Niger - L’Union africaine, alliée inattendue du nouveau pouvoir face aux «extrémistes» de la Cédéao

Mercredi 16 Aout 2023

 
Si la décision de l’Union africaine de rejeter toute intervention militaire au Niger se confirme, elle constituerait un sérieux camouflet à la Cédéao et ses velléités de déclencher une nouvelle guerre en Afrique de l’Ouest portées par la Côte d’Ivoire et le Sénégal sous influence de la France.
 
Face à une Cédéao qui a décidé de mettre sa « force en attente » au service d’une intervention militaire visant à remettre au pouvoir l’ex président Mohamed Bazoum, le nouveau pouvoir en place à Niamey peut compter sur une alliée improbable : l’Union africaine (UA). Selon une information obtenue par nos confrères du journal «Le Monde», le Conseil de paix et sécurité (CPS) de l’UA a rejeté tout usage de la force contre le régime de Niamey à l’issue d’une rencontre tenue le 14 août 2023. Toutefois, le CPS a également décidé d’éloigner le Niger des activités de l’UA jusqu’à nouvel ordre, rapporte la même source.
 
L’importance de cette décision - qui reste à être officialisée - réside dans le fait que le CPS est « l’organe décisionnel permanent de l’Union africaine » en ce qui concerne la gestion des conflits sur le continent. Même si la Cédéao dispose de son propre protocole militaire, il serait surprenant que les chefs d’Etats ouest-africains soient en mesure de maintenir leur idée d’intervention militaire contre le Niger. Un projet qui semble du reste très impopulaire dans les opinions publiques africaines, en Afrique de l’Ouest notamment.
 
Le Conseil de paix et sécurité fonctionne en mode rotation avec ses 15 membres élus répartis entre les cinq régions africaines : Afrique de l’Ouest (4 sièges), Afrique centrale (3), Afrique de l’Est (3), Afrique australe (3) et Afrique du Nord (2).

Si cette posture inattendue de l’Union africaine est officiellement confirmée, elle constituerait un gros désaveu pour les chefs d’Etat de la Cédéao. Le Nigéria du président Ahmed Bola Tinubu, freiné par les réserves du Sénat fédéral et de fortes pressions intérieures, a sensiblement ralenti ses velléités guerrières des premiers jours ayant suivi le coup d’Etat. Par contre, le radicalisme a migré sur d’autres lignes.
 
La Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bénin jouent les extrémistes contre les « changements non constitutionnels dans la région ouest-africaine », poussés par la France qui leur a promis son assistance militaire, logistique et en termes de renseignements en cas d’expédition militaire contre le nouveau régime nigérien. La Guinée Bissau et la Gambie ont décidé de les suivre dans cette voie. Mais officiellement, c’est la voie diplomatique qui est privilégiée par tous.
 
En quête de partenaires depuis le putsch du 26 juillet 2023, la junte nigérienne s’est rapprochée de trois autres «têtes brulées» également en délicatesse avec l’Union africaine et la Cédéao : le Mali, le Burkina Faso et, à un degré moindre, la Guinée Conakry. Les militaires au pouvoir à Bamako et à Ouagadougou ont déjà prévenu que toute attaque des forces de la Cédéao contre Niamey serait considérée comme une attaque contre eux. (IMPACT.SN)
 
 
 
 
 
 
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