Moussa Sy devant le tribunal: "En 7 ans, j'ai distribué plus de 400 millions de fonds politiques issus de la caisse d'avance"

Samedi 10 Février 2018

«Je connais très bien les fonds politiques de la ville de Dakar.» Comme s’il souhaitait ardemment être interrogé sur le sujet, Moussa Sy, maire des Parcelles assainies et adjoint au maire de Dakar, a très vite annoncé la couleur et la teneur de son intervention comme témoin dans le procès dit de la Caisse d’avance de la mairie de la capitale.
 
«Ces fonds politiques, je dois en avoir distribué en volume plus de 400 millions de francs Cfa à travers le Sénégal pendant 7 ans, et en numéraires», révèle l’ex-responsable du parti démocratique sénégalais, visiblement décontracté et à l’aise face au tribunal correctionnel chargé de juger Khalifa Sall et sept autres prévenus pour divers délits dont celui intitulé «association de malfaiteurs.»
 
«J’ai rendu visite à toutes les familles religieuses du Sénégal pour leur remettre des aides de la mairie de Dakar, en compagnie de Mbaye Touré, le directeur administratif et financier de la ville. Ces fonds sont issus de la caisse d’avance et tout le monde le sait, il n’y a pas l’ombre d’une équivoque là-dessus», indique Moussa Sy. Ces familles religieuses, ce sont Tivaouane, Ndiassane, Omarienne, Layène, etc. Sauf Touba. Car «à ce niveau, c’est le grand-maire Pape Diop, fervent talibé mouride, qui se chargeait lui-même de l’acheminement des soutiens en numéraires aux différentes branches mourides».
 
«Gentlemen-agreement»
Pour le premier magistrat de la commune des Parcelles, à la limite, ce procès articulé autour de la gestion de la caisse d’avance de la ville de Dakar fait sourire, car il n’y a pas de chat à fouetter. «La présidence de la République a toujours été au cœur de ce dispositif. Sous Wade, toutes les sollicitations d’ordre sociales étaient orientées vers la caisse d’avance de la mairie de Dakar», rappelle-t-il en ajoutant que les choses n’ont pas changé depuis.
 
Interrogé par Antoine-Félix Diome, l’Agent judiciaire de l’Etat, sur les mécanismes de justification des dépenses de la caisse d’avance, Moussa Sy a affirmé ne pas le savoir. «En fait, c’est un gentlemen-agreement entre les acteurs», sous les rires étouffés approbateurs de la salle 4 du palais de justice Lat-Dior. «Cette caisse est une dérogation de l’Etat sinon elle n’aurait jamais pu fonctionner», non sans indiquer: «moi-même j’ai bénéficié de ces fonds politiques issus de la caisse d’avance sans les avoir sollicités.»
 
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