Macky draine du monde: et après ?

Lundi 18 Février 2019

Certains partisans de Macky, assumés ou couverts par le seau de la fausse neutralité, croient tellement au pouvoir de fraude de leur candidat qu’ils ne doutent de sa victoire...technique.
 
Cette conviction fixée, il leur faut trouver les arguments objectifs pour la faire partager. Ainsi, les “foules immenses” drainées par Macky seraient le signe annonciateur de sa victoire. Rien de plus léger !
 
Macky a eu 1 630 000 voix aux dernières législatives. Des Sénégalais qui ont voté pour lui pour plusieurs raisons. Qui s’attendait à ce qu’aujourd’hui, en pleine campagne, il traîne seul ?
 
Je ne pense pas qu’il ait déjà réuni dans un de ses meetings départementaux (la plus petite circonscription administrative où il mobilise, précision importante) plus de 80 000 personnes, C’est-à-dire le 1/20eme de son électorat potentiel. Au regard de son pouvoir financier indéniable, ces mobilisations sont de l’ordre du normal. 
 
Les mobilisations du Président Abdoulaye WADE en 2012 en sont une preuve qui, à coup sûr, rappellent à l’homme Macky la réalité du suffrage au milieu du Brouhaha des foules. Lui qui mobilisait moins que WADE, au premier tour, avait pourtant gagné au deuxième tour.
 
Sauf que...
 
L’élection du 24 février ne se gagne pas parce que l’on a mobilisé plus que ses concurrents. C’est par le vote qu’il se gagne.
 
Fort heureusement, il est plus facile de voter que de participer à une manifestation politique. Lester MILBRATH, dressant le bilan de 20 ans d’enquêtes, a spécifié pour la sociologie politique ce que MASLOW a établi généralement pour les sciences sociales: Voter est le comportement politique le plus accessible. Il est le moins coûteux derrière l’exposition à l’information politique. Il coute moins de voter que de « commencer une discussion politique ». Assister à un meeting politique est un effort considérable que beaucoup ne veulent fournir.
 
Il faudra à Macky, pour gagner, avoir la moitié des électeurs au premier tour. Il ne lui suffit pas simplement d’avoir plus de voix que les autres. Non ! Ce n’est pas du “Raw-Gaddu”. Il lui faut, au moins, la moitié des voix.
 
La masse qui assure la victoire est bien au-delà des mobilisations politiques qui sont, certes, bonnes pour le moral du candidat et la propagande. La victoire se trouve entre les mains de cette majorité de Sénégalais dont les voix comptent autant que ceux de leurs compatriotes qui ont “le temps et l’énergie de la mobilisation”.
  
Le taux de transformation 
 
Alors, le problème du taux de transformation se pose à deux niveaux. 
Premièrement: quelle proportion de sympathisants  un candidat peut mobiliser pour un meeting (intensité des convictions et pouvoir financier/logistique) ?
 
Deuxièmement: Quelle proportion de ceux qui sont favorables à un candidat feront l’effort d’aller voter ?
 
Il est clair que le deuxième taux de transformation demande moins d’engagement. Il est plus accessible. Il est le terreau du dilemme de Pascal.
 
Fort heureusement pour les candidats de l’opposition. Malheureusement pour Macky.
 
Mouhamadou Lamine Bara LO
 
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