Nicolas Hulot ne veut plus "se mentir" et quitte le gouvernement

Mardi 28 Aout 2018

Le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot a annoncé mardi matin sur France Inter avoir décidé de quitter le gouvernement, considérant que son action n'avait permis d'obtenir que des « petits pas » en matière environnementale. Précisant qu’il n’avait pas prévenu Édouard Philippe ou Emmanuel Macron de sa décision, Nicolas Hulot a déclaré en direct sur la radio : « Je prends la décision de quitter le gouvernement », après avoir confié qu'il se sentait « tout seul à la manœuvre » sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement.

« Peut-être n’ai-je pas su convaincre. Peut-être n’ai-je pas les codes », a déclaré le ministre. « J’ai un peu d’influence, je n’ai pas de pouvoir. »

Après avoir refusé le ministère de l'écologie proposé par les présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, il avait été nommé le 17 mai 2017 ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, au sein du gouvernement d'Édouard Philippe, sous la présidence d'Emmanuel Macron.
 
Pour l'Élysée, Nicolas Hulot peut être « fier de son bilan » à la tête du ministère de la transition écologique et solidaire. « La détermination du gouvernement reste totale » pour l'environnement, assure la présidence de la République dans un communiqué qui affirme également qu'il y aura « un remaniement mais pas dans l'immédiat »

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a regretté sur BFM-TV « sa manière de faire. Je pense que la plus élémentaire des courtoisies aurait été effectivement de prévenir le président de la République et le premier ministre ». Nicolas Hulot a en effet expliqué ne pas avoir prévenu le président de la République et le premier ministre de sa décision.

Pour le député de La République en marche, Joël Giraud, dans une réaction livrée au Monde, « ça sent la décision sous le coup de l'émotion et quand on est ministre il faut garder la tête froide et se concentrer sur les grands objectifs de politique publique que l'on porte ». « Les enjeux de politique environnementale sont trop importants pour se livrer à ce genre de démission coup de tête », a-t-il regretté. 

De son côté, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, « peut comprendre » que Nicolas Hulot « se sente trahi » par Emmanuel Macron. « Nicolas Hulot, je ne partage pas nécessairement ses opinions, mais je peux comprendre qu’il se sente trahi comme aujourd’hui pas mal de Français par des promesses fortes qui avaient été faites, et le sentiment à l’arrivée que ce n’est pas très tenu », a-t-il réagi sur RTL.

Toujours à droite, Alain Juppé a salué la démission et sa portée.

Le député des Bouches-du-Rhône et chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a réagi à la démission de Nicolas Hulot sur son compte Twitter et s'en prend au chef de l'État, Emmanuel Macron. "La démission de Nicolas Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron. Il confirme le diagnostic de mon discours de samedi. La macronie commence sa décomposition."

Éric Coquerel, lui aussi député de La France insoumise, a également réagi, interrogé par Le Monde : « Je salue le départ de Nicolas Hulot. C'est d'abord une démission-sanction. Ses mots sont une critique implacable de la politique du gouvernement, qui ne cherche pas d'issue à la crise écologique, cède aux lobbies… et n'est pas à la hauteur de la situation environnementale et climatique. Cela confirme les critiques que nous faisons depuis longtemps. C'est salutaire pour la cause écologiste : c'est un signal d'alarme. »

Pour la députée socialiste, Valérie Rabault, « le gouvernement perd son plus grand pourvoyeur de taxes. Hulot n'a pas été en mesure d'obtenir que le produit de ces taxes soit orienté vers la transition écologique ».

Sur Twitter, Benoît Hamon, chef de file de Generation.s, estime que « la démission de Nicolas Hulot est un appel au réveil des consciences global pour engager la transformation de notre modèle de développement. Changer nos modes de production et de consommation, notre rapport au travail et notre relation au vivant, c’est cela la transition écologique ».

La tête de liste EELV pour les élections européennes, Yannick Jadot, s’est exprimée sur LCI : « La voix de Macron sur l’écologie était EDF et Stéphane Travert [ministre de l’agriculture], le départ de Nicolas Hulot est la conséquence de l’absence de politique écologique de ce gouvernement. Nicolas Hulot essayait de convaincre mais n’était pas entendu, il refuse de servir de caution et il a raison. »

Eva Joly, ancienne candidate Verte à la présidentielle, s'est elle aussi exprimée sur les réseaux sociaux. "Le gouvernement a choisi les lobbies plutôt que l'écologie. Nicolas Hulot en tire les conséquences."
 
Du côté des syndicats, Pascal Pavageau, secrétaire général de Force ouvrière, analyse : ​« Ce qui est intéressant dans sa décision, c'est qu'il la motive. Cela fait longtemps que l'on dit que le système est en crise parce qu'il est en cause. Or, depuis un an, l'ensemble de la politique menée par le gouvernement auquel Hulot appartenait va dans un sens unique : celui de l'ultralibéralisme et d'une logique d'individualisation où tout est permis pour survivre. Or, ce qu'on dit sur le plan social est également vrai sur le plan environnemental. »

Les réactions sont également nombreuses parmi les représentants d'ONG de défense de l'environnement. Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, s'est lamenté : « Quel gâchis ! Il aura essayé mais n'a jamais pu s'imposer dans un gouvernement pour lequel l'écologie n'est qu'un vernis. Alors que l'été a montré l'ampleur des dérèglements du climat, le gouvernement n'a pas le choix : avec ou sans Hulot, il doit faire de l'écologie une priorité. »

 
 
 

 
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