L’ex-président américain Donald Trump a brièvement témoigné pour se défendre jeudi au procès en diffamation intenté à New York par l’autrice E. Jean Carroll, qui l’avait déjà fait condamner en 2023 pour agression sexuelle dans les années 1990 et diffamation.
L’homme d’affaires, fort de ses victoires aux primaires républicaines en Iowa et dans le New Hampshire, se rapproche d’un match retour à la présidentielle de novembre contre Joe Biden, mais son témoignage devant la justice est strictement limité.
Vêtu d’un costume bleu, resté silencieux ou marmonnant dans la matinée, il n’a témoigné que quelques minutes dans l’après-midi, car le juge Lewis Kaplan a restreint sa liberté de parole et limité à trois les questions de ses avocats, selon un journaliste de l’AFP.
Donald Trump n’a pu répondre que par oui ou non pour éviter tout dérapage, a simplement confirmé sa déposition durant la procédure et qu’il avait voulu se défendre des accusations de viol d’E. Jean Carroll.
« Elle a dit quelque chose que j’ai considéré comme faux », a-t-il lancé avant que le juge ne le coupe.
« Ce n’est pas l’Amérique »
En sortant du prétoire, Donald Trump, visiblement furieux, a secoué la tête par dépit en lâchant « ce n’est pas l’Amérique ».
Ce procès au civil oppose depuis le 16 janvier E. Jean Carroll, 80 ans et ancienne chroniqueuse de l’édition américaine du magazine Elle, à Donald Trump, 77 ans. Elle l’a déjà fait condamner au civil en mai 2023 à cinq millions de dollars de dédommagements pour agression sexuelle dans une cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais en 1996 et, une première fois, pour diffamation pour des propos tenus en 2022.
Faisant la navette depuis huit jours entre ses rassemblements de campagne dans le New Hampshire et le palais de justice de Manhattan, l’ex-locataire de la Maison-Blanche, qui rêve d’y retourner, devait témoigner cette semaine.
Mais sa confrontation avec E. Jean Carroll a été repoussée plusieurs fois jusqu’à ce jeudi pour cause de COVID-19 chez un juré lundi et de la primaire républicaine du New Hampshire mardi.
Dans la matinée, le tribunal a regardé des extraits de la première déposition par liaison vidéo qu’avait faite Donald Trump devant la justice new-yorkaise en octobre 2022 et dans laquelle il affirmait ne pas connaître E. Jean Carroll, tout en répétant qu’elle n’était « pas [s]on genre » de femme.
Dans cette déposition, alors qu’on lui présentait une photo ancienne de lui en compagnie de la plaignante, le septuagénaire l’avait confondue avec son ancienne épouse, Marla Maples, avant que son avocate ne corrige sa méprise.
Il avait aussi traité E. Jean Carroll de « menteuse et personne complètement dérangée ».
Responsable
Mercredi soir, sur sa plateforme Truth Social, il a lancé pas moins de 37 attaques écrites contre E. Jean Carroll, qu’il continue depuis des mois de dénigrer et d’insulter en la traitant de « tarée », à l’« histoire bidon », qu’il n’a « jamais vue de [sa] vie ».
Et ce malgré un premier verdict retentissant en mai à l’unanimité d’un jury populaire du même tribunal fédéral civil new-yorkais, le jugeant responsable d’agression sexuelle et de diffamation.
Les deux parties ont appelé des premiers témoins à la barre, notamment une journaliste de télévision à la retraite et amie d’E. Jean Carroll, Frances Carol Martin.
Après ce témoignage, l’avocate de Donald Trump, Alina Habba, a estimé que « Mme Carroll n’avait pas apporté de preuves à son cas. Point à la ligne ».
Ce second procès, qui n’est pas une audience en appel, découle d’une plainte en diffamation de l’écrivaine pour des déclarations de Donald Trump en juin 2019, alors qu’elle l’avait accusé pour la première fois de viol dans un livre. Alors président des États-Unis (2017-2021), il avait affirmé qu’elle avait tout inventé pour « vendre un nouveau livre ».
La procédure avait été retardée mais ce deuxième procès avait été maintenu et la plaignante réclame plus de dix millions de dollars pour préjudice moral et professionnel.
Donald Trump est aussi visé, en cette année électorale, par quatre affaires au pénal. [AFP]