OFNAC, le jeu du faire-semblant

Mardi 16 Octobre 2018

Comme prévu depuis le limogeage de Nafi Ngom Keïta, l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) semble bel et bien mort. Son rapport d'activités publié ce 15 octobre 2018 après deux ans de vide est explicite: ce n'est pas avec et sous Macky Sall que la lutte contre la corruption fera des progrès décisifs au Sénégal en dépit des lois sur la transparence votées à l'assemblée nationale.

Dépourvu d’une volonté ferme de s’attaquer aux corrupteurs et corrompus qui squattent les étages de la République et de l’Etat, le machin qui avait tant donné des promesses à l’avènement de l’actuel chef de l’Etat est condamné en haut lieu - mais avec son consentement - à privilégier des problématiques administratives et domestiques pour ne pas franchir la ligne rouge qui lui a été tracée. Il est devenu un objet impuissant.

De fait, comme l’autre l’a dit et fait de son côté, l’Ofnac s’emploie à mettre sous le coude tous les dossiers susceptibles de fâcher des pontes qu’il va protéger en fin de compte.

Disons-le net : ce rapport est indigne d’une institution dans un pays pauvre gangrené par les corruptions en tous genres et où les délinquants en boubou et costume-cravate font la pluie et le beau temps grâce à des réseaux qui leur assurent protection et survie contre soumission par ailleurs. Ces messieurs et dames qui font semblant de combattre la corruption en profitant des largesses permises par la trop grande abondance de nos deniers devraient avoir la courtoisie - pour ne pas dire dignité - de démissionner pour incapacité chronique et de se confiner à leur giron professionnel d’origine. Ce serait tellement plus saint pour tout le monde !

De séminaires en voyages, de manifestations publiques contre la corruption en séances de thé-débat, de parrainages de matches de football en soutien à des associations religieuses, l’organe dirigé par la magistrate Seynabou Ndiaye Diakhaté nous reviendra sûrement l’année prochaine avec des dossiers explosifs qui vont secouer la République. Rêvons, d’autant plus que dans l'affaire «Petrotim Sénégal, Petrotim Limited, Timis Corporation et Kosmos Energy», «l’enquête suit son cours»… Rêvons !
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