Macron semble prêt à prendre du temps sur la réforme, selon la CGT

Mardi 23 Mai 2017

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron semble prêt à prendre un peu plus de temps que prévu pour réformer le droit du travail, a déclaré le secrétaire général de la CGT, à l'issue d'un entretien avec le chef de l'Etat qui recevait mardi les partenaires sociaux avant d'engager une série de mesures sociales controversées.
 
"Le calendrier a l'air d'avoir bougé", a dit Philippe Martinez aux journalistes. "J'ai cru comprendre que l'agenda rapide qui était prévu n'est pas aussi rapide que ce que j'avais pu comprendre, l'échéance de fin août et du 1er septembre [a] l'air plus floue, mais, après, c'est lui qui décide."
 
Reçu avant lui à l'Elysée, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, avait pressé Emmanuel Macron, qui avait dit vouloir boucler ce dossier social au pas de charge, d'éviter toute précipitation.
 
Le chef de l'Etat, qui recevait ensuite Jean-Claude Mailly (FO), devait aussi rencontrer Pierre Gattaz (Medef), François Asselin (CPME), Alain Griset (U2P), François Hommeril (CFE-CGC) et Philippe Louis (CFTC).
 
"Le président de la République m'a semblé à la fois déterminé à mettre en place ce qu'il avait annoncé (...) mais je l'ai senti aussi à l'écoute", a dit Laurent Berger aux journalistes après la rencontre, à l'Elysée.
 
"Je lui ai demandé que la méthode ne soit pas à la hussarde, qu'il n'y ait pas une forme de précipitation qui ferait qu'il y aurait d'ici à la fin de l'été, fin août, le sentiment qu'il faudrait avoir tout réglé", a-t-il ajouté.
 
Tenir ce calendrier, "c'est juste impossible et ça ne laisserait pas le temps suffisant à la nécessaire concertation sur des sujets lourds", a encore déclaré Laurent Berger.
 
Avec le chef de l'Etat, a dit Philippe Martinez, "on a quelques différences d'appréciation sur beaucoup de sujets, que ce soit la question des retraites, de la protection sociale, du code du travail évidemment".
 
"ON N'A PAS LE DROIT DE BLOQUER LA FRANCE"
Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, avait auparavant estimé sur France 2 qu'il fallait "que les syndicats entendent la nécessité de faire bouger les lignes".
 
"Nous savons quel est notre objectif, mais par contre le texte n'est pas écrit, les textes ne sont pas écrits. Il est important qu'il y ait ce niveau de dialogue avec le président de la République et dès demain avec le Premier ministre et la ministre du Travail", a-t-il souligné.
 
Edouard Philippe et Muriel Pénicaud recevront les partenaires sociaux dans les prochains jours pour déterminer le calendrier de la concertation sur cette réforme.
 
Emmanuel Macron veut présenter durant l'été un projet de loi d'habilitation pour pouvoir, par ordonnances, simplifier le droit du travail, décentraliser la négociation sociale en donnant plus de place aux accords majoritaires d'entreprises et de branches, et encadrer les décisions des prud'hommes.
 
Des promesses de campagne vues comme un casus belli par certains syndicats, qui avaient livré en 2016 une longue bataille dans la rue contre la réforme du droit du travail menée par le gouvernement de François Hollande.
 
"Si on cherche à faire une loi qui rassure tout le monde et donne raison à tout le monde, (...) il n'y aura pas de texte", a prévenu le porte-parole du gouvernement, selon qui il faut aller "vite", une loi mettant deux ans pour être mise en oeuvre.
 
AU COEUR DU PROJET PRÉSIDENTIEL
"Il faut empêcher tout blocage. On n'a pas le droit de bloquer la France parce qu'on n'est pas d'accord avec telle ou telle mesure, surtout quand elle était au coeur du projet présidentiel d'Emmanuel Macron", a-t-il ajouté.
 
Le chef de l'Etat souhaite, dans un second temps, réformer l'assurance chômage pour que tous les travailleurs puissent en bénéficier et pour donner plus de place à l'Etat dans son pilotage, une idée que les syndicats voient aussi avec méfiance.
 
Si le Medef souhaite que la réforme du droit du travail soit mise en oeuvre le plus rapidement possible, la CGT a promis de s'y opposer si l'exécutif restait sourd à ses revendications.
 
Le nouveau président français a fait de cette réforme une priorité du début de son quinquennat, au même titre que la relance de la construction européenne.
 
"Le travail sera libéré, les entreprises seront soutenues, l'initiative sera encouragée", a-t-il promis lors de son premier discours de président de la République, le 14 mai.
 
Le président et ses proches revendiquent le fait que les entreprises doivent parfois détruire des emplois et qu'il faut donc que les responsables politiques cessent de vouloir systématiquement tenter de sauver les postes sous la pression des syndicats et des médias.
 
Plutôt que de préserver des emplois qui seraient condamnés, ils jugent qu'il faut à la fois favoriser la création d'autres emplois et protéger davantage les personnes, notamment en améliorant le système de formation professionnelle.
 
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