Macron engrange, Fillon résiste et Le Pen tient

Mercredi 8 Mars 2017

PARIS (Reuters) - A 46 jours du premier tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron a continué mercredi d'engranger les ralliements mais est plus que jamais la cible numéro un de ses adversaires, tandis qu'une nouvelle campagne commence pour François Fillon.
 
La candidate du Front national, Marine Le Pen, talonnée par le candidat d'"En Marche !" et présentée comme un repoussoir par ses adversaires, fait pour sa part toujours la course en tête dans les intentions de vote pour le premier tour.
 
"On entre dans une nouvelle étape de la campagne, pas seulement parce que celle de François Fillon se stabilise mais aussi parce qu'on va arriver à un mois du premier tour", estime François Miquet-Marty, directeur de l'institut Viavoice.
 
"Les électeurs commencent à se projeter sur la capacité des uns et des autres à exercer la fonction présidentielle et à gouverner, moins sur l'opinion que l'on a des uns et des autres", a ajouté cet analyste.
 
Toujours sous la menace d'une possible mise en examen dans l'affaire des emplois fictifs présumés dont aurait profité sa famille, mais débarrassé de l'hypothèque d'un éventuel "plan B" pour le remplacer après le renoncement d'Alain Juppé, François Fillon a préservé son socle d'environ 20% d'intentions de vote.
 
Un étiage "extrêmement bas" reconnaît cependant son nouveau porte-parole, le député LR Damien Abad, pour qui le risque est que l'électorat de droite ne croie plus à la victoire.
 
"Il n'y a rien de pire parce qu'alors on a des stratégies de fuite en avant", explique-t-il. "Donc, pour nous, l'enjeu des prochains jours est de montrer que la victoire est possible."
 
François Fillon s'est attelé au défi de refaire l'unité de son camp, mise à mal par l'annonce la semaine passée de sa convocation par des juges le 15 mars.
 
"DÉPASSER MARINE LE PEN"
L'Union des démocrates et indépendants (UDI), qui avait alors suspendu sa participation à sa campagne, a finalement confirmé mardi son accord électoral avec LR mais subordonné son soutien au candidat à des gestes concrets.
 
 
Les "affaires" n'ont, au demeurant, sans doute pas fini de peser sur la suite de la campagne.
Damien Abad ne cache pas que le 15 mars sera un autre moment difficile, que le candidat devra mieux gérer que les épisodes précédents pour éviter que cela soit "un nouveau soubresaut".
 
En attendant, le patron des députés LR, Christian Jacob, a invité le Parquet national financier à se pencher sur des soupçons de "favoritisme" dévoilés par le Canard enchaîné à propos d'une soirée de gala à laquelle Emmanuel Macron a participé à Las Vegas en janvier 2016.
 
Une manœuvre de "diversion", dénonce l'entourage de l'ex-ministre de l'Economie, qui dit n'avoir rien à voir avec les "dysfonctionnements" auxquels a pu donner lieu cet événement.
 
L'objectif pour Emmanuel Macron est désormais de dépasser Marine Le Pen dans les sondages pour lui ravir la première place, a confié à Radio Classique l'ancien ministre "chiraquien" Jean-Paul Delevoye, aujourd'hui pilier d'"En Marche !"
 
La dirigeante d'extrême droite a redoublé ses attaques contre l'ex-ministre de l'Economie, qu'elle a qualifié mercredi sur RTL de "pur produit du système bancaire", de "candidat de la mondialisation sauvage" et de "l'immigration massive".
 
Au même moment, l'ancien maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë, qui voit en lui le seul candidat capable d'empêcher la présidente du Front national, d'accéder au pouvoir en mai, annonçait son soutien à Emmanuel Macron.
 
RALLIEMENTS
Le candidat socialiste, Benoît Hamon, dont la campagne peine à décoller, a fait contre mauvaise fortune bon cœur.
 
"L'ancien maire de Paris soutient Emmanuel Macron mais l'actuelle maire de Paris Anne Hidalgo soutient Benoît Hamon", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Public Sénat.
 
Mais le candidat socialiste ne retient plus ses coups contre son adversaire d'"En Marche !", qu'il a qualifié mardi soir de "chimère", accusé de "manquer du plus élémentaire sens social" et d'accélérer la montée en puissance du FN.
 
Comme Bertrand Delanoë et Benoît Hamon, François Hollande a insisté mercredi sur la "menace de l'extrême droite". Mais Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, a assuré qu'il ne fallait pas y voir un quelconque "feu vert".
 
Plusieurs membres du gouvernement penchent ouvertement, sans officialiser encore leur soutien, vers Emmanuel Macron.
 
"Il y a des ministres importants qui soutiennent Benoît Hamon", réplique Aurélie Filippetti, elle-même ex-membre du gouvernement, aujourd'hui porte-parole du candidat socialiste.
 
Elle cite Axelle Lemaire, Matthias Fekl, Najat Vallaud-Belkacem, Emmanuelle Cosse, Laurence Rossignol : "Ce sont tous des jeunes, le renouvellement est en marche de notre côté."
 
Mais dans la course aux ralliements, Benoît Hamon, issu de la gauche du PS, accuse un net retard sur Emmanuel Macron, qui balaye presque tout le spectre politique, hors des extrêmes.
 
Il a ainsi enregistré ces jours-ci des soutiens allant de l'ultra-libéral Alain Madelin aux anciens élus communistes Robert Hue et Patrick Braouezec.
 
"Nous avons des contacts avec la totalité des composantes de la droite, y compris des gens proches de M. Sarkozy", a aussi fait valoir Jean-Paul Delevoye.
 
Pour François Miquet-Marty, il est cependant "bien trop tôt pour considérer que l'on s'achemine forcément vers un deuxième tour Macron-Le Pen, le sondeur estimant que l'électorat potentiel du candidat d'"En Marche !" reste le plus friable.
 
Nombre de lectures : 134 fois