Niger : les militaires au pouvoir s'en prennent à la France à la veille d'un important sommet de la Cedeao

Mercredi 9 Aout 2023

Les militaires qui ont pris le pouvoir par un coup d'Etat à Niamey ont accusé mercredi la France, normalement un allié du Niger, d'avoir libéré des jihadistes et violé l'espace aérien du pays, à la veille d'un important sommet sur cette crise.
 
Les dirigeants des pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), opposés au coup d'Etat au Niger, donnent toujours la priorité à la diplomatie, tout en maintenant la menace d'intervention armée.
 
Ils doivent se réunir jeudi lors d'un sommet de la Cedeao à Abuja, la capitale du Nigeria, pour évaluer la situation au Niger.
 
Mercredi soir, un ex-émir de l'Etat de Kano (nord du Nigeria) et proche du président nigérian Bola Tinubu, qui dirige actuellement la Cedeao, a tenté une médiation avec le régime militaire à Niamey.
 
"Nous avons parlé avec le chef de l'Etat", le général Abdourahamane Tiani, nouvel homme fort du Niger, et "nous allons retourner au Nigeria pour transmettre au président" Bola Tinubu un "message" du général, a déclaré l'ex-émir, Sanusi Lamido Sanusi, à la télévision nationale nigérienne.
 
Mardi, une délégation conjointe de la Cedeao, de l'Union africaine (UA) et de l'ONU n'avait pu se rendre à Niamey, sa mission ayant été annulée par les militaires pour des raisons de "sécurité", face à la "colère" des "populations".
 
Le report de la visite de cette délégation s'ajoutait à un autre signe de défiance des nouveaux dirigeants nigériens: la nomination lundi soir d'un Premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine, qui semble être la première étape vers la désignation d'un gouvernement de transition.
 
S'envolant pour Abuja mercredi soir, le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo a lancé: "Le seul président que nous reconnaissons (au Niger), c'est (le président renversé Mohamed) Bazoum".
 
"Si vous ne voulez pas d'un gouvernement ou d'un président, sanctionnez-le par les urnes (...) Les coups d'Etat doivent être bannis", a-t-il ajouté, estimant que la Cedeao, dont son pays et le Niger font partie, jouait son existence après les putsch dans trois autres Etats membres (Mali, Guinée, Burkina Faso) depuis 2020.
 
Mercredi, le régime militaire a accusé la France d'avoir violé dans la matinée l'espace arien nigérien, fermé depuis dimanche, avec un avion de l'armée française venu du Tchad, et d'avoir "libéré des terroristes".
 
Sans faire de lien direct avec cette "libération" de jihadistes, mais dans un même communiqué, le régime nigérien a annoncé que, mercredi matin, "la position de la garde nationale de Boukou", dans la zone des trois frontières entre Niger, Burkina Faso et Mali, "a fait l'objet d'une attaque" dont "le bilan n'est pas encore établi".
 
"Nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays", affirme le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au pouvoir à Niamey, dont le but est de le "discréditer" et de "créer une rupture avec le peuple qui le soutient, de créer un sentiment d'insécurité généralisée".
 
Des accusations aussitôt démenties par Paris. "Le vol effectué ce matin (mercredi) a été autorisé et coordonné avec l'armée nigérienne", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale française. "Et aucun terroriste n'a été libéré par les forces françaises". (AFP)
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