Napoléon Bonaparte
La fondation pour la mémoire de l’esclavage dénonce l’«ambition impériale» de l’homme d’État français qui a rétabli la traite négrière après son abolition en 1802.
Napoléon Bonaparte a rétabli sans état d’âme en 1802 l’esclavage aboli par la révolution française, laissant s’instaurer un régime colonial plus ségrégationniste que sous la monarchie, a dénoncé vendredi une fondation. L’esclavage restera ensuite en vigueur jusqu’à son abolition définitive en 1848.
«Napoléon a agi comme il l’a fait en toutes choses: sans affect et sans morale», a indiqué le président de la fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME), l’ancien premier ministre français Jean-Marc Ayrault. «Cette décision n’est pas un ‘accident de parcours’, mais s’inscrit dans sa pratique du pouvoir et dans son ambition impériale».
Intitulée «Napoléon colonial – 1802, le rétablissement de l’esclavage», cette note, rédigée par quatre historiens, démontre comment cette mesure s’inscrivait dans la politique coloniale américaine du premier consul, qui rêvait de faire du golfe du Mexique «une mer française». Elle décrit pour les Noirs le retour vers un régime plus sévère que sous l’ancien régime.
Un moyen au service d’un rêve
«Napoléon veut agrandir l’empire colonial français: c’est son rêve américain. Pour lui, le rétablissement de l’esclavage n’est qu’un moyen au service de ce rêve colonial». Selon Jean-Marc Ayrault, «Napoléon est un cynique. Il n’est ni un idéologue raciste, comme les colons qui l’entourent, ni un humaniste abolitionniste, comme l’abbé Grégoire qui s’oppose à lui».
Cette note des historiens Marcel Dorigny, Bernard Gainot, Malick Ghachem et Frédéric Régent retrace une histoire complexe. L’esclavage est aboli en 1794 par la convention, mais la mesure n’est pas appliquée partout.
La loi du 20 mai 1802 prévoit le maintien de l’esclavage là où il n’a pas été aboli: à la Réunion, où les colons n’avaient pas obéi à la convention et en Martinique, qui avait été sous domination anglaise. En Guadeloupe, Bonaparte rétablit l’esclavage, une mesure également appliquée en Guyane.
Revendications des colons racistes
En rétablissant l’esclavage, Bonaparte donne raison aux revendications des colons racistes, qui voulaient un ordre ségrégationniste plus dur que sous l’ancien régime. Ils craignaient les rébellions comme celle de Saint-Domingue, où naîtra la République d’Haïti en 1804.
«Napoléon ne fait pas que rétablir l’esclavage. Par des textes spécifiques […] il s’en prend aussi aux ‹libres de couleur’ [ les Noirs affranchis, ndlr]. Leurs droits sont diminués. Les mariages mixtes sont interdits. Le métissage est condamné», relève l’ancien premier ministre. (ATS)
Napoléon Bonaparte a rétabli sans état d’âme en 1802 l’esclavage aboli par la révolution française, laissant s’instaurer un régime colonial plus ségrégationniste que sous la monarchie, a dénoncé vendredi une fondation. L’esclavage restera ensuite en vigueur jusqu’à son abolition définitive en 1848.
«Napoléon a agi comme il l’a fait en toutes choses: sans affect et sans morale», a indiqué le président de la fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME), l’ancien premier ministre français Jean-Marc Ayrault. «Cette décision n’est pas un ‘accident de parcours’, mais s’inscrit dans sa pratique du pouvoir et dans son ambition impériale».
Intitulée «Napoléon colonial – 1802, le rétablissement de l’esclavage», cette note, rédigée par quatre historiens, démontre comment cette mesure s’inscrivait dans la politique coloniale américaine du premier consul, qui rêvait de faire du golfe du Mexique «une mer française». Elle décrit pour les Noirs le retour vers un régime plus sévère que sous l’ancien régime.
Un moyen au service d’un rêve
«Napoléon veut agrandir l’empire colonial français: c’est son rêve américain. Pour lui, le rétablissement de l’esclavage n’est qu’un moyen au service de ce rêve colonial». Selon Jean-Marc Ayrault, «Napoléon est un cynique. Il n’est ni un idéologue raciste, comme les colons qui l’entourent, ni un humaniste abolitionniste, comme l’abbé Grégoire qui s’oppose à lui».
Cette note des historiens Marcel Dorigny, Bernard Gainot, Malick Ghachem et Frédéric Régent retrace une histoire complexe. L’esclavage est aboli en 1794 par la convention, mais la mesure n’est pas appliquée partout.
La loi du 20 mai 1802 prévoit le maintien de l’esclavage là où il n’a pas été aboli: à la Réunion, où les colons n’avaient pas obéi à la convention et en Martinique, qui avait été sous domination anglaise. En Guadeloupe, Bonaparte rétablit l’esclavage, une mesure également appliquée en Guyane.
Revendications des colons racistes
En rétablissant l’esclavage, Bonaparte donne raison aux revendications des colons racistes, qui voulaient un ordre ségrégationniste plus dur que sous l’ancien régime. Ils craignaient les rébellions comme celle de Saint-Domingue, où naîtra la République d’Haïti en 1804.
«Napoléon ne fait pas que rétablir l’esclavage. Par des textes spécifiques […] il s’en prend aussi aux ‹libres de couleur’ [ les Noirs affranchis, ndlr]. Leurs droits sont diminués. Les mariages mixtes sont interdits. Le métissage est condamné», relève l’ancien premier ministre. (ATS)