PARIS (Reuters) - La France est en première ligne de la contre-offensive face aux populismes mais sa défense des droits de l‘Homme est inégale, tant aux niveaux intérieur qu‘international, estime le directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW).
La présentation du rapport annuel de l‘organisation sur la situation des droits de l‘Homme dans le monde se déroule jeudi à Paris, ville choisie cette année pour sa valeur symbolique après Washington l‘an dernier en réaction à l’élection de Donald Trump.
“Par de nombreux aspects, Paris est l’épicentre” de cette “contre-offensive”, estime Ken Roth (photo), directeur exécutif de l‘ONG, qui salue la campagne électorale d‘Emmanuel Macron comme la preuve qu’“il n’était pas nécessaire d’émuler l‘extrême droite afin de la vaincre”.
“Le défi pour Macron est désormais de gouverner selon les principes avec lesquels il a fait campagne. Et honnêtement le bilan est mitigé”, tempère l‘ancien procureur américain dans une interview à Reuters.
Au niveau intérieur, il pointe du doigt la loi antiterroriste entrée en vigueur le 1er novembre en relai de l’état d‘urgence, pour les atteintes aux libertés qu‘elle institue selon lui dans le droit commun, mais aussi la mise en oeuvre des lois migratoires.
“En matière d‘immigration, le bilan est mitigé”, renchérit Roth.
Il salue le discours de fermeté du chef de l‘Etat, qui a appelé mardi à Calais les forces de l‘ordre à l‘exemplarité et a mis en avant le travail d‘alerte de HRW.
Après la publication l’été dernier d‘un rapport de HRW, les inspections générales de l‘administration ont conclu à de “plausibles” manquements et à un usage disproportionné de gaz lacrymogène lors d‘interventions contre des migrants à Calais.
Mais la volonté de raccourcir les délais d‘instruction des demandes d‘asile et l‘introduction de contrôles administratifs des migrants dans les centres d‘hébergement d‘urgence suscitent les critiques de l‘organisation.
“Les centres d‘hébergement doivent rester des sanctuaires et les lois sur l‘immigration doivent être appliquées ailleurs”, estime Ken Roth.
Au niveau européen, il appelle à une refonte du règlement de Dublin, selon lequel la demande d‘asile doit être traitée dans le pays d‘arrivée, au profit d‘une répartition plus juste des responsabilités, ainsi qu’à l‘arrêt des retours forcés de migrants en Libye, menés selon lui par les gardes-côtes libyens avec l‘aval de l‘Italie et de l‘Union européenne.
LA FRANCE EN PREMIÈRE LIGNE
Sur le plan international, au titre “des grandes puissances qui ont traditionnellement défendu les droits de l‘Homme et que nous pouvons compter comme alliés, les Etats-Unis ont largement disparu - Trump n‘est pas un défenseur crédible des droits de l‘Homme, le Royaume-Uni se préoccupe du Brexit et joue un rôle bien moins actif”, décrit Ken Roth.
Il qualifie en outre Donald Trump de “désastre” pour la promotion des droits de l‘Homme, ses discours enhardissant selon lui des gouvernements aux pratiques discutables. “Il semble avoir ce désir insatiable de s‘associer à des personnes gouvernant sans les freins et contrepoids de la démocratie”, dit-il.
“En Europe, il reste donc la France et l‘Allemagne, et (Angela) Merkel a été une voix très importante, mais elle s‘occupe pour le moment (...) de bâtir une coalition de gouvernement et beaucoup de choses pèsent désormais sur les épaules du président Macron”, poursuit-il.
A son crédit, Ken Roth note l‘attitude de la France face à la Russie de Vladimir Poutine, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, la Hongrie de Viktor Orban et le Venezuela de Nicolas Maduro.
Mais “le président n‘est pas encore à l‘aise avec la défense des droits de l‘Homme quand cette dernière a un coût”, fustige Ken Roth, notant son silence sur les violations des droits de l‘Homme lors de sa visite en Chine, son manque de soutien au lancement d‘une enquête internationale au Yémen, et son refus de donner “des leçons” au président égyptien Abdel Fattah al Sissi.
“C‘est facile de défendre les droits de l‘Homme quand c‘est gratuit, (...) mais quand il y a des contrats chinois ou saoudiens en jeu, la potentielle aide de l‘Egypte contre le terrorisme, en matière de stabilité régionale ou sur le problème des migrants, là Emmanuel Macron s‘est montré plus réticent sur la défense des droits de l‘Homme”.
Si la France et l‘Allemagne peinent parfois à “être à la hauteur”, de plus petits pays ont émergé, note Ken Roth. Il cite notamment l‘impulsion décisive des Pays-Bas pour l‘ouverture d‘une enquête internationale au Yémen.
Le rapport de HRW passe en revue la situation des droits de l‘Homme dans 90 pays du monde. En Chine et en Russie, le directeur de l‘ONG dénonce “une vague de répression sans précédent en une génération”.
Les deux pays ont en commun, dit-il, “un dirigeant qui, plutôt que d’écouter le peuple, plutôt que de permettre aux personnes de s‘assurer que le gouvernement les sert, cherche à les réduire au silence pour servir son propre maintien au pouvoir”.
La présentation du rapport annuel de l‘organisation sur la situation des droits de l‘Homme dans le monde se déroule jeudi à Paris, ville choisie cette année pour sa valeur symbolique après Washington l‘an dernier en réaction à l’élection de Donald Trump.
“Par de nombreux aspects, Paris est l’épicentre” de cette “contre-offensive”, estime Ken Roth (photo), directeur exécutif de l‘ONG, qui salue la campagne électorale d‘Emmanuel Macron comme la preuve qu’“il n’était pas nécessaire d’émuler l‘extrême droite afin de la vaincre”.
“Le défi pour Macron est désormais de gouverner selon les principes avec lesquels il a fait campagne. Et honnêtement le bilan est mitigé”, tempère l‘ancien procureur américain dans une interview à Reuters.
Au niveau intérieur, il pointe du doigt la loi antiterroriste entrée en vigueur le 1er novembre en relai de l’état d‘urgence, pour les atteintes aux libertés qu‘elle institue selon lui dans le droit commun, mais aussi la mise en oeuvre des lois migratoires.
“En matière d‘immigration, le bilan est mitigé”, renchérit Roth.
Il salue le discours de fermeté du chef de l‘Etat, qui a appelé mardi à Calais les forces de l‘ordre à l‘exemplarité et a mis en avant le travail d‘alerte de HRW.
Après la publication l’été dernier d‘un rapport de HRW, les inspections générales de l‘administration ont conclu à de “plausibles” manquements et à un usage disproportionné de gaz lacrymogène lors d‘interventions contre des migrants à Calais.
Mais la volonté de raccourcir les délais d‘instruction des demandes d‘asile et l‘introduction de contrôles administratifs des migrants dans les centres d‘hébergement d‘urgence suscitent les critiques de l‘organisation.
“Les centres d‘hébergement doivent rester des sanctuaires et les lois sur l‘immigration doivent être appliquées ailleurs”, estime Ken Roth.
Au niveau européen, il appelle à une refonte du règlement de Dublin, selon lequel la demande d‘asile doit être traitée dans le pays d‘arrivée, au profit d‘une répartition plus juste des responsabilités, ainsi qu’à l‘arrêt des retours forcés de migrants en Libye, menés selon lui par les gardes-côtes libyens avec l‘aval de l‘Italie et de l‘Union européenne.
LA FRANCE EN PREMIÈRE LIGNE
Sur le plan international, au titre “des grandes puissances qui ont traditionnellement défendu les droits de l‘Homme et que nous pouvons compter comme alliés, les Etats-Unis ont largement disparu - Trump n‘est pas un défenseur crédible des droits de l‘Homme, le Royaume-Uni se préoccupe du Brexit et joue un rôle bien moins actif”, décrit Ken Roth.
Il qualifie en outre Donald Trump de “désastre” pour la promotion des droits de l‘Homme, ses discours enhardissant selon lui des gouvernements aux pratiques discutables. “Il semble avoir ce désir insatiable de s‘associer à des personnes gouvernant sans les freins et contrepoids de la démocratie”, dit-il.
“En Europe, il reste donc la France et l‘Allemagne, et (Angela) Merkel a été une voix très importante, mais elle s‘occupe pour le moment (...) de bâtir une coalition de gouvernement et beaucoup de choses pèsent désormais sur les épaules du président Macron”, poursuit-il.
A son crédit, Ken Roth note l‘attitude de la France face à la Russie de Vladimir Poutine, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, la Hongrie de Viktor Orban et le Venezuela de Nicolas Maduro.
Mais “le président n‘est pas encore à l‘aise avec la défense des droits de l‘Homme quand cette dernière a un coût”, fustige Ken Roth, notant son silence sur les violations des droits de l‘Homme lors de sa visite en Chine, son manque de soutien au lancement d‘une enquête internationale au Yémen, et son refus de donner “des leçons” au président égyptien Abdel Fattah al Sissi.
“C‘est facile de défendre les droits de l‘Homme quand c‘est gratuit, (...) mais quand il y a des contrats chinois ou saoudiens en jeu, la potentielle aide de l‘Egypte contre le terrorisme, en matière de stabilité régionale ou sur le problème des migrants, là Emmanuel Macron s‘est montré plus réticent sur la défense des droits de l‘Homme”.
Si la France et l‘Allemagne peinent parfois à “être à la hauteur”, de plus petits pays ont émergé, note Ken Roth. Il cite notamment l‘impulsion décisive des Pays-Bas pour l‘ouverture d‘une enquête internationale au Yémen.
Le rapport de HRW passe en revue la situation des droits de l‘Homme dans 90 pays du monde. En Chine et en Russie, le directeur de l‘ONG dénonce “une vague de répression sans précédent en une génération”.
Les deux pays ont en commun, dit-il, “un dirigeant qui, plutôt que d’écouter le peuple, plutôt que de permettre aux personnes de s‘assurer que le gouvernement les sert, cherche à les réduire au silence pour servir son propre maintien au pouvoir”.