Naledi Pandor - L'attitude de Washington est "très négative" à notre égard depuis la procédure devant la CIJ

Lundi 4 Mars 2024

Naledi Pandor, cheffe de la diplomatie sud-africaine

Des membres du Congrès américain ont adopté une position négative à l'égard de l'Afrique du Sud, depuis le recours contre Israël devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) pour crime de génocide, a déclaré, dimanche, la cheffe de la diplomatie sud-africaine.

 

"Malheureusement, certains membres du corps législatif des États-Unis d'Amérique ont adopté une position très négative à l'encontre de mon pays", a déclaré à Anadolu la ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération, Naledi Pandor, en marge du Forum de la Diplomatie d'Antalya, tenu en Türkiye.

 

Les États-Unis étant la plus grande économie du monde, Naledi Pandor a déclaré que leur position représentait un danger pour les investissements et l'emploi en Afrique du Sud.

 

"Nous devons donc continuer à faire pression sur le peuple américain pour lui faire comprendre qu'il serait malvenu de s'en prendre à l'Afrique du Sud alors qu'elle poursuit une cause tout à fait morale et juste dans la sphère mondiale", a ajouté Pandor.

 

Fin 2023, l'Afrique du Sud a saisi la CIJ, accusant Israël de ne pas respecter ses engagements au titre de la convention sur le génocide de 1948.

 

Dans son arrêt rendu le 26 janvier, la Cour des Nations unies a estimé que les arguments de l'Afrique du Sud étaient recevables. Elle a enjoint au gouvernement israélien de prendre des mesures conservatoires afin de prévenir les actes à caractère génocidaire et de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire vers la Bande de Gaza, où plus de 30 000 personnes ont été tuées depuis l'incursion menée, le 7 octobre, par le mouvement de résistance palestinien, Hamas, qui aurait fait 1 200 morts selon les autorités de Tel-Aviv.

 

La ministre des affaires étrangères a déclaré que l'Afrique du Sud était une nation souveraine, qu'elle était en droit de "prendre fait pour cette cause" et que, même si de nombreux pays n'approuvaient pas son soutien à la Palestine, "c'est une position que nous avons toujours eue, et nous ne tournerons pas le dos au peuple palestinien".

 

Interrogée sur la mise en œuvre par Israël des mesures conservatoires décidées par la CIJ, Pandor a répondu : "Non, elles n'ont pas été appliquées. Nous le savons tous. En fait, [le Premier ministre israélien Benyamin] Netanyahu les a rejetées. 

 

Mais ce n'est pas surprenant. Il en a été de même avec l'apartheid. Lorsque les organes des Nations unies prenaient des décisions internationales, l'État de l'apartheid les rejetait. La conduite et l'approche de l'État d'apartheid et du gouvernement israélien sont donc très similaires".

 

L'apartheid était un système institutionnalisé de ségrégation raciale dans certaines parties de l'Afrique du Sud en vigueur de 1948 jusqu'au début des années 1990.

 

La Türkiye a fait part de son appréciation à l'Afrique du Sud

 

Pandor a déclaré que "la Türkiye a, depuis le début, fait part de son appréciation de la démarche de l'Afrique du Sud et elle nous l'a toujours communiqué."

"Nous espérons que des pays de la région se joindront à l'Afrique du Sud lorsque le fond de l'affaire sera examiné", a-t-elle ajouté, expliquant : "Nous attendons toujours une date de la Cour, et nous verrons alors qui sont vraiment les amis de la Palestine".

 

Des journalistes victimes d'attaques

 

La cheffe de la diplomatie sud-africaine a également commenté les assassinats de journalistes dans la Bande de Gaza, déclarant être "peinée" et "dégoûtée" par le fait que les journalistes "n'ont pas été en mesure de travailler en toute liberté".

 

"Beaucoup ont été assassinés et une grande partie du monde est silencieuse, y compris les organisations de journalistes, qui parlent souvent de la liberté de la presse. Mais aujourd'hui, elles ne disent pas grand-chose", a-t-elle ajouté.

 

Interrogée sur la position de l'Occident face à la situation à Gaza, la diplomate a pointé du doigt la discrimination raciale.

 

"Cela reflète un problème dont nous avons souvent parlé. Considérer les gens comme différents. Si vous êtes noir, vous êtes moins humain. Si vous êtes arabe, vous êtes moins humain. Si vous êtes Européen, vous êtes très humain et vous devez donc être protégé. C'est ainsi que le monde est perçu. Et je pense que nous devons changer cela", a-t-elle déclaré, ajoutant : "Nous, dans le Sud, nous devons nous battre pour que tout cela change". [AA]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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