Macron et le gouvernement "confiants" avant une rentrée houleuse

Mardi 29 Aout 2017

PARIS (Reuters) - L’exécutif est confiant et serein avant une rentrée qu’il sait délicate, a déclaré lundi Edouard Philippe (photo), à quelques jours du premier mouvement social du quinquennat et de l’annonce d’économies draconiennes sur fond de chute dans les sondages.
 
Les prochaines semaines doivent permettre de tenir les promesses de campagne d’Emmanuel Macron et de “résorber les difficultés qui nous minent depuis 25 ans”, a ajouté le Premier ministre après le séminaire de rentrée du gouvernement.
 
“Nous avons confiance. Nous avons confiance dans le fait que le pays a besoin de transformations et que les Français le savent”, a-t-il dit devant les journalistes.
 
“Le débat public, c’est un exercice parfois délicat” quand on réforme le pays, a-t-il ajouté. “Notre conviction, c’est que nous pouvons le faire, que nous allons le faire. Nous abordons cette rentrée avec confiance, je dirais même avec une grande sérénité, avec une très grande détermination.”
 
En ouvrant le séminaire à l’Elysée, Emmanuel Macron a lui-même souligné que “certains prédisent le pire”.
 
Sa cote de popularité a plongé de 14 points en août, après une chute de dix points en juillet, pour s’établir à 40% de bonnes opinions, dans le baromètre Ifop-JDD.
 
Pour Emmanuel Macron, “les vraies difficultés arrivent, les vrais risques de rupture avec l’opinion publique se présentent”, souligne Gaël Sliman, président de l’institut de sondages Odoxa.
 
RÉFORMES À RISQUES, ÉCONOMIES DRACONIENNES
 
Jeudi sera une étape importante, avec la présentation des ordonnances modifiant le droit du travail, dont le contenu pourrait décider certains syndicats à emboîter le pas à la CGT, qui appelle à manifester le 12 septembre.
 
Sans attendre cette date, le syndicat Solidaires compte déclencher une première salve mercredi, en marge de l’université d’été du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines).
 
La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon organise quant à elle une journée d’action le 23 septembre et les principaux syndicats étudiants, Fage et Unef, n’excluent pas de manifester.
 
Selon un sondage Odoxa pour RTL publié lundi, 63% des Français ne font pas confiance au président et au gouvernement pour réformer le droit du travail.
 
Huit français sur dix pensent que la réforme aboutira à un mouvement de contestation sociale généralisée.
 
Diminution des budgets en cours d’exercice, rabotage des aides au logement, gel du point d’indice des fonctionnaires, rétablissement pour eux d’un jour de carence et report à l’automne 2018 d’une partie de la baisse des cotisations ne sont qu’un avant-goût des mesures d’économies à venir.
 
Le gouvernement présentera les 27 et 28 septembre les projets de budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale, dans lesquels il prévoit de réaliser une vingtaine de milliards d’euros d’économies.
 
Après la réforme du droit du travail seront engagées celles de l’assurance chômage et des retraites, deux autres chantiers à risque.
 
“Gouverner et préparer un budget, c’est choisir. Et choisir, c’est parfois difficile”, a dit Edouard Philippe. “Notre objectif est simple, c’est de commencer à réparer le pays.”
 
PARLER AUX FRANÇAIS
 
Entre le séminaire et le conseil des ministres de mercredi, le président sera de nouveau plongé dans les dossiers européens et internationaux.
 
Il recevait lundi après-midi la chancelière Angela Merkel, le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, les présidents nigérien et tchadien, Mahamadou Issoufou et Idriss Deby, et le Premier ministre libyen, Fayez Seraj, pour parler migrations.
 
Mardi, il s'adressera aux ambassadeurs de France, avant de rencontrer à Luxembourg les Premiers ministres luxembourgeois et belge, Xavier Bettel et Charles Michel.
 
Déjà retenu loin de France la semaine dernière par une tournée en Europe centrale et orientale de trois jours, le chef de l'Etat réfléchit à une façon de s'adresser aux Français et pourrait prendre la parole très prochainement.
 
"Il considère qu'on parle quand on a quelque chose à dire (...), quand le moment est pertinent, utile, quand il y a un moment politique. Là, on est dans un moment utile", explique-t-on dans son entourage
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