Loi sur la sécurité : des milliers de manifestants dans les rues de plusieurs villes de France

Samedi 12 Décembre 2020

Les deux dernières manifestations s’étaient soldés par de violents incidents et affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants qualifiés « d’ultras » ou de « casseurs » par les autorités, en particulier à Paris.
 
Lancée à l’initiative d’un collectif de syndicats, d’associations ou de mouvements politiques de gauche, cette nouvelle journée de mobilisation s’est déroulée sous très forte présence policière, notamment à Paris, pour éviter la répétition des incidents violents.
 
Dans la capitale, les forces de l’ordre ont encadré au plus près les milliers de manifestants — 10 000 selon les organisateurs — et procédé à plus d’une centaine d’interpellations, selon le ministère de l’Intérieur.
 
Cette vague importante d’arrestations a suscité des tensions dans le défilé parisien mais aucun incident majeur n’y avait été signalé en fin d’après-midi.
 
À Lyon (est), où la préfecture a recensé quelque 2000 manifestants, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour riposter à des jets de projectiles. Tout comme à Lille (nord), où quelques grenades lacrymogènes ont été tirées pour disperser le cortège en fin de défilé.
 
D’autres manifestations rassemblant à chaque fois autour d’un millier de personnes ont eu lieu à Montpellier, Marseille, Toulouse (sud) ou Strasbourg (est).  
 
Réunis derrière une banderole proclamant « stop aux lois liberticides, stop islamophobie », les manifestants parisiens ont dénoncé les textes de loi du gouvernement comme les violences policières en reprenant régulièrement le slogan « tout le monde déteste la police ».
 
« On ne peut pas rester chez soi face à ce qui se passe actuellement dans le pays, et qui est grave. Le gouvernement légifère à tour de bras, il n’y a aucun contrôle parlementaire, et réduit nos libertés texte après texte », a indiqué à l’AFP Christophe, un professeur de philosophie de l’art de 47 ans.
 
Adoptée par les députés, la proposition de loi Sécurité globale suscite depuis des semaines de vives critiques de la part de la gauche, des journalistes et des ONG de défense des libertés.
 
Est notamment visé, l’article 24 qui pénalise la diffusion malveillante d’images des forces de l’ordre.
 
Le texte est accusé par ses détracteurs de porter atteinte aux libertés de la presse, d’expression et de manifester « et d’instaurer » des outils de surveillance de masse « . Ces critiques ont été renforcées par le passage à tabac filmé d’un producteur de musique noir par des policiers, le 21 novembre.
 
Face au tollé provoqué par l’article 24, le gouvernement a finalement laissé au parlement le soin de trouver une nouvelle formulation alors que le texte doit passer devant le Sénat en janvier.
 
Début décembre, dans une entrevue Emmanuel Macron avait prôné l’apaisement, en dénonçant à la fois les violences de certains policiers et celles commises contre les forces de l’ordre.
 
Les manifestants de samedi ont également montré leur opposition à un autre texte de loi contre le séparatisme dénoncé par certains à gauche comme « stigmatisant des musulmans », et qui vise à renforcer la lutte contre l’islamisme radical, dans la foulée de l’attentat djihadiste au cours duquel un professeur, Samuel Paty, a été décapité. (AFP)
 
 
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