Il y a quelques jours, le résumé que faisait l'éditeur Simon & Schuster du livre The Room Where It Happened, A White House Memoir (La pièce où c’est arrivé, mémoires de la Maison-Blanche) dépeignait un président qui agissait dans toute sa politique étrangère comme il l'avait fait avec l'Ukraine.
Dans des articles publiés mercredi, le Washington Post, le New York Times, le Wall Street Journal et CNN, qui ont obtenu une copie du livre de 592 pages dont la sortie est prévue le 23 juin, ont mis de la chair autour de l'os.
John Bolton écrit entre autres qu'en marge du sommet du G20 au Japon, en 2019, Donald Trump a lié les négociations commerciales avec Pékin à sa réélection en demandant au président chinois, Xi Jinping, d'acheter du blé et du soja américains pour l'aider à gagner le vote des États agricoles.
Selon les médias américains, le livre donne d'autres exemples de requêtes formulées à des leaders autoritaires, qui par ailleurs ne se gênaient pas, poursuit M. Bolton, pour essayer de manipuler Donald Trump à leurs fins.
Ils font appel à ses obsessions, comme son animosité envers sa rivale démocrate lors de la présidentielle de 2016, Hillary Clinton, ou profitent de sa sensibilité à la flatterie, décrit celui qui a collaboré avec président Trump d'avril 2018 à septembre 2019 avant d'être congédié.
John Bolton affirme avoir été si préoccupé par la volonté du président américain à rendre des faveurs aux dirigeants autoritaires comme le président Xi ou le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qu'il a organisé une rencontre avec le procureur général, Bill Barr.
Il donne en exemple une conversation entre le président Trump et son homologue chinois sur les camps de concentration dans le Xinjiang pour la minorité ouïgoure. Selon notre interprète, Trump a dit que Xi devait continuer à construire ces camps [parce qu'il] pensait que c'était exactement la bonne chose à faire, illustre-t-il.
Donald Trump aurait aussi promis au président Erdogan, qui intercédait pour la fermeture d'une enquête sur une entreprise turque menée par des procureurs de New York, qu'il s'en occuperait et que le problème serait résolu quand les gens d'Obama seraient remplacés par les siens.
John Bolton parle même d'un modèle posant l'obstruction à la justice comme mode de vie.
Au cours d'une entrevue exclusive accordée à ABC News et dont des extraits ont été diffusés en soirée mercredi, John Bolton soutient que l'ignorance du président et son refus d'apprendre sur les enjeux rendent la situation très difficile pour l'Amérique.
Invité en soirée par Fox News à livrer sa réaction à la 17e minute d'une entrevue accordée à Fox News sur les révélations-chocs relayées par les médias, Donald Trump a assuré qu'aucun président n’avait été plus dur que [lui] face à la Russie et la Chine.
Les deux hommes, aux antipodes sur la question iranienne et dans le dossier des négociations avec les talibans, en Afghanistan, s'étaient quittés en mauvais termes.
Figure controversée, John Bolton, un néoconservateur, est reconnu comme un faucon partisan des interventions militaires.
Sa description dévastatrice du président fait écho à celle d'autres livres sur Donald Trump. Ceux-ci ont cependant été écrits par des journalistes ou des collaborateurs du président Trump, mais jamais aussi haut placés dans la hiérarchie.
Escalade devant les tribunaux
En soirée, l'administration Trump a réclamé à un tribunal fédéral une audience d'urgence vendredi pour qu'il étudie sa demande d'ordonnance de non-publication temporaire ainsi qu'une injonction préliminaire visant à bloquer la distribution du livre.
La divulgation du manuscrit portera atteinte à la sécurité nationale des États-Unis, argue l'administration Trump, avançant qu'il contient des informations confidentielles.
La bataille juridique s'est ainsi intensifiée par rapport à la veille, alors que le département de la Justice avait plutôt demandé de saisir les recettes du livre et de retarder la publication, plaidant que le processus d'approbation du manuscrit n'était pas terminé.
L'éditeur Simon & Schuster a qualifié la requête déposée mercredi d'exercice frivole, politiquement motivé et futile, faisant valoir que des centaines de milliers d'exemplaires avaient déjà été distribués aux États-Unis et ailleurs dans le monde. L'injonction demandée par le gouvernement ne servirait à rien, a-t-il assuré.
En janvier, la Maison-Blanche avait déjà interdit à l'ancien conseiller du président de publier le livre tel quel au nom de la sécurité nationale. L'éditeur assure que des changements ont été apportés.
Retour sur l'Ukraine
John Bolton revient en outre sur les événements qui ont mené à l'enquête, puis au procès en destitution en lien avec le dossier ukrainien, confirmant les accusations des démocrates et les témoignages livrés.
Il profite au passage de l'occasion pour reprocher aux démocrates d'avoir restreint leur enquête à l’Ukraine, comme si c'était le comportement pour lequel Donald Trump était l'exception plutôt que la règle.
L'issue du procès aurait pu être fort différente s'ils n'avaient pas eu peur de ratisser plus large, affirme celui qui a pourtant refusé de témoigner devant la Chambre des représentants à l'automne 2019.
John Bolton avait averti qu'il se tournerait vers les tribunaux s'il recevait une assignation à comparaître, puis s'était ravisé lorsque la procédure avait abouti devant le Sénat.
Le Sénat, à majorité républicaine, n'avait pas jugé bon de le faire témoigner, même si le New York Times avait publié, en plein procès, des extraits du manuscrit alléguant que le gel de l'aide militaire à l'Ukraine était lié aux demandes du président pour que le pays annonce des enquêtes sur les démocrates.
Sans surprise, le président Trump avait été acquitté au terme d'un procès expéditif.
Bolton est peut-être un auteur, mais ce n'est pas un patriote, a réagi sur Twitter le représentant démocrate Adam Schiff, qui menait les travaux de l'enquête en destitution, reprochant à John Bolton d'avoir refusé de témoigner.
Ses allégations [...] démontrent encore que la conduite passible de destitution de Trump à l'égard de l'Ukraine s'inscrivait dans un schéma clair : la recherche de bénéfices politiques personnels auprès de puissances étrangères. L'histoire jugera les républicains. Durement, a-t-il écrit.
Le candidat démocrate à la présidence pressenti, Joe Biden, qui était au centre des demandes d'enquête du président républicain, a renchéri sur Twitter : Si ce que John Bolton rapporte est vrai, ce n'est pas seulement moralement répugnant, c'est aussi une violation du devoir sacré de Donald Trump envers le peuple américain de protéger les intérêts de l'Amérique et de défendre nos valeurs.
Un président ignorant, impulsif et manipulable
John Bolton déplore un comportement fondamentalement inacceptable qui érode la légitimité même de la présidence.
Il dresse le portrait d'un président ignorant, erratique, sensible à la flatterie et obsédé par sa réélection et évoque des collaborateurs tentés de démissionner, oscillant en coulisses entre moqueries et angoisse.
Selon le Washington Post, Donald Trump a demandé si la Finlande faisait partie de la Russie. Il aurait de plus été étonné d'apprendre que le Royaume-Uni était une puissance nucléaire.
Il remettait en question les motivations des gens, voyait des conspirations partout et était étonnamment mal informé sur la façon de diriger la Maison-Blanche, et à plus forte raison l'énorme gouvernement fédéral, écrit John Bolton.
Selon le Washington Post, même ses collaborateurs les plus proches, dont le secrétaire d'État, Mike Pompeo, le critiquent lorsqu'il a le dos tourné.
Lors de la rencontre de Donald Trump avec le leader de la Corée du Nord, Kim Jong-un en 2018, M. Pompeo, un des plus fidèles alliés du président, aurait ainsi transmis en douce à M. Bolton une note disant : Il est tellement plein de merde.
Découragé par une conversation entre le président Trump et son homologue nord-coréen, Mike Pompeo aurait en outre dit à M. Bolton qu'il était en train d'avoir une crise cardiaque.
Été chaud en perspective
Il semble que les portraits peu flatteurs du président se multiplieront à l'aube de la présidentielle de novembre.
Simon & Schuster publiera également cet été le livre de Mary Trump, la nièce du président américain, Too Much and Never Enough : How My Family created the World's Most Dangerous Man (Trop et jamais assez: comment ma famille a créé l'homme le plus dangereux du monde).
Le compte rendu qu’en a fait l’éditeur promet un livre révélateur sur l’une des familles les plus puissantes et dysfonctionnelles du monde.
En septembre, le même éditeur publiera le deuxième livre du légendaire journaliste d'enquête Bob Woodward sur l'administration Trump. Son livre précédent, Peur : Trump à la Maison-Blanche, publié en 2018, traçait le portrait d'un président inculte, colérique et paranoïaque. (radio-canada)
Dans des articles publiés mercredi, le Washington Post, le New York Times, le Wall Street Journal et CNN, qui ont obtenu une copie du livre de 592 pages dont la sortie est prévue le 23 juin, ont mis de la chair autour de l'os.
John Bolton écrit entre autres qu'en marge du sommet du G20 au Japon, en 2019, Donald Trump a lié les négociations commerciales avec Pékin à sa réélection en demandant au président chinois, Xi Jinping, d'acheter du blé et du soja américains pour l'aider à gagner le vote des États agricoles.
Selon les médias américains, le livre donne d'autres exemples de requêtes formulées à des leaders autoritaires, qui par ailleurs ne se gênaient pas, poursuit M. Bolton, pour essayer de manipuler Donald Trump à leurs fins.
Ils font appel à ses obsessions, comme son animosité envers sa rivale démocrate lors de la présidentielle de 2016, Hillary Clinton, ou profitent de sa sensibilité à la flatterie, décrit celui qui a collaboré avec président Trump d'avril 2018 à septembre 2019 avant d'être congédié.
John Bolton affirme avoir été si préoccupé par la volonté du président américain à rendre des faveurs aux dirigeants autoritaires comme le président Xi ou le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qu'il a organisé une rencontre avec le procureur général, Bill Barr.
Il donne en exemple une conversation entre le président Trump et son homologue chinois sur les camps de concentration dans le Xinjiang pour la minorité ouïgoure. Selon notre interprète, Trump a dit que Xi devait continuer à construire ces camps [parce qu'il] pensait que c'était exactement la bonne chose à faire, illustre-t-il.
Donald Trump aurait aussi promis au président Erdogan, qui intercédait pour la fermeture d'une enquête sur une entreprise turque menée par des procureurs de New York, qu'il s'en occuperait et que le problème serait résolu quand les gens d'Obama seraient remplacés par les siens.
John Bolton parle même d'un modèle posant l'obstruction à la justice comme mode de vie.
Au cours d'une entrevue exclusive accordée à ABC News et dont des extraits ont été diffusés en soirée mercredi, John Bolton soutient que l'ignorance du président et son refus d'apprendre sur les enjeux rendent la situation très difficile pour l'Amérique.
Invité en soirée par Fox News à livrer sa réaction à la 17e minute d'une entrevue accordée à Fox News sur les révélations-chocs relayées par les médias, Donald Trump a assuré qu'aucun président n’avait été plus dur que [lui] face à la Russie et la Chine.
Les deux hommes, aux antipodes sur la question iranienne et dans le dossier des négociations avec les talibans, en Afghanistan, s'étaient quittés en mauvais termes.
Figure controversée, John Bolton, un néoconservateur, est reconnu comme un faucon partisan des interventions militaires.
Sa description dévastatrice du président fait écho à celle d'autres livres sur Donald Trump. Ceux-ci ont cependant été écrits par des journalistes ou des collaborateurs du président Trump, mais jamais aussi haut placés dans la hiérarchie.
Escalade devant les tribunaux
En soirée, l'administration Trump a réclamé à un tribunal fédéral une audience d'urgence vendredi pour qu'il étudie sa demande d'ordonnance de non-publication temporaire ainsi qu'une injonction préliminaire visant à bloquer la distribution du livre.
La divulgation du manuscrit portera atteinte à la sécurité nationale des États-Unis, argue l'administration Trump, avançant qu'il contient des informations confidentielles.
La bataille juridique s'est ainsi intensifiée par rapport à la veille, alors que le département de la Justice avait plutôt demandé de saisir les recettes du livre et de retarder la publication, plaidant que le processus d'approbation du manuscrit n'était pas terminé.
L'éditeur Simon & Schuster a qualifié la requête déposée mercredi d'exercice frivole, politiquement motivé et futile, faisant valoir que des centaines de milliers d'exemplaires avaient déjà été distribués aux États-Unis et ailleurs dans le monde. L'injonction demandée par le gouvernement ne servirait à rien, a-t-il assuré.
En janvier, la Maison-Blanche avait déjà interdit à l'ancien conseiller du président de publier le livre tel quel au nom de la sécurité nationale. L'éditeur assure que des changements ont été apportés.
Retour sur l'Ukraine
John Bolton revient en outre sur les événements qui ont mené à l'enquête, puis au procès en destitution en lien avec le dossier ukrainien, confirmant les accusations des démocrates et les témoignages livrés.
Il profite au passage de l'occasion pour reprocher aux démocrates d'avoir restreint leur enquête à l’Ukraine, comme si c'était le comportement pour lequel Donald Trump était l'exception plutôt que la règle.
L'issue du procès aurait pu être fort différente s'ils n'avaient pas eu peur de ratisser plus large, affirme celui qui a pourtant refusé de témoigner devant la Chambre des représentants à l'automne 2019.
John Bolton avait averti qu'il se tournerait vers les tribunaux s'il recevait une assignation à comparaître, puis s'était ravisé lorsque la procédure avait abouti devant le Sénat.
Le Sénat, à majorité républicaine, n'avait pas jugé bon de le faire témoigner, même si le New York Times avait publié, en plein procès, des extraits du manuscrit alléguant que le gel de l'aide militaire à l'Ukraine était lié aux demandes du président pour que le pays annonce des enquêtes sur les démocrates.
Sans surprise, le président Trump avait été acquitté au terme d'un procès expéditif.
Bolton est peut-être un auteur, mais ce n'est pas un patriote, a réagi sur Twitter le représentant démocrate Adam Schiff, qui menait les travaux de l'enquête en destitution, reprochant à John Bolton d'avoir refusé de témoigner.
Ses allégations [...] démontrent encore que la conduite passible de destitution de Trump à l'égard de l'Ukraine s'inscrivait dans un schéma clair : la recherche de bénéfices politiques personnels auprès de puissances étrangères. L'histoire jugera les républicains. Durement, a-t-il écrit.
Le candidat démocrate à la présidence pressenti, Joe Biden, qui était au centre des demandes d'enquête du président républicain, a renchéri sur Twitter : Si ce que John Bolton rapporte est vrai, ce n'est pas seulement moralement répugnant, c'est aussi une violation du devoir sacré de Donald Trump envers le peuple américain de protéger les intérêts de l'Amérique et de défendre nos valeurs.
Un président ignorant, impulsif et manipulable
John Bolton déplore un comportement fondamentalement inacceptable qui érode la légitimité même de la présidence.
Il dresse le portrait d'un président ignorant, erratique, sensible à la flatterie et obsédé par sa réélection et évoque des collaborateurs tentés de démissionner, oscillant en coulisses entre moqueries et angoisse.
Selon le Washington Post, Donald Trump a demandé si la Finlande faisait partie de la Russie. Il aurait de plus été étonné d'apprendre que le Royaume-Uni était une puissance nucléaire.
Il remettait en question les motivations des gens, voyait des conspirations partout et était étonnamment mal informé sur la façon de diriger la Maison-Blanche, et à plus forte raison l'énorme gouvernement fédéral, écrit John Bolton.
Selon le Washington Post, même ses collaborateurs les plus proches, dont le secrétaire d'État, Mike Pompeo, le critiquent lorsqu'il a le dos tourné.
Lors de la rencontre de Donald Trump avec le leader de la Corée du Nord, Kim Jong-un en 2018, M. Pompeo, un des plus fidèles alliés du président, aurait ainsi transmis en douce à M. Bolton une note disant : Il est tellement plein de merde.
Découragé par une conversation entre le président Trump et son homologue nord-coréen, Mike Pompeo aurait en outre dit à M. Bolton qu'il était en train d'avoir une crise cardiaque.
Été chaud en perspective
Il semble que les portraits peu flatteurs du président se multiplieront à l'aube de la présidentielle de novembre.
Simon & Schuster publiera également cet été le livre de Mary Trump, la nièce du président américain, Too Much and Never Enough : How My Family created the World's Most Dangerous Man (Trop et jamais assez: comment ma famille a créé l'homme le plus dangereux du monde).
Le compte rendu qu’en a fait l’éditeur promet un livre révélateur sur l’une des familles les plus puissantes et dysfonctionnelles du monde.
En septembre, le même éditeur publiera le deuxième livre du légendaire journaliste d'enquête Bob Woodward sur l'administration Trump. Son livre précédent, Peur : Trump à la Maison-Blanche, publié en 2018, traçait le portrait d'un président inculte, colérique et paranoïaque. (radio-canada)