Manifestation tendue à Beyrouth contre le gouvernement

Samedi 8 Aout 2020

Les forces de sécurité libanaises ont tiré samedi des gaz lacrymogènes en direction de manifestants qui tentaient de franchir le périmètre de sécurité entourant le Parlement pour exprimer leur colère contre les autorités.
 
Quatre jours après l’explosion qui a ravagé le port et plusieurs quartiers de Beyrouth, près de 7.000 manifestants se sont massés sur la place des Martyrs, haut lieu de la contestation libanaise.
 
Certains d’entre eux ont jeté des projectiles vers les policiers qui barraient l’accès à une rue menant vers la Chambre des députés, a constaté un journaliste de Reuters.
Des ambulances se sont précipitées sur les lieux. Un adolescent a été victime d’un malaise après avoir inhalé des gaz lacrymogènes.
 
Des patrouilles militaires ont également été déployées dans le secteur.
“Le peuple veut la chute du régime”, scandaient certains des manifestants, brandissant des pancartes réclamant le départ des “assassins”.
 
“Nous voulons un avenir, de la dignité, nous ne voulons pas que le sang des victimes de l’explosion soit gâché”, a expliqué Rose Sirour, présente dans les rangs des manifestants.
 
De fausses potences en bois ont été érigées. “La démission ou la pendaison”, peut-on lire sur une pancarte.
 
La déflagration de mardi a tué 158 personnes et en a blessé au moins 6.000 autres. On compte toujours 21 disparus, selon le dernier bilan communiqué par les autorités. La catastrophe a aussi ramené la capitale libanaise, aux rues jonchées de gravats, des années en arrière, comme au plus fort de la guerre civile (1975-1990).
 
“CLIQUE DE CORROMPUS”
 
“Nous n’avons aucune confiance en notre gouvernement”, a commenté Céline Dibo, une étudiante, tout en nettoyant les taches de sang qui souillent les murs de l’immeuble qui abrite son appartement. “J’aimerais tant que les Nations unies prennent le Liban en charge.”
 
Un peu plus loin, Maryse Hayek, une Beyroutine de 48 ans, dit son impression de vivre “à ‘ground zero’”, comme à New York après les attentats du 11 septembre 2001. “J’espère qu’un autre pays va nous prendre en charge. Nos dirigeants ne sont qu’une clique de corrompus”, déplore-t-elle.
 
Selon le Premier ministre et la présidence libanaise, quelque 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium, un matériau qui entre à la fois dans la composition d’engrais et d’explosifs, ont été stockées pendant six ans dans un hangar du port de Beyrouth sans véritables mesures de sécurités.
 
Le chef de l’Etat, Michel Aoun, a annoncé vendredi que l’enquête étudierait la piste de la négligence mais aussi celle de l’attentat ou de l’intervention extérieure, écartant au passage la demande d’enquête internationale réclamée jeudi par Emmanuel Macron, son homologue français. Vingt personnes ont pour l’heure été interpellées, a dit le chef d’Etat libanais.
 
La France co-organisera dimanche une visioconférence réunissant les donateurs afin de coordonner l’aide internationale, a fait savoir l’Elysée ce samedi.
 
Les dégâts matériels se chiffrent en milliards de dollars - une estimation de 15 milliards a été avancé par les autorités -, un montant que le Liban, qui ploie déjà sous une montagne de dette excédant 150% de son PIB, ne pourra financer seul. (Reuters)
 
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