Nouvelle-Calédonie - Victoire écrasante du non à l’indépendance sur fond d’abstention record

Dimanche 12 Décembre 2021

Les partis indépendantistes avaient appelé à boycotter le scrutin faute d’en avoir obtenu un report.
 
Le non à l’indépendance l’emporte de manière écrasante dimanche lors du troisième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie, marqué par une abstention record après l’appel des indépendantistes à bouder le scrutin, selon les résultats partiels.
 
À 84% du dépouillement des bulletins de vote, le non à l’indépendance de cet archipel français stratégique du Pacifique-Sud l’emporte à 96%, selon la chaîne de télévision NC la 1ère.
 
Le taux de participation au référendum sur l’indépendance en Nouvelle-Calédonie, petit territoire français du Pacifique, s’élevait à 41,60% à 17h00 (7h00, heure suisse), selon le Haut-commissariat, en très forte baisse par rapport aux deux précédents référendums, conséquence de l’appel à bouder le scrutin des indépendantistes. Ce référendum est le dernier d’une série de trois consultations. Lors de la première, en 2018, la participation à 17h00 s’établissait à 73,68% et elle était de 79,63% en 2020.
 
Cette fois, les indépendantistes ont décidé de ne pas participer au vote dont ils souhaitaient le report à septembre 2022, invoquant l’impossibilité d’organiser «une campagne équitable» alors que l’archipel est touché depuis septembre par l’épidémie de Covid-19 et que la population kanak est plongée dans le deuil.
 
Dans la commune indépendantiste de Thio, «le mot d’ordre a été suivi. Il y a quand même eu des votants, mais à 14h00, on (était) à 20% de participation, alors qu’on avait dépassé les 50% à cette heure, lors des derniers référendums», constate le maire Jean-Patrick Toura.
 
Dans la ville de Nouméa, tous les bureaux voient leur participation reculer, mais elle s’effondre carrément dans certains bureaux comme celui situé dans le quartier populaire de Kaméré qui est passé d’une participation de 66,8% à 16h00 en 2020 à 21,9% dimanche à la même heure. Les électeurs ont jusqu’à 19h00 (09h00, heure suisse) à Nouméa pour venir dire s’ils souhaitent que la Nouvelle-Calédonie «accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante».
 
«Un jour normal»
 
Des moyens exceptionnels – 2000 gendarmes et policiers, 130 véhicules, 30 engins blindés, et des moyens aériens – sont sur le terrain «pour bleuir le territoire» selon les termes du haut-commissaire de la République. Le Haut-commissariat a indiqué en fin de matinée que «les opérations électorales se déroulaient sans incidents».
 
«Pour nous, c’est un jour normal. On ne comprend pas ce déploiement de forces de police et de militaires alors qu’il ne se passe rien (…) on dirait qu’il y a la guerre», déclarent à l’AFP des jeunes à Montravel, cité populaire kanak au Nord de Nouméa, assis sous un flamboyant en fleurs, et qui se disent plus préoccupés par l’alerte pré-cyclonique déclarée dimanche matin que par le scrutin. «On dirait Montravel au moment des événements» des années 1980, déclare Irène, responsable d’association, qui vient d’aller mettre son bulletin de vote dans l’urne.
 
«Une vie ensemble»
 
Ce référendum s’inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de violences entre les Kanak, peuple premier, et les Caldoches, d’origine européenne.
 
Ces affrontements avaient culminé avec la prise d’otages et l’assaut de la grotte d’Ouvéa en mai 1988 (25 morts). Quel que soit le résultat du référendum, «le jour d’après il y aura une vie ensemble» avec la France, notamment «compte tenu de la réalité géopolitique de la région», a ainsi assuré jeudi le président Emmanuel Macron.
 
En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l’État qu’après le 12 décembre s’ouvrirait «une période de stabilité et de convergence» avant un «référendum de projet» d’ici juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la constitution d’un nouvel État et, en cas de non, sur un nouveau statut dans la République.
 
Le dialogue ne sera cependant pas si facile, le FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi qu’ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l’élection présidentielle française, en avril 2022. La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser de l’ONU. (AFP)
 
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