Excellence Monsieur le Président de la République
Etiez-vous vous au courant de la caisse d’avance de la ville de Dakar ?
En aviez-vous bénéficié ou l’aviez-vous sollicitée ?
Connaissez-vous le montant des fonds politiques dépensés depuis 2012 ?
Des alliés du pouvoir bénéficient-ils de fonds politiques sans texte ?
Quid de la demande de suspension des poursuites du député Khalifa Sall?
Avez-vous prétendu que son arrestation faciliterait votre victoire à Dakar ?
Objet : Lettre interpellative
Le peuple sénégalais a remarqué votre habileté à sortir des situations embarrassantes par le silence et votre capacité à obtenir le silence de vos adversaires en les installant à des positions de pouvoir ou en créant des divisions au sein de leurs organisations.
Mais cette stratégie fut-elle efficace ne saurait valoir lorsque les questions soulevées sont en rapport direct avec les devoirs de votre charge. En ma qualité de citoyen, ne pouvant me suffire de votre silence sur certains faits et déclarations, je souhaiterais obtenir des réponses à des questions qui, au-delà de ma personne, intéressent d’autres citoyens.
Monsieur Khalifa Ababacar Sall, Maire de la Ville de Dakar, est actuellement, à votre initiative, en prison pour des faits relatifs à la gestion de la «caisse d'avance » de la ville de Dakar.
Les maires qui se sont succédé à la Ville de Dakar ont affirmé que cette caisse a toujours existé et qu’elle a toujours fonctionné de la même façon. Ce qui est nouveau et qui vous interpelle directement, c’est que l’on vous cite parmi les bénéficiaires de ladite caisse d’avance incriminée alors que vous étiez Secrétaire Général adjoint du PDS.
Si comme écrit et dit, vous avez sollicité cette caisse, pourquoi Khalifa Sall est en prison? Sinon pouvez-vous en apporter un démenti officiel?
Ensuite, la Présidence de la République bénéficie de fonds politiques incrustés dans le budget national. Quels en sont les montants et quels sont les textes qui vous permettent d’en disposer ?
Des voix autorisées ont également avancé que des fonds politiques, portant sur des montants beaucoup plus élevés que celui de la caisse d’avance de la ville de Dakar, ont été mis à la disposition de quelques institutions de la République, voire de simples organes dirigés par certains de vos « alliés », qui les dépensent sans qu'aucun texte ne l'autorise ni ne le prévoit.
Faudrait-il croire que les fonds politiques, quelle qu’en soit l’appellation, seraient légaux pour vos alliés et illégaux pour vos « adversaires » ?
Excellence Monsieur le Président de la République
A la veille de l’ouverture de la campagne des élections législatives de juillet dernier, la presse vous a prêté, sans jamais être démentie, des propos dans lesquels vous disiez à vos alliés « Une défaite à Dakar serait la pire humiliation ; elle annonce des lendemains obscurs vers la présidentielle de 2019 ; je vous ai facilité la tâche en mettant Khalifa Sall en prison?»
Ce qui est inquiétant dans ces propos, ce n'est pas tant ce que cela implique sur l'objectif compris de tous de l’arrestation de Khalifa Sall que votre propre conception du pouvoir. Cette conception réduit le pouvoir à la force autrement dit j’ai le pouvoir, j’ai la force. Le pouvoir n'est alors pas une puissance publique au service des concitoyens mais l'utilisation de la force pour servir la volonté et les ambitions d’une personne: le pouvoir au service du pouvoir ; la force du pouvoir pour la conservation du pouvoir.
Enfin, la succession des faits et des actes confortent tous ceux qui, depuis le début de cette affaire, sont convaincus que l’information judiciaire ouverte contre le Maire de Dakar n'est qu’un acharnement politique à dessein électoral.
Cette conviction est fondée sur la diligence avec laquelle l'Assemblée nationale a déclenché la procédure de levée de l'immunité parlementaire du député Khalifa Sall à la demande du Procureur de la république, alors qu’elle n’a pas donné suite à la demande de mise en place d'une commission pour la suspension des poursuites et la fin de la détention, formulée depuis le 13 octobre dernier par un de ses collègues, le député El Hadji Issa Sall, élu sur la liste du PUR.
En vertu de la Constitution, notamment en son article 84, seuls le Président de la République et le Premier ministre peuvent faire inscrire en priorité une question à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. En décidant d’inscrire cette question à l’ordre du jour, prioritairement sur la demande de levée ou de suspension des poursuites contre Khalifa SALL, l’Assemblée nationale a manifestement violé l’article 84 de la Constitution, à moins que vous soyez à l’origine de cette initiative.
Au cas contraire, votre responsabilité et votre serment vous obligent à faire respecter la Constitution et les lois de la République en votre qualité de Président de la république, garant du fonctionnement régulier des institutions.
Monsieur le Président, voilà les quelques mots que je voulais vous dire, en espérant qu’ils n’auront pas été utiles qu’à troubler votre conscience.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma très haute considération
Moussa Tine
Ancien député
Etiez-vous vous au courant de la caisse d’avance de la ville de Dakar ?
En aviez-vous bénéficié ou l’aviez-vous sollicitée ?
Connaissez-vous le montant des fonds politiques dépensés depuis 2012 ?
Des alliés du pouvoir bénéficient-ils de fonds politiques sans texte ?
Quid de la demande de suspension des poursuites du député Khalifa Sall?
Avez-vous prétendu que son arrestation faciliterait votre victoire à Dakar ?
Objet : Lettre interpellative
Le peuple sénégalais a remarqué votre habileté à sortir des situations embarrassantes par le silence et votre capacité à obtenir le silence de vos adversaires en les installant à des positions de pouvoir ou en créant des divisions au sein de leurs organisations.
Mais cette stratégie fut-elle efficace ne saurait valoir lorsque les questions soulevées sont en rapport direct avec les devoirs de votre charge. En ma qualité de citoyen, ne pouvant me suffire de votre silence sur certains faits et déclarations, je souhaiterais obtenir des réponses à des questions qui, au-delà de ma personne, intéressent d’autres citoyens.
Monsieur Khalifa Ababacar Sall, Maire de la Ville de Dakar, est actuellement, à votre initiative, en prison pour des faits relatifs à la gestion de la «caisse d'avance » de la ville de Dakar.
Les maires qui se sont succédé à la Ville de Dakar ont affirmé que cette caisse a toujours existé et qu’elle a toujours fonctionné de la même façon. Ce qui est nouveau et qui vous interpelle directement, c’est que l’on vous cite parmi les bénéficiaires de ladite caisse d’avance incriminée alors que vous étiez Secrétaire Général adjoint du PDS.
Si comme écrit et dit, vous avez sollicité cette caisse, pourquoi Khalifa Sall est en prison? Sinon pouvez-vous en apporter un démenti officiel?
Ensuite, la Présidence de la République bénéficie de fonds politiques incrustés dans le budget national. Quels en sont les montants et quels sont les textes qui vous permettent d’en disposer ?
Des voix autorisées ont également avancé que des fonds politiques, portant sur des montants beaucoup plus élevés que celui de la caisse d’avance de la ville de Dakar, ont été mis à la disposition de quelques institutions de la République, voire de simples organes dirigés par certains de vos « alliés », qui les dépensent sans qu'aucun texte ne l'autorise ni ne le prévoit.
Faudrait-il croire que les fonds politiques, quelle qu’en soit l’appellation, seraient légaux pour vos alliés et illégaux pour vos « adversaires » ?
Excellence Monsieur le Président de la République
A la veille de l’ouverture de la campagne des élections législatives de juillet dernier, la presse vous a prêté, sans jamais être démentie, des propos dans lesquels vous disiez à vos alliés « Une défaite à Dakar serait la pire humiliation ; elle annonce des lendemains obscurs vers la présidentielle de 2019 ; je vous ai facilité la tâche en mettant Khalifa Sall en prison?»
Ce qui est inquiétant dans ces propos, ce n'est pas tant ce que cela implique sur l'objectif compris de tous de l’arrestation de Khalifa Sall que votre propre conception du pouvoir. Cette conception réduit le pouvoir à la force autrement dit j’ai le pouvoir, j’ai la force. Le pouvoir n'est alors pas une puissance publique au service des concitoyens mais l'utilisation de la force pour servir la volonté et les ambitions d’une personne: le pouvoir au service du pouvoir ; la force du pouvoir pour la conservation du pouvoir.
Enfin, la succession des faits et des actes confortent tous ceux qui, depuis le début de cette affaire, sont convaincus que l’information judiciaire ouverte contre le Maire de Dakar n'est qu’un acharnement politique à dessein électoral.
Cette conviction est fondée sur la diligence avec laquelle l'Assemblée nationale a déclenché la procédure de levée de l'immunité parlementaire du député Khalifa Sall à la demande du Procureur de la république, alors qu’elle n’a pas donné suite à la demande de mise en place d'une commission pour la suspension des poursuites et la fin de la détention, formulée depuis le 13 octobre dernier par un de ses collègues, le député El Hadji Issa Sall, élu sur la liste du PUR.
En vertu de la Constitution, notamment en son article 84, seuls le Président de la République et le Premier ministre peuvent faire inscrire en priorité une question à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. En décidant d’inscrire cette question à l’ordre du jour, prioritairement sur la demande de levée ou de suspension des poursuites contre Khalifa SALL, l’Assemblée nationale a manifestement violé l’article 84 de la Constitution, à moins que vous soyez à l’origine de cette initiative.
Au cas contraire, votre responsabilité et votre serment vous obligent à faire respecter la Constitution et les lois de la République en votre qualité de Président de la république, garant du fonctionnement régulier des institutions.
Monsieur le Président, voilà les quelques mots que je voulais vous dire, en espérant qu’ils n’auront pas été utiles qu’à troubler votre conscience.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma très haute considération
Moussa Tine
Ancien député