Les officiels chinois ne font pas mystère des raisons qui poussent ces entreprises à jeter leur dévolu sur le Maroc. « Essentiellement en raison de ses accords de libre-échange avec les Etats-Unis et l’Union européenne », répond l’ambassadeur de Chine à Rabat, Li Changlin, qui l’avoue sans détour.
« Pendant longtemps, le Maroc était comme une curiosité pour les entreprises chinoises, mais la relation entre Pékin et Rabat est entrée dans une nouvelle ère », alors que Washington et Bruxelles, accusant la Chine de dumping, ont décidé cet été d’augmenter les taxes sur les importations chinoises de véhicules et de batteries électriques...
Entre le Maroc et la Chine, la complémentarité affichée n’est pas qu’une affaire de développement. Comme Pékin, Rabat s’accorde à promouvoir le multilatéralisme, la non-ingérence et le respect de l’intégrité territoriale. En l’espèce, la diplomatie marocaine soutient la politique d’une seule Chine et se garde de toute critique sur le sort réservé aux Ouïgours, ces musulmans turcophones de la région autonome du Xinjiang, dont plus d’un million sont ou ont été les victimes d’une politique d’internement massif...
Loin de la situation qui prévaut dans de nombreux pays africains, criblés de dettes et plongés dans une situation de dépendance vis-à-vis de leurs créanciers chinois, la relation entre le Maroc et la Chine est « avant tout pragmatique », souligne Yahia Zoubir.
Sans remettre en cause la coopération avec ses partenaires traditionnels, que sont la France, l’Espagne, les Etats-Unis et plus récemment Israël, le Maroc poursuit en définitive avec Pékin la diversification de ses alliances, comme il le fait avec Moscou, même sur le plan militaire. [Le Monde]