La mort violente survenue au commissariat central de police de Dakar du jeune Abdou Faye, complice présumé du repris de justice Baye Modou Fall surnommé «Boy Djinné», vient allonger la liste longue des personnes qui perdent la vie entre les mains des policiers sénégalais. Selon le rapport d’autopsie publié par le quotidien «Libération» (proche du pouvoir) et par le site Seneweb.com, Abdou Faye est décédé «suite à une anoxie cérébrale et une asphyxie mécanique provoquée par une pendaison.» Des éléments tirés du certificat de genre de mort établi par le chef du Service d’anatomie et de cytologie de l’Hôpital général Idrissa Pouye (ex Hôpital général de Grand-Yoff, Hoggy).
Cette thèse du suicide n’emporte pas encore la conviction des autres parties impliquées dans ce dossier. Le père du garçon défunt, Pape Aly Faye, l’a réfutée de manière catégorique lors d’une conférence de presse tenue jeudi au siège du mouvement «Frapp France Dégage». Visiblement surpris par la tournure des événements, il s’est étonné du laxisme à l’égard d’un gardé à vue considéré comme un complice d’un «as» de l’évasion. A ses yeux, cette affaire doit être «portée devant les tribunaux (afin d’être) tirée au clair», a-t-il indiqué sur le site Dakarmatin.com.
Pour Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International au Sénégal, « la responsabilité de la police est engagée.» D’où la nécessité de « faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles cette personne a pu se suicider » dans les locaux du commissariat central de Dakar, a-t-il souligné dans les colonnes du site Pressafrik.com.
Habitué de longue date aux environnements de travail des forces de sécurité, Gassama rappelle une règle principale liée à la détention de personnes. « Quelqu’un qui est gardé à vue est censé être à la vue de la police. Celle-ci doit non seulement le surveiller dans cette chambre de sûreté, mais elle doit aussi s’assurer qu’il n’y entre avec aucun élément qui puisse lui faire du mal, y compris de se suicider par pendaison.»
Selon Guy Marius Sagna du mouvement «Frapp», «l’Etat du Sénégal nous a habitués à maquiller des morts du fait de la violence de sa police ou de sa gendarmerie en suicide. (Elle) nous a habitués à imposer aux familles des victimes de violence policière ou de la gendarmerie ce que l’on appelle un déni de justice.»
La mort d’Abdou Faye remet au goût du jour (ou du contexte) les traitements que les forces de police et de gendarmerie infligent aux personnes en détention avant leurs procès.
L’absence de sanctions réelles contre les auteurs de ces «morts suspectes», les protections présumées que leur assurent les hiérarchies et l’absence de procès devant les tribunaux ont encouragé la poursuite de comportements inqualifiables entre commissariats de police et brigades de gendarmerie contre des citoyens ayant droit à la dignité et à la préservation de leur intégrité physique.
Dans son Rapport 2020, le Département d’Etat américain relève d‘ailleurs la commission de meurtres arbitraires ou illégaux avec au moins des cas documentés survenus à Fatick (mars 2020) et Diourbel (mai 2020) et attribués à des agents de police.
Dans des conditions normales d’exercice de la transparence, la famille d’Abdou Faye ainsi que des organisations de défense de droits humains doivent être associées de façon étroite à l’autopsie du corps du défunt. Il peut ne pas être trop tard pour le faire car c’est le seul moyen de mettre un terme aux suspicions légitimes entourant la mort de l’ex gardé à vue (et d’autres dans un passé récent). Cette ambition suppose que la police (ici) et la gendarmerie cessent d’être à la fois juges et parties quand leurs services sont en mises en cause dans la disparition brutale de personnes détenues. A cet effet, la piste d’une enquête sérieuse dans laquelle la police ne serait qu’une des parties s’avère indispensable pour la manifestation de la vérité. Sinon, comme le dit Alioune Tine, directeur du Think-Tank Afrikajom Center, des organisations de la société civile se verraient contraintes un jour ou un autre de recourir à des juridictions internationales. C’est à la toute-puissance de la police et de la gendarmerie au détriment des citoyens qui tombent entre leurs mains qu’il faut mettre un terme à travers un système de transparence inclusif. La démocratie aura toujours un coup.
Cette thèse du suicide n’emporte pas encore la conviction des autres parties impliquées dans ce dossier. Le père du garçon défunt, Pape Aly Faye, l’a réfutée de manière catégorique lors d’une conférence de presse tenue jeudi au siège du mouvement «Frapp France Dégage». Visiblement surpris par la tournure des événements, il s’est étonné du laxisme à l’égard d’un gardé à vue considéré comme un complice d’un «as» de l’évasion. A ses yeux, cette affaire doit être «portée devant les tribunaux (afin d’être) tirée au clair», a-t-il indiqué sur le site Dakarmatin.com.
Pour Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International au Sénégal, « la responsabilité de la police est engagée.» D’où la nécessité de « faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles cette personne a pu se suicider » dans les locaux du commissariat central de Dakar, a-t-il souligné dans les colonnes du site Pressafrik.com.
Habitué de longue date aux environnements de travail des forces de sécurité, Gassama rappelle une règle principale liée à la détention de personnes. « Quelqu’un qui est gardé à vue est censé être à la vue de la police. Celle-ci doit non seulement le surveiller dans cette chambre de sûreté, mais elle doit aussi s’assurer qu’il n’y entre avec aucun élément qui puisse lui faire du mal, y compris de se suicider par pendaison.»
Selon Guy Marius Sagna du mouvement «Frapp», «l’Etat du Sénégal nous a habitués à maquiller des morts du fait de la violence de sa police ou de sa gendarmerie en suicide. (Elle) nous a habitués à imposer aux familles des victimes de violence policière ou de la gendarmerie ce que l’on appelle un déni de justice.»
La mort d’Abdou Faye remet au goût du jour (ou du contexte) les traitements que les forces de police et de gendarmerie infligent aux personnes en détention avant leurs procès.
L’absence de sanctions réelles contre les auteurs de ces «morts suspectes», les protections présumées que leur assurent les hiérarchies et l’absence de procès devant les tribunaux ont encouragé la poursuite de comportements inqualifiables entre commissariats de police et brigades de gendarmerie contre des citoyens ayant droit à la dignité et à la préservation de leur intégrité physique.
Dans son Rapport 2020, le Département d’Etat américain relève d‘ailleurs la commission de meurtres arbitraires ou illégaux avec au moins des cas documentés survenus à Fatick (mars 2020) et Diourbel (mai 2020) et attribués à des agents de police.
Dans des conditions normales d’exercice de la transparence, la famille d’Abdou Faye ainsi que des organisations de défense de droits humains doivent être associées de façon étroite à l’autopsie du corps du défunt. Il peut ne pas être trop tard pour le faire car c’est le seul moyen de mettre un terme aux suspicions légitimes entourant la mort de l’ex gardé à vue (et d’autres dans un passé récent). Cette ambition suppose que la police (ici) et la gendarmerie cessent d’être à la fois juges et parties quand leurs services sont en mises en cause dans la disparition brutale de personnes détenues. A cet effet, la piste d’une enquête sérieuse dans laquelle la police ne serait qu’une des parties s’avère indispensable pour la manifestation de la vérité. Sinon, comme le dit Alioune Tine, directeur du Think-Tank Afrikajom Center, des organisations de la société civile se verraient contraintes un jour ou un autre de recourir à des juridictions internationales. C’est à la toute-puissance de la police et de la gendarmerie au détriment des citoyens qui tombent entre leurs mains qu’il faut mettre un terme à travers un système de transparence inclusif. La démocratie aura toujours un coup.