Loukachenko prête serment, l'opposition descend dans la rue

Mercredi 23 Septembre 2020

Alexandre Loukachenko a prêté serment mercredi pour un nouveau mandat à la tête de l’État lors d’une cérémonie d’investiture condamnée par l’opposition, qui est descendue dans la rue.
 
La cérémonie, d’ordinaire présentée comme un événement majeur dans l’ancienne république soviétique, n’avait pas été annoncée au préalable.
 
Pavel Latouchko, membre de l’opposition biélorusse, a qualifié la cérémonie de “rencontre de voleurs” secrète.
 
“Où sont les citoyens qui jubilent ? Où est le corps diplomatique ?”, a-t-il dit sur les réseaux sociaux. “Il est évident qu’Alexandre Loukachenko n’est que le président de l’Omon [la police anti-émeute] et d’une poignée de menteurs.”
 
En fin de journée, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue, brandissant pour certains le drapeau rouge et blanc de l’opposition.
 
“Si vous avez eu 80%, pourquoi avez-vous peur de nous”, demande une pancarte brandie par un contestataire en référence au score qu’Alexandre Loukachenko prétend avoir obtenu lors de l’élection présidentielle du 9 août.
 
Les forces de l’ordre ont répondu avec des canons à eau à ces rassemblements, faisant plusieurs blessés selon l’agence de presse russe Interfax. RIA, une autre agence, rapporte pour sa part l’arrestation de plus de 10 personnes.
 
La main droite sur la Constitution, le président biélorusse avait juré un peu plus tôt “de servir le peuple de la République de Biélorussie, de respecter et de sauvegarder les droits et libertés de l’homme et du citoyen”.
 
Le dirigeant de 66 ans, qui a été réélu le 9 août dernier, a déclaré que son pays avait besoin de sécurité alors qu’il craint d’être frappé par une crise mondiale, référence apparente à la pandémie de coronavirus.
“Je ne peux pas, je n’ai pas le droit d’abandonner les Biélorusses”, a-t-il affirmé.
 
“UNE TELLE FARCE”
 
L’opposition biélorusse, qui refuse de reconnaître la victoire d’Alexandre Loukachenko, selon elle entachée d’irrégularités, manifeste depuis sa réélection pour réclamer son départ. Le chef de l’État est au pouvoir depuis 1994.
 
Anaïs Marin, rapporteure spéciale de l’Onu sur les droits de l’homme en Biélorussie, a récemment estimé que plus de 10.000 personnes avaient été “abusivement arrêtées” et a fait état de plus de 500 signalement d’actes de torture.
 
Alexandre Loukachenko a jusqu’à présent résisté à la vague de contestation grâce, notamment, au soutien de Vladimir Poutine. Le président russe a annoncé le 14 septembre dernier que la Russie allait accorder un prêt de 1,5 milliard de dollars (1,26 milliard d’euros) à la Biélorussie.
 
La présence de dirigeants étrangers à la cérémonie d’investiture d’Alexandre Loukachenko n’aurait néanmoins pas été envisagée, selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
 
“Une telle farce”, a commenté sur Twitter le ministre lituanien des Affaires étrangères Linas Linkevicius au sujet de la cérémonie. “Oubliez les élections (...) Son illégitimité est un fait avec toutes les conséquences que cela implique.”
 
Le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères Steffen Seibert a déclaré que l’Allemagne ne reconnaissait toujours pas, en dépit de son investiture, la réélection d’Alexandre Loukachenko.
 
Berlin souhaite désormais convenir le plus rapidement possible de sanctions de l’Union européenne contre la Biélorussie. (Reuters)
 
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