En se rendant en Israël, où elle a souligné que rien ne doit empêcher" le pays "de se défendre" dans la guerre face au Hamas, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a suscité dimanche une polémique à gauche que Jean-Luc Mélenchon a enflammée par sa virulence.
Depuis un hôtel de Tel-Aviv dimanche, après s'être rendue sur des lieux des attaques meurtrières du Hamas palestinien, la titulaire du perchoir a non seulement souligné que la France soutenait "pleinement Israël" mais aussi que "rien ne doit empêcher" le pays "de se défendre".
Alors que plusieurs milliers de personnes se rassemblaient en faveur des Palestiniens dans plusieurs villes de France, son déplacement en compagnie du patron du parti LR Eric Ciotti, du député des Français de l'étranger Meyer Habib (apparenté LR), et de Mathieu Lefèvre (Renaissance), président du groupe d'amitié France-Israël, a été vivement fustigé à gauche.
En pointe de cette contestation, Jean-Luc Mélenchon, qui a accusé Mme Braun-Pivet de "camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre" à Gaza. "Pas au nom du peuple français!", a protesté le leader de La France Insoumise sur le réseau social X, en postant une vidéo de la manifestation parisienne.
Des termes cinglants qui ont à leur tour immédiatement provoqué la controverse, les ministres Marc Fesneau et Oliver Dussopt évoquant à l'unisson à "un tweet de la honte".
"Voici le message subliminal de Jean-Luc Mélenchon : désigner les Juifs comme le parti de l'étranger et de la guerre", s'est indigné le président du Crif Yonathan Arfi, dénonçant "une rhétorique antisémite", quand la Licra a épinglé "un antisémitisme électoral".
Le malaise a également gagné les rangs socialistes, la députée Valérie Rabault ciblant des "accusations (...) abjectes".
"La collaboration, 80 ans plus tard", a pour sa part écrit sur X le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez.
Le voyage de Mme Braun-Pivet avait été critiqué auparavant dans des termes plus choisis par le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, parlant d'une "faute politique majeure".
LFI entend "demander des comptes sur ce sujet" lundi à l'Assemblée nationale, durant le débat sur la situation au Proche-Orient entre le gouvernement et les groupes politiques.
Le chef du Parti socialiste Olivier Faure a aussi reproché à Mme Braun-Pivet d'avoir "parlé de soutien inconditionnel à Israël" et épinglé la présence d'Eric Ciotti et Meyer Habib, des "faucons, sur une ligne sans nuance", selon lui.
- "Pas opportun" -
L'entourage de Yaël Braun-Pivet avait indiqué à l'AFP que le PS et le Parti communiste avaient été conviés pour ce déplacement mais n'avaient pas donné suite, ce que les deux formations politiques confirment.
"Nous avons décliné car nous avons demandé que cette délégation porte un message dénonçant également les bombardements à Gaza et qu'elle salue l'autorité palestinienne autant que les autorités israéliennes. Il ne nous a pas paru opportun de participer à cette délégation dont le message n'était pas équilibré", a affirmé le chef du parti communiste Fabien Roussel, auprès de l'AFP.
Olivier Faure a visé directement le président de la République sur France 3. Si Emmanuel Macron "ne va pas sur place aujourd'hui, c'est parce qu'il n'a pas tenu cette ligne de neutralité. Il est aujourd'hui dans une difficulté parce qu'il sait très bien qu'un déplacement de sa part pourrait se réaliser éventuellement en Israël, mais que dans le monde arabe, il ne serait pas accueilli", a lancé le patron du PS.
Emmanuel Macron a affirmé vendredi qu'il n'excluait pas un déplacement au Proche-Orient "dans les prochains jours, les toutes prochaines semaines", s'il parvenait à "obtenir des choses utiles" grâce à ce voyage.
La gauche a toutefois encore affiché ses divisions dimanche sur le sujet.
Une délégation LFI était présente au rassemblement Place de la République, où des manifestants munis de drapeaux palestiniens réclamaient "la fin du massacre à Gaza".
Manuel Bompard a regretté l'absence de "partenaires" de la Nupes, qui "s'isolent", alors que la coalition se déchire, à la suite du refus de Jean-Luc Mélenchon et de son cercle rapproché de qualifier le Hamas de "terroriste".
"Le message que nous devons avoir est un message de paix, pas un message de soutien aux uns ou aux autres", a réagi Olivier Faure. [AFP]