Macron a une Assemblée à sa main pour réformer la France

Dimanche 18 Juin 2017

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a remporté dimanche une large majorité aux élections législatives, qui lui permettra de mener ses réformes sans autres obstacles que d'éventuelles contestations dans la rue et blocages des sénateurs pour des réformes constitutionnelles.
 
La majorité présidentielle devrait compter plus de 350 députés, loin devant Les Républicains, premier parti d'opposition dont des candidats avaient annoncé qu'ils soutiendraient certaines réformes portées par le chef de l'Etat.
 
L'abstention dépasse 56%, un record pour des législatives sous la Ve République, ce vote clôturant une longue série de scrutins depuis la primaire de la droite en novembre.
 
Les six membres du gouvernement qui jouaient leur place lors de ce second tour l'ont, au moins pour l'instant sauvée, en remportant leur circonscription, alors qu'un remaniement est annoncé pour les prochains jours par l'entourage du président.
 
Selon cet entourage, le Premier ministre, Edouard Philippe, sera reconduit après sa démission, traditionnelle après des élections législatives, et de nouveaux secrétaires d'Etat devraient être nommés dans des ministères ayant besoin de troupes supplémentaires, probablement notamment à Bercy.
 
Prié de dire si des ministres pourraient partir ou changer de poste, dans le contexte des difficultés rencontrées par Richard Ferrand (Cohésion des territoires) et François Bayrou (Justice), l'entourage du chef de l'Etat a répondu qu'une telle décision appartiendrait au président et au Premier ministre.
 
"AGIR POUR LA FRANCE"
"La victoire est claire et elle nous oblige", a déclaré Edouard Philippe dimanche soir. "Cette majorité aura une mission : agir pour la France." Il a évoqué "une ardente obligation de réussir", fait part de sa "détermination totale" et de son souhait d'accueillir toutes les bonnes volontés.
 
Edouard Philippe a demandé aux ministres une feuille de route sur les actions qu'ils entendent mener et utilisera ces textes pour son discours de politique générale.
 
Ces résultats et estimations sont moins favorables au camp d'Emmanuel Macron que les projections réalisées après le premier tour, qui le voyaient dépasser largement les 400 députés.
 
A côté de la foule des députés de La République en Marche et ses alliés du MoDem, les partis qui ont dominé la vie politique depuis des décennies sont durement touchés. La coalition de droite LR-UDI serait réduite à environ 130 députés et celle du PS et de ses alliés à une cinquantaine. La France insoumise et les communistes obtiendraient quant à eux une trentaine de députés et le Front national moins de dix.
 
Les Républicains, qui viennent de passer cinq ans dans l'opposition, risquent d'être divisés entre ceux qui veulent soutenir au moins en partie l'action de l'exécutif et les opposants résolus. Ils étaient 199 dans l'Assemblée sortante.
 
Les Républicains auront un groupe "suffisamment important pour faire valoir nos convictions" mais devront entamer leur reconstruction, a dit leur chef de file pour les législatives, François Baroin.
 
MÉLENCHON EN CHEF DE LA "RÉSISTANCE"
Les socialistes et leurs alliés devraient connaître les mêmes tiraillements entre opposition et soutien à l'exécutif. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a reconnu une "déroute" et annoncé sa démission.
 
Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a été élu, tout comme la présidente du Front national, Marine Le Pen. "Nous sommes la seule force de résistance à la dilution de la France, de son modèle social et de son identité", a-t-elle déclaré.
 
L'ouverture de la XVe législature aura lieu le mardi 27 juin à 15h00, avec l'élection à bulletins secrets du président de l'Assemblée nationale pour une durée de cinq ans.
 
Emmanuel Macron et Edouard Philippe vont pouvoir comme ils le souhaitent mener rapidement des réformes contestées.
 
La réforme du droit du travail, probablement la plus dangereuse pour le gouvernement, doit selon l'exécutif passer par des ordonnances et donc une loi d'habilitation. Le projet de loi doit être présenté au conseil des ministres le 28 juin et au Parlement durant l'été.
 
Selon Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise "appellera le pays le moment venu à une résistance sociale". "J'informe le nouveau pouvoir que pas un mètre du terrain du droit social ne lui sera cédé sans lutte", a-t-il dit.
 
L'exécutif affrontera également moins d'opposition parlementaire pour le projet de loi sur le terrorisme et la sécurité, très critiqué par les syndicats de magistrats.
 
Même si la victoire est large, "aucun risque d'absolutisme", avait assuré Emmanuel Macron, alors que ses adversaires brandissaient la menace d'une majorité toute puissante. Au second tour, les Français "n'ont pas voulu faire un chèque en blanc, ils n'ont pas voulu donner de blanc-seing", a dit le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
 
Les six ministres et secrétaires d'Etat candidats, Annick Girardin, Christophe Castaner, Richard Ferrand, Bruno Le Maire, Mounir Mahjoubi et Marielle de Sarnez l'ont emporté.
Le premier tour, dimanche dernier, avait déjà été marqué par une abstention record (51,3%).
 
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