via la messagerie WhatsApp, qui a été aussitôt annulée.
 
Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé lundi soir un plan de réformes qui n'a pas apaisé les manifestants.
 
Les contestataires écartaient dans leur ensemble jeudi la main tendue de Michel Aoun.
"Personne ne peut négocier au nom de la rue. Ils doivent répondre aux attentes des masses et la première de ces attentes est la démission du gouvernement", déclarait Basil Saleh, 39 ans.
Le chef du gouvernement a dit accueillir favorablement, sur Twitter, l'appel de Michel Aoun à un remaniement gouvernemental, "par des mécanismes constitutionnels".
 
Le leader druze Walid Joumblatt a estimé, sur Twitter également, que "la meilleure solution" était d'accélérer le processus de remaniement ministériel puis de convoquer des élections parlementaires.
 
L'Association des banques libanaises (ABL) a annoncé jeudi que les établissements du pays resteraient fermés pour le septième jour consécutif par mesure de sécurité et qu'ils ne rouvriraient qu'une fois la situation "stabilisée".
 
L'ABL précise dans un communiqué que les banques limiteront leurs opérations au paiement des salaires à la fin du mois via les distributeurs automatiques.
 
Les écoles restaient fermées et les routes bloquées. L'armée s'est engagée à ne pas recourir à la force pour rouvrir les artères à la circulation.
 
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