Liban: le Hezbollah accuse Ryad d'avoir contraint Hariri à la démission

Dimanche 5 Novembre 2017

Beyrouth - Le chef du Hezbollah libanais proiranien, Hassan Nasrallah, a accusé dimanche l'Arabie saoudite d'avoir contraint le Premier ministre Saad Hariri à la démission et affirmé regretter cette décision.

"Il est clair que la démission était une décision saoudienne qui a été imposée au Premier ministre Hariri. Ce n'était ni son intention, ni sa volonté, ni sa décision", a-t-il dit dans un discours retransmis à la télévision.

Samedi depuis Ryad, la capitale saoudienne, M. Hariri, un protégé de l'Arabie saoudite, a annoncé de manière inattendue sa démission en accusant le mouvement armé Hezbollah et son allié iranien de "mainmise" sur le Liban et en disant craindre pour sa vie.

"Nous n'avons pas souhaité cette démission", a réagi le chef du Hezbollah, dont le mouvement participe au gouvernement de M. Hariri depuis près d'un an.

Il a refusé de répondre directement aux accusations du Premier ministre démissionnaire car selon lui "il s'agit d'un texte saoudien". Il a toutefois qualifié leur contenu de "très dur".

En annonçant sa démission, le Premier ministre a affirmé que le Hezbollah avait imposé une situation de "fait accompli par la force de ses armes" et prévenu que la "main" de l'Iran serait "coupée" si elle s'ingérait davantage dans les affaires des pays arabes.

Pas de quoi s'inquiéter

Le chef du Hezbollah, qui est apparu calme, s'est interrogé sur le timing de la démission alors "que les choses se déroulaient normalement (...) au sein du gouvernement" libanais.

La démission surprise a fait immédiatement craindre que le Liban, pays profondément divisé entre un camp emmené par M. Hariri et un autre dirigé par le Hezbollah, ne plonge dans de nouvelles violences.

Mais le chef du parti chiite a appelé au "calme, à la patience et à attendre que les raisons (de la démission) se clarifient".

Il s'est également interrogé sur la situation même de M. Hariri, qui a annoncé sa démission depuis l'Arabie saoudite.

"Est-il assigné à résidence? Va-t-on le laisser retourner (au Liban)? Ce sont des inquiétudes légitimes", a-t-il dit, alors que l'annonce de la démission a coïncidé le jour même d'une purge sans précédent de princes, de ministres et d'hommes d'affaires en Arabie saoudite dans une opération anticorruption.

D'après lui, M. Hariri serait attendu au Liban "jeudi", "si on lui permet de revenir".

Une source à la présidence de la République a indiqué à l'AFP que le président Michel Aoun attendrait le retour de M. Hariri pour se prononcer sur cette démission.

Le Hezbollah est considéré comme une organisation "terroriste" par l'Arabie saoudite. Il est aussi un très proche allié de l'Iran chiite, puissance régionale rivale de l'Arabie saoudite sunnite.

Il est le seul parti libanais à avoir gardé ses armes après la fin de la guerre civile (1975-1990).

M. Nasrallah a minimisé les risques de violences entre camps libanais rivaux et même d'une nouvelle guerre entre son parti et son ennemi juré, Israël.

"Nous appelons (...) à ne pas prêter oreille aux discours alarmistes (...) à ne pas s'inquiéter. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter", a-t-il précisé. "Nous réagirons avec responsabilité et calme (...) nous sommes soucieux de la sécurité" du Liban.

D'après lui, "Israël ne s'embarquera pas dans une guerre contre le Liban à moins de garantir une guerre rapide, décisive et pas coûteuse".

Israël et le parti chiite se sont livré en 2006 une guerre destructrice au Liban. Depuis des mois, des dirigeants israéliens menacent de s'en prendre dans le cas d'un nouveau conflit au Hezbollah et aux infrastructures civiles libanaises. (AFP)
 
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