Niger – Le FOSCAO s’oppose à toute intervention militaire, met la Cédéao et l'UA face à leurs responsabilités

Jeudi 24 Aout 2023

Selon le Forum de la Société civile de l’Afrique de l’Ouest, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest devraient « concentrer (leurs) ressources militaires à la lutte contre les terroristes dans tout l’espace communautaire. »


Les chefs d'Etat du bloc ouest-africain à Abuja
 
LE FOSCAO DIT NON À TOUTE INTERVENTION MILITAIRE AU NIGER, LANCE UN APPEL À LA CEDEAO POUR UNE RÉSOLUTION PACIFIQUE, UNE MEILLEURE GOUVERNANCE ET L’OUVERTURE DE L’ESPACE CIVIQUE
 
Le Forum de la Société Civile de l’Afrique de l’Ouest (FOSCAO), suit de près la crise politique au NIGER, suite au coup d’État militaire survenu le 26 juillet 2023 qui a conduit au renversement du Président élu MOHAMMED BAZOUM. Lors de la réunion extraordinaire des chefs d’états du 29 Juillet 2023 à Abuja au Nigeria, la CEDEAO a, sans dialogue préalablement connu du public, immédiatement émis une série de sanctions contre le NIGER, y compris la menace d’intervention militaire.
 
Considérant que :
 
a. Le FOSCAO condamne tout coup d’état aussi bien militaire, constitutionnel ou électoral
 
b. L’article 58 du traité révisé de la CEDEAO a des provisions quant à la sécurité régionale et que la CEDEAO s’est dotée d’un cadre de prévention des conflits (CPCC, ECPF) depuis 2008, ainsi que l’article 13 du traité révisé de la CEDEAO a créé le parlement de La CEDEAO
 
c. Les États membres de la CEDEAO sont tenus de se conformer aux instruments légaux internationaux et régionaux, notamment le « Protocole de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance » et la « Charte africaine de la démocratie, des élections et de la bonne gouvernance (ACDEG) ».
 
d. Le président de la Commission de l'Union Africaine a nommé, le 21 Janvier 2023, le Dr Mohamed Ibn Chambas comme haut représentant pour ‘’faire taire les armes’’ (Silencing the Guns)
 
e. Les Nations Unies (ONU) dont tous les états de la CEDEAO sont membres, prévoit des outils et mécanismes de résolution des conflits. Les chapitres 6, 7 et 8 de La Charte des Nations Unies ont des dispositions respectivement sur le Règlement pacifique des différends; l’action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression; et les Accords régionaux.
 
Réaffirmant ses plus profondes préoccupations face aux trop nombreux problèmes non encore résolus qui rongent la région et qui affectent négativement la vie des citoyens :
 
a. Une exploitation inéquitable des ressources naturelles qui ne sont ni transformés localement et qui profitent pas aux citoyens, ainsi que l’extrémisme terroriste et les conséquences des changements climatiques sans oublier les conditions discutables des femmes et des enfants
 
b. Un traitement inhumain et raciste des citoyens, femmes et enfants, dits migrants, dans plusieurs pays méditerranéens
 
c. Des problèmes de corruptions généralisées, notamment aux frontières terrestres, empêchant la libre circulation des personnes, des biens et services, freinant ainsi l’intégration régionale
 
d. La répétition des coups d’États aussi bien militaires, constitutionnels, et électoraux, situation symptomatique d’un malaise profond, résultant d’une crise de gouvernance, de corruption endémique, de restriction de l’espace civique et politique, une instrumentalisation de la justice dans les États pour bloquer des adversaires politiques, ou pour emprisonner des journalistes et des citoyens ayant des opinions différentes des pouvoirs, avec des prisonniers et exilés politiques et d’une politisation extrême des armées nationales, ainsi que des administrations publiques qui devraient demeurer neutres et républicaines.
 
Au regard de ce qui précède, le FOSCAO :
 
1. En appelle à la CEDEAO ainsi qu’à toutes les parties prenantes à respecter les instruments légaux et cadres de prévention existants et à privilégier les modes de règlement pacifique des différends que sont les bons offices, la médiation, la conciliation et la facilitation basés sur le dialogue, la négociation et l'arbitrage;
 
2. Dit NON à toute intervention militaire au NIGER et en appelle à la CEDEAO à privilégier une solution pacifique entre Nigériens. Dans ce pays déjà confronté à l'insécurité terroriste, une quelconque intervention militaire le précipiterait dans un chaos indescriptible, avec le risque de prolifération des armes et d’effondrement des pays côtiers, sans oublier le risque de créer une ‘’seconde LYBIE’’ et celui d’exposer toute la région à une autre forme de colonisation par des forces extérieures qui n’attendent que cette opportunité. Le FOSCAO rappelle la sagesse qui dit : ‘’On sait quand une guerre commence et on ne sait pas quand cela se termine’’
 
3. En appelle à la CEDEAO à concentrer ses ressources militaires à la lutte contre les terroristes dans tout l’espace communautaire
 
4. Lance un appel à privilégier des sanctions ciblées qui n’aggravent pas la situation socio-économique déjà précaire des citoyens
 
5. Lance un vibrant appel à la CEDEAO et aux Chefs d’États à œuvrer pour une amélioration immédiate, inclusive et durable de la gouvernance démocratique, de la lutte anti-corruption, de la protection des droits de l’homme, une meilleure ouverture de l’Espace civique et politique afin de contribuer de manière plus effective à la co-construction d’une véritable CEDEAO des Peuples, telle qu’exprimée dans sa Vision 2050
 
a. Élections libres inclusives et transparentes (des lois et listes électorales consensuelles) avec une indépendance de la justice (sans instrumentalisation de la justice au service des pouvoirs et éviter des élections sans oppositions)
 
b. Ouverture de l’espace civique (liberté d’association, liberté de réunion, liberté de presse et d’expression), et libération des prisonniers politiques et retour des exilés politiques
 
c. Inclusion active de son Parlement, de la société civile, des leaders religieux et traditionnels à la construction et la mise en œuvre des solutions
 
6. Lance un appel à la CEDEAO à finaliser le ‘’processus de révision du protocole additionnel de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance’’, tel que décidé par le sommet extraordinaire des chefs d’états, le 16 Septembre 2021 à Accra, Ghana.
 
7. En appelle à l’Union Africaine (UA) de réellement mettre en pratique le thème faire taire les armes
 
8. Lance un appel à l’accélération du développement économique et social inclusif et durable, un meilleur contrôle et une transformation locale des matières premières et des ressources naturelles de la région au profit des citoyens ainsi que la mobilisation de la CEDEAO avec davantage de dynamisme, pour le règlement des problèmes structurels de la région qui impactent très négativement la vie des citoyens
 
9. Demeure saisi de la situation du NIGER et invite l’ensemble des organisations de la société civile à contribuer activement au dialogue, la paix et la cohésion sociale.
 
10. Affirme son entière disponibilité à contribuer, aux côtés de la CEDEAO, du peuple du NIGER et de toutes les parties prenantes, à la paix, à un retour à l’ordre constitutionnel, au développement socioéconomique et à la cohésion sociale.
 
 
 
 
 
 
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