NON à la Zone de Libre-échange Continentale néo libérale au service des multinationales - OUI à une intégration africaine souveraine et populaire

Mardi 6 Décembre 2016

La Coalition Nationale Non Aux APE a participé du 28 novembre au 02 décembre 2016 à la première Semaine du Commerce africain tenue au siège de l’Union Africaine (UA) à Addis Abbéba et dont le thème était : « Promouvoir une transformation structurelle durable à travers le commerce intra-africain ». La Coalition tient à informer l’opinion publique nationale, régionale, continentale et internationale de son opposition à ce que les chefs d’Etat africains trament au niveau de l’UA contre les peuples africains et qu’il présente comme l’Intégration Africaine. La Coalition affirme que la Zone de Libre-échange Continentale (ZLEC) est une des formes que peut prendre l’intégration africaine. La question étant : de toutes les formes possibles d’intégration la ZLEC est-elle la meilleure ? La ZLEC est-elle l’équivalent africain de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) ou de l’Alliance Bolivarienne des Amériques (ALBA) ?
Pour la Coalition, la ZLEC est le retour de l’Afrique Occidentale Française ou Afrique Equatoriale Française mais généralisées à toutes les puissances ou au service des plus fortes d’entre elles aujourd’hui. Le processus de la ZLEC est un nouveau congrès de Berlin.
 
La ZLEC : une intégration africaine sans les peuples africains
 
C’est depuis 2012 que la feuille de route de la ZLEC a été adoptée. Le processus a été lancé en juin 2015 lors du 25e sommet de l’UA avec un objectif de mise en œuvre d’ici fin 2017. Depuis lors, combien de sénégalais, de béninois, de tchadiens, de congolais, d’algériens ou de botswanais ont entendu parler de cette ZLEC ? Notre Coalition dénonçait déjà l’absence de débats nationaux au Cameroun, au Mali, au Rwanda, au Kenya comme au Sénégal sur les Accords de Partenariat Economique (APE). Comme les APE, le processus de la ZLEC est opaque.  Cette intégration africaine qu’est la ZLEC exclut les peuples au nom desquels elle est sensée se faire. La Coalition dénonce l’anti démocratisme du processus qui s’explique par la poursuite du projet de domination et de pillage de l’Afrique. Avec d’autres organisations de la société civile africaine la Coalition a dénoncé le manque de transparence du processus à Addis Abbéba à travers la « Déclaration de la société civile africaine préalablement à la semaine du commerce africain sur la Zone de libre-échange continentale ».
 
La ZLEC : une intégration africaine par le marché et le libre échange
 
Une des raisons de la dénonciation des APE par la Coalition est le fait de mettre les économies les plus faibles du monde face à la première puissance commerciale du monde qu’est l’Union Européenne (UE). La ZLEC va mettre en compétition des pays dont les PIB par tête en 2015 vont de 276 dollars au Burundi à 15.476 dollars aux Seychelles en passant par 911 au Sénégal, 1.377 au Kenya, 1.381 au Ghana, 1.399 en Côte d’Ivoire, 2.640 au Nigéria, 3.615 en Egypte, 3.873 en Tunisie et 5.692 en Afrique du Sud…La Coalition refuse que les peuples nigérien, burkinabé, mauritanien, guinéen, ougandais…soient aux grands capitaux marocain, sud-africain, nigérian…ce que les peuples grec, portugais…sont au grand capital européen défendu par l’UE c'est-à-dire des peuples à plumer et à presser pour réaliser des profits.

Comme il n’existe pas d’exemple dans l’histoire économique et commerciale de l’humanité de pays qui se soit développé sans protectionnisme, la Coalition Nationale Non Aux APE estime qu’il faut protéger les économies faibles et leurs paysans, éleveurs, Pme/Pmi…D’autant plus que la libre circulation de tous les africains dans les 54 pays africains n’accompagne pas la libre circulation des biens que veut réaliser la ZLEC.

Les peuples africains ont besoin de sociétés émergentes qui émergent du sous-développement résultat de son oppression  et non d’un marché africain émergent. Ces dernières années, au Botswana, au Lesotho et en Algérie, au Mali…pour 100$ investis le capital étranger gagnait chaque an respectivement 77$, 51$ et 36$. C’est le statut d’exportatrice nette de revenus  de l’Afrique que la ZLEC veut renforcer.
 
La ZLEC : l’intégration de ceux qui avec nos gouvernements appauvrissent l’Afrique
 
La Coalition déclare que la nature de ceux (USAID, Union Européenne, le Royaume Uni…) qui soutiennent cette ZLEC  devrait amener à réfléchir sur les véritables orientations de cette intégration africaine.

L’UE a comme stratégie de faire signer des APE à différents blocs régionaux ou pays pour que ces APE soient des chevaux de Troie néo coloniaux dans la ZLEC.

Les Etats-Unis devancés par l’UE et le Royaume Uni, sorti fraichement de l’UE, discréditent les APE entre l’UE et l’Afrique pour avoir leur propre APE avec l’Afrique.
La Chine et L’Inde déclarent qu’elles ont besoin pour leurs investisseurs d’un marché plus grand que les 14 millions de sénégalais, les 2 millions de gambiens…
 
La ZLEC est un double APE contre les peuples africains
 
La Coalition rappelle que l’UE cherche déjà avec les APE à imposer aux peuples africains une libéralisation de 80% en 20 ans. L’UA, caisse de résonance des chefs d’Etats qui acceptent les APE, ne remet pas en cause ces APE et projette avec cette ZLEC une libéralisation de 100% entre 2017 et 2022 (en 5 ans) de produits à déterminer. Il n’est pas besoin d’être devin pour dire que si par exemple l’Afrique de l’Ouest, excepté le Nigéria et la Gambie, a accepté avec l’APE que le lait et les céréales soient libéralisés, elle l’acceptera aussi avec la ZLEC. Cette combinaison APE et ZLEC va être mortifère pour les peuples africains dont près de 27 pays et certaines catégories de travailleurs vont respectivement connaître une baisse de leur revenu réel et une baisse de leur salaire réel.
 
C’est pourquoi, la Coalition Nationale Non Aux APE invite les citoyens de tous les 54 Etats africains à s’élever contre ce énième projet de maintien et de renforcement de la recolonisation des pays africains.

D’emblée, la Coalition exprime son opposition sur le fond comme sur la forme à cette ZLEC et lance un appel à tous les citoyen (ne)s africain (e)s en Afrique comme dans les diasporas à lutter pour une Alliance des peuples de notre mère Afrique pour :
1-exiger de nos gouvernements, des Communautés Economiques Régionales (CER) et de l’UA un processus démocratique et populaire d’intégration
2-refuser ce projet néo libéral et élaborer un projet souverain et populaire de sortie du sous-développement
3-informer et mobiliser les mouvements sociaux africains surtout les femmes, les jeunes, les exploitations agricoles familiales, les Pme/Pmi…pour l’intégration de leurs intérêts
3-coordonner les luttes aux niveaux des 54 pays, des CER et du continent
 
 
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