Macron endosse ses habits de président "en retrait"

Mardi 10 Septembre 2024

"Le président préside, le gouvernement gouverne" : pour sa première sortie de terrain depuis la nomination de Michel Barnier à Matignon, Emmanuel Macron a appliqué à la lettre mardi la nouvelle devise de l'exécutif, inaugurant, tout en retenue, une usine de vaccins du groupe Sanofi.

 

Pas de grand discours, pas d'annonces, pas d'échange avec la presse : le chef de l'Etat, très isolé depuis la dissolution de l'Assemblée et le séisme politique qui a suivi, a endossé ses habits de président en retrait, laissant, une fois n'est pas coutume, le nouveau Premier ministre de droite en première ligne.

 

"Parfum de cohabitation", "coexistence exigeante": l'Elysée a promis une nouvelle ère après la défaite du camp présidentiel aux législatives, alors que les macronistes, associés aux Républicains, s'apprêtent à être reconduits au gouvernement.

 

Il y a une "volonté de changement et d'alternance", assure-t-on, même si beaucoup s'interrogent sur la capacité du chef de l'Etat à prendre du recul et à ne plus empiéter sur le gouvernement après sept ans d'hyperprésidence.

 

Pour ce déplacement hautement symbolique, Emmanuel Macron avait choisi d'inaugurer une usine de vaccins et biomédicaments innovante à Neuville-sur-Saône (Rhône) près de Lyon.

 

Il est arrivé seul sur le site qui représente un investissement de 500 millions d'euros de Sanofi et de l'Etat.

 

Aucun ministre ne l'accompagnait alors que Michel Barnier poursuit ses consultations pour tenter de trouver une majorité la plus stable possible et former un gouvernement.

 

- "Ambition" et "constance" -

 

Cette "usine du futur", présentée comme unique au monde, va permettre de produire jusqu’à quatre vaccins simultanément et de reconfigurer les lignes de production en quelques semaines pour en fabriquer d'autres en cas de besoin.

 

Traditionnellement, de telles usines disposent de bâtiments dédiés à une technologie ou un produit et tout changement nécessite "plusieurs mois voire plusieurs années", a relevé le groupe.

 

Ce nouveau site permettra ainsi "d'augmenter rapidement la production d’un vaccin en cas de pandémie", assure Sanofi.

 

"On ne fait de grandes choses qu’en étant fidèle à son histoire", "de l'ambition il en faut, vous en avez eu et nous en avons eu à vos cotés", a déclaré Emmanuel Macron, en soulignant la capacité de Sanofi à se "réinventer".

 

"Cela suppose cette constance et cette persévérance (..) ne pas bouger d’une actualité l’autre, d’une vague l'autre", a ajouté le chef de l'Etat, comme en écho à l'actualité.

 

L'investissement, annoncé par le président de la République en pleine crise du Covid en juin 2020 quand l'Europe manquait de vaccins, va assurer la "souveraineté sanitaire" de la France, a souligné l'Elysée.

 

Sanofi, qui avait raté le virage des vaccins à ARN messager lors de la pandémie de Covid-19, se positionne ainsi de nouveau dans la course à l'innovation.

 

- Olympiade des métiers -

 

Dans la foulée, le chef de l'Etat, ardent défenseur de l'apprentissage, a assisté à la cérémonie d'ouverture des Worldskills 2024, une sorte d'olympiade pour les jeunes des métiers de la construction, des arts créatifs, des technologies ou de la logistique dans une Arena surchauffée à Lyon.

 

Chine, Canada, Indonésie, Jamaïque, France, Afrique du sud, Suisse ... plus de 70 pays et régions y participent après des sélections nationales.

 

Retrouvant ses élans des Jeux olympiques, le président Macron est allé booster le moral de l'équipe de France, accompagné cette fois des ministres sortantes Nicole Belloubet et Catherine Vautrin ainsi que de l'ex-Premier ministre Jean Castex, parrain de l'équipe.

 

Après Lyon, Emmanuel Macron, qui entend se recentrer sur son rôle de "garant" des institutions et d'"abritre", assistera mercredi à la cérémonie de rentrée du Conseil d’Etat.

 

C'est la Première ministre Elisabeth Borne qui avait fait le déplacement en 2022 et 2023.

 

Jeudi, retour à la politique toute ? Il se rendra au Havre, ville de son ancien Premier ministre et candidat à sa succession Edouard Philippe, pour célébrer les 80 ans de la libération de la ville.

 

« Ça se passera très bien, je vous le garantis", a assuré M. Philippe pour démentir la fraîcheur, notoire, de leurs relations. [AFP]

 
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