La Russie a affirmé mardi matin avoir "détruit" deux navires militaires ukrainiens en mer Noire, derniers accrochages maritimes en date depuis que Moscou a claqué la porte d'un accord qui permettait l'exportation des céréales ukrainiennes.
Et pour la cinquième journée consécutive, l'armée russe a également dit avoir abattu des drones ukrainiens dans la région de Moscou.
Le ministère russe de la Défense a tout d'abord annoncé qu'un avion de la Flotte russe de la mer Noire avait "détruit" un navire de reconnaissance des forces armées ukrainiennes" qui se trouvait dans une zone de production gazière sous contrôle de la Russie.
A la mi-journée, il a revendiqué la destruction à nouveau par un avion d'un second bateau, cette fois-ci une vedette ukrainienne de fabrication américaine au large de l'île aux Serpents, libérée l'année dernière par l'Ukraine, devenant un symbole de la résistance acharnée des Ukrainiens face aux assauts russes.
L'Ukraine, qui ne détaille jamais ses pertes, n'a rien dit de ces incidents.
Les attaques en mer Noire étaient, pendant près d'un an, relativement peu nombreuses, permettant la mise en oeuvre d'un accord pour que l'Ukraine exporte sa production agricole, essentielle à la sécurité alimentaire mondiale.
Mais Moscou s'est retirée en juillet de cet arrangement sous l'égide de l'ONU et de la Turquie, multipliant depuis les bombardements des infrastructures portuaires ukrainiennes en mer Noire et sur le Danube.
L'Ukraine a elle visé avec des drones marins ou aériens la flotte russe, un tanker pétrolier, ou encore les ponts menant vers la Crimée et permettant d'approvisionner les troupes russes.
Kiev a aussi défié les menaces russes de couler les cargos quittant ses ports, organisant un couloir maritime pour le "Joseph Schulte", navire qui a rejoint la semaine dernière la Turquie sans que la Russie ne l'attaque. Reste à établir si l'Ukraine parviendra à pérenniser de telles voies maritimes.
- La région de Moscou visée -
La Russie continue elle sa campagne de bombardement de l'Ukraine, affirmant toujours viser des cibles militaires mais faisant chaque jour des morts parmi les civils. Mardi, les obsèques de victimes d'une frappe sur un théâtre de Tcherniguiv sont ainsi prévues.
Le territoire russe est lui toujours plus régulièrement visé par des drones attribués à l'Ukraine. Tôt mardi, pour le cinquième jour consécutif, deux engins ont été abattus au-dessus de la région de Moscou. Aucune victime n'a été recensée.
Mardi matin, des policiers à Krasnogorsk, au nord-ouest de la capitale russe, ont bouclé le périmètre près de débris gisant au sol, selon un photographe de l'AFP sur les lieux, où plusieurs vitres d'un immeuble apparaissent brisées.
Les trois grands aéroports internationaux de Moscou ont brièvement dû stopper arrivées et départs.
Fin juillet et début août, des appareils avaient été détruits au-dessus du quartier d'affaires de Moscou provoquant de légers dégâts sur des tours. En mai, deux drones avaient été abattus au-dessus du Kremlin.
Des sites militaires ont également été visé et le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'était félicité fin juillet que "la guerre arrive sur le territoire de la Russie".
Les régions russes frontalières de l'Ukraine sont elles régulièrement ciblées par des tirs d'artillerie ou de brèves incursions armées.
- Poutine en visio -
Sur le front, l'Ukraine poursuit son offensive pour tenter de libérer le sud et l'est occupés.
Après plus de deux mois, les gains restent limités, les forces ukrainiennes attaquant des lignes que les Russes ont fortifié des mois durant, pendant que Kiev attendait les livraisons d'armes occidentales nécessaires à son attaque.
Signe de l'âpreté des combats, le ministère ukrainien de la Défense a indiqué mardi que sa 47e brigade était entrée, après des semaines de combats, dans le village de Robotyne. Mais la localité n'est pas pour autant sous contrôle.
"La bataille continue", a dit la vice-ministre Ganna Maliar.
Sur le front diplomatique, Volodymyr Zelensky a effectué ces derniers jours une mini-tournée européenne (Suède, Pays-Bas, Danemark) pour obtenir une nouvelle assistance et participer à un sommet balkanique en Grèce.
Après le feu vert des Etats-Unis, La Haye et Copenhague ont décidé d'envoyer à l'Ukraine 61 avions de combat F-16, des appareils que Kiev réclame à cor et à cri depuis des mois.
Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), a lui renoncé à se rendre en Afrique du Sud au sommet des pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui s'ouvre mardi, organisation que Moscou voit comme un pendant à l'influence occidentale.
Pour éviter de mettre le gouvernement sud-africain dans l'embarras, le président russe interviendra par visioconférence. Son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov sera sur place. [AFP]