Les maigres moissons de septembre terminées, le Niger, État aride qui fait déjà face depuis des années à des attaques djihadistes meurtrières, s’apprête à affronter un autre fléau : une grave crise alimentaire.
Sécheresse, insectes et chenilles ont ravagé les récoltes de mil, haricots, maïs et sorgho, et là où les pluies ont été abondantes, de graves inondations ont détruit les cultures.
Et la violence djihadiste empêche les paysans de cultiver alors que plus de 80 % des plus des 20 millions de Nigériens dépendent des récoltes céréalières.
Barbe blanche, boubou gris délavé et chapeau de paille, Abdou Hamani grimace en fixant les greniers à céréales vides derrière sa maison.
« Les récoltes, c’est déjà du passé ! Ma moisson était tellement maigre que nous avons tout mangé en une dizaine de jours », se désole le septuagénaire d’un hameau situé près de la ville de Simiri, dans la région de Tillabéri (ouest), une des plus touchées par la double crise sécuritaire et alimentaire.
Les années où « les récoltes étaient bonnes, on avait de quoi manger pendant au moins huit mois », se remémore son voisin Ali.
« Cette année, c’est une situation alimentaire qui apparaît beaucoup plus sérieuse comparée aux années précédentes », a alerté la semaine dernière le premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou devant des diplomates, représentants de l’ONU et d’ONG internationales.
Il a demandé à ses partenaires de « renforcer leur soutien » pour « aider à la résolution de cette crise alimentaire qui s’ajoute à la crise sécuritaire ».
Devant les représentants des organisations paysannes, le président nigérien Mohamed Bazoum a récemment indiqué que « 6430 villages agricoles » sur les 12 474 du pays, « accusent des déficits céréaliers d’au moins 50 % ». « 8,8 millions de personnes-contre 3,6 millions en 2020-manquent de nourriture » et « 2,5 millions souffrent de pénurie alimentaire sévère », a-t-il affirmé.
Dans l’ouest du Niger proche du Mali et du Burkina Faso également touchés par la violence djihadiste, les paysans ont été régulièrement ciblés par des hommes armés dans leur champs et n’ont donc pas pu les cultiver, selon l’ONU.
Depuis plusieurs semaines, des ruraux affamés quittent leurs villages pour les grandes villes. « Les gens sont en train de vider les campagnes » et « les véhicules sont chargés de monde qui quitte à cause de cette famine là », constate Moussa Adamou, le maire de Simiri.
« Si rien n’est fait rapidement, la désolation sera totale. 50 % à 60 % des écoles fermeront car les parents se déplacent avec leurs enfants », prévient-il.
Plan d’urgence
Juché sur sa charrette tirée par un âne, les traits tirés, Seydou Haoudji du village de Zontondi, près de Simiri, parcourt 80 km pour vendre du foin dans la capitale.
« J’ai eu un peu d’argent, j’ai acheté un sac de riz, un peu de sel, du piment », dit ce père de cinq enfants rencontré à la périphérie de Niamey. « C’est l’arrêt brutal des pluies qui a tout gâté », accuse-t-il.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), « la tension sécuritaire » contribue « à détériorer la situation alimentaire et nutritionnelle » dans les zones visées par des attaques djihadistes où des « hausses de prix des denrées alimentaires » sont observées.
Face à cette situation de crise, susceptible de déboucher sur une famine, les autorités veulent mobiliser plus de 160,3 milliards de Francs CFCA (354,4 millions de dollars) pour financer un plan d’urgence jusqu’en mars 2022, visant notamment à apporter une assistance « dans les zones où les paysans n’ont pas pu cultiver les champs à cause des attaques des terroristes ».
Des distributions gratuites et des ventes de vivres à bas prix sont prévues.
Le gouvernement a également promis un « programme de cultures irriguées » pour permettre à plus de 4,7 millions de personnes de faire du maraîchage et ainsi combler leurs déficits en céréales.
Parallèlement, le bétail est également frappé par une crise pastorale, avec une baisse de plus de 50 % de la production de fourrage par rapport à 2020, ce qui est insuffisant pour nourrir les 52 millions de têtes de bétail du pays, selon le ministère de l’Elevage.
Aux effets de la sécheresse se sont en outre ajoutés les feux de brousse qui ont réduit en cendres, en quelques mois, près de 500 000 hectares de terres abritant des zones de pâturage.
Garama Saratou Rabiou, ministre de l’Environnement, a indiqué qu’en septembre et octobre, ces feux ont ravagé « plus de 64 000 tonnes de fourrage » dans la seule commune d’Abala (ouest), « de quoi nourrir près de 19 000 bovins adultes pendant six mois ». (AFP)
Sécheresse, insectes et chenilles ont ravagé les récoltes de mil, haricots, maïs et sorgho, et là où les pluies ont été abondantes, de graves inondations ont détruit les cultures.
Et la violence djihadiste empêche les paysans de cultiver alors que plus de 80 % des plus des 20 millions de Nigériens dépendent des récoltes céréalières.
Barbe blanche, boubou gris délavé et chapeau de paille, Abdou Hamani grimace en fixant les greniers à céréales vides derrière sa maison.
« Les récoltes, c’est déjà du passé ! Ma moisson était tellement maigre que nous avons tout mangé en une dizaine de jours », se désole le septuagénaire d’un hameau situé près de la ville de Simiri, dans la région de Tillabéri (ouest), une des plus touchées par la double crise sécuritaire et alimentaire.
Les années où « les récoltes étaient bonnes, on avait de quoi manger pendant au moins huit mois », se remémore son voisin Ali.
« Cette année, c’est une situation alimentaire qui apparaît beaucoup plus sérieuse comparée aux années précédentes », a alerté la semaine dernière le premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou devant des diplomates, représentants de l’ONU et d’ONG internationales.
Il a demandé à ses partenaires de « renforcer leur soutien » pour « aider à la résolution de cette crise alimentaire qui s’ajoute à la crise sécuritaire ».
Devant les représentants des organisations paysannes, le président nigérien Mohamed Bazoum a récemment indiqué que « 6430 villages agricoles » sur les 12 474 du pays, « accusent des déficits céréaliers d’au moins 50 % ». « 8,8 millions de personnes-contre 3,6 millions en 2020-manquent de nourriture » et « 2,5 millions souffrent de pénurie alimentaire sévère », a-t-il affirmé.
Dans l’ouest du Niger proche du Mali et du Burkina Faso également touchés par la violence djihadiste, les paysans ont été régulièrement ciblés par des hommes armés dans leur champs et n’ont donc pas pu les cultiver, selon l’ONU.
Depuis plusieurs semaines, des ruraux affamés quittent leurs villages pour les grandes villes. « Les gens sont en train de vider les campagnes » et « les véhicules sont chargés de monde qui quitte à cause de cette famine là », constate Moussa Adamou, le maire de Simiri.
« Si rien n’est fait rapidement, la désolation sera totale. 50 % à 60 % des écoles fermeront car les parents se déplacent avec leurs enfants », prévient-il.
Plan d’urgence
Juché sur sa charrette tirée par un âne, les traits tirés, Seydou Haoudji du village de Zontondi, près de Simiri, parcourt 80 km pour vendre du foin dans la capitale.
« J’ai eu un peu d’argent, j’ai acheté un sac de riz, un peu de sel, du piment », dit ce père de cinq enfants rencontré à la périphérie de Niamey. « C’est l’arrêt brutal des pluies qui a tout gâté », accuse-t-il.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), « la tension sécuritaire » contribue « à détériorer la situation alimentaire et nutritionnelle » dans les zones visées par des attaques djihadistes où des « hausses de prix des denrées alimentaires » sont observées.
Face à cette situation de crise, susceptible de déboucher sur une famine, les autorités veulent mobiliser plus de 160,3 milliards de Francs CFCA (354,4 millions de dollars) pour financer un plan d’urgence jusqu’en mars 2022, visant notamment à apporter une assistance « dans les zones où les paysans n’ont pas pu cultiver les champs à cause des attaques des terroristes ».
Des distributions gratuites et des ventes de vivres à bas prix sont prévues.
Le gouvernement a également promis un « programme de cultures irriguées » pour permettre à plus de 4,7 millions de personnes de faire du maraîchage et ainsi combler leurs déficits en céréales.
Parallèlement, le bétail est également frappé par une crise pastorale, avec une baisse de plus de 50 % de la production de fourrage par rapport à 2020, ce qui est insuffisant pour nourrir les 52 millions de têtes de bétail du pays, selon le ministère de l’Elevage.
Aux effets de la sécheresse se sont en outre ajoutés les feux de brousse qui ont réduit en cendres, en quelques mois, près de 500 000 hectares de terres abritant des zones de pâturage.
Garama Saratou Rabiou, ministre de l’Environnement, a indiqué qu’en septembre et octobre, ces feux ont ravagé « plus de 64 000 tonnes de fourrage » dans la seule commune d’Abala (ouest), « de quoi nourrir près de 19 000 bovins adultes pendant six mois ». (AFP)