Nouveau membre de la famille Airbus: l'A220, ex-CSeries de Bombardier

Mardi 10 Juillet 2018

Airbus a accueilli mardi officiellement un nouveau membre dans sa famille de monocouloirs avec l'arrivée à Toulouse du CSeries, rebaptisé A220, le programme de Bombardier dont l'avionneur européen a pris une participation majoritaire et annoncé un premier protocole d'accord pour 60 appareils avec la compagnie américaine JetBlue.

L'avion, avec sa livrée aux couleurs d'Airbus, s'est posé en milieu de journée sur le tarmac du site du géant européen.

Dans les 20 ans à venir, les deux avionneurs espèrent vendre "au moins 3.000" exemplaires de cet appareil qui vient compléter le bas de la gamme monocouloir d'Airbus, soit 50% du marché mondial estimé pour ce type d'avion, ont-ils indiqué lors de la cérémonie organisée à cette occasion.

"C'est un accord gagnant-gagnant. On élargit la gamme, on couvre un segment de marché beaucoup plus large", a déclaré Guillaume Faury, patron de la branche aviation commerciale d'Airbus.

Airbus et Bombardier avaient annoncé leur rapprochement spectaculaire en octobre, permettant au programme CSeries en difficulté de s'appuyer sur la force commerciale d'Airbus dans le monde pour décoller commercialement.

"L'avantage pour Bombardier, c'est de trouver un avenir à cet avion avec Airbus", a expliqué M. Faury.

Dans la soirée, le constructeur a annoncé la signature avec la compagnie JetBlue d'un premier protocole d'accord pour l'achat de 60 A220-300 au prix catalogue de 5,370 milliards de dollars.

Un peu plus tôt, au Québec, le Premier ministre, Philippe Couillard, avait concédé que "cela nous fait tous quelque chose. Toute cette histoire cause chez nous un petit deuil". Son gouvernement avait injecté 1 milliard de dollars américains dans Bombardier pour sauver le CSeries fin 2015.

Mais "il n'y avait pas d'alternative", a-t-il relativisé. "Il n'y avait pas de futur réaliste pour que Bombardier vende seul ces avions sur le marché international des compagnies aériennes, avec des géants comme Airbus et Boeing et les groupes chinois".

"L'important pour nous, c'est de conserver l'excellence du secteur aéronautique de Montréal, les emplois, l'activité à Mirabel", a-t-il tranché en référence aux 2.000 emplois générés par la ligne d'assemblage au nord de la capitale économique du Québec.

- Effet d'échelle -

Le dernier arrivé dans la gamme Airbus se compose de deux appareils: l'A220-100 et l'A220-300, en remplacement des actuels CSeries 100 et 300, d'une capacité de 100 à 150 sièges.

Ils se positionnent en dessous de la famille A320, l'appareil à succès d'Airbus sur le moyen-courrier, d'une capacité de 140 à 240 sièges.

Dans la foulée de ce partenariat entre l'européen et le canadien, Boeing a annoncé un protocole d'accord lui permettant de s'emparer de la totalité des activités civiles du brésilien Embraer, pour 3,8 milliards de dollars. Il se positionne ainsi face à son rival Boeing avec les ERJ et E2 d'Embraer, de 70 à 150 sièges.

"Il semblerait que ce qu'a fait Airbus avec Bombardier donne du souci aux autres industriels concernés et Boeing est en train de voir comment il va pouvoir réagir", s'est amusé M. Faury.

Airbus compte aussi sur les synergies et l'effet de masse auprès de sa chaîne d'approvisionnement pour réduire les coûts de production de l'appareil, qui n'a pas encore enregistré le succès commercial espéré.

A ce jour, 402 exemplaires ont été commandés et 38 appareils livrés à trois opérateurs.

Le premier CSeries 100 a été mis en service en 2016 par la compagnie Swiss, tandis que Air Baltic a été la compagnie de lancement du CSeries-300.

Les deux partenaires visent notamment le marché nord-américain, où le CSeries a remporté un premier succès auprès de la compagnie Delta Air Lines, avec une commande de 75 appareils.

Avec Airbus, "l'effet d'échelle est beaucoup plus large parce que nous avons une base de fournisseurs qui est très importante", a souligné M. Faury. Selon lui, la réduction des coûts de production de l'appareil est "un des objectifs prioritaires de ce programme" pour assurer sa rentabilité.

La valeur au prix catalogue de l'A220-100 est de 79,5 millions de dollars et de 89,5 millions pour l'A220-300.

Après Mirabel, une seconde ligne d'assemblage sera installée à Mobile (Alabama, sud des Etats-Unis), afin de servir le marché américain.
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