« On devra sans doute battre en retraite », à Bakhmout, un soldat ukrainien raconte l'intensité des combats

Mercredi 1 Mars 2023

 
Soldats russes et ukrainiens se battent pour le contrôle de la ville de Bakhmout, dans le Donbass à l'est de l'Ukraine. Alex, un combattant ukrainien, livre le témoignage rare d'un combat qui tourne à l'avantage des Russes.
 
La bataille fait toujours rage pour le contrôle de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine. Les forces russes sont proches de prendre le contrôle de cette ville, devenue un symbole pour le contrôle du Donbass. Un combat dans lequel les forces ukrainiennes font face aux "plus grandes difficultés" admet le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui accuse la Russie d'envoyer massivement ses hommes à une mort certaine dans le seul but de s'emparer de cette localité symbolique, malgré une importance stratégique contestée par les experts.
 
Alex, un soldat ukrainien de 38 ans, lutte depuis des jours et des nuits entières pour tenir cette petite ville. Il décrit, dans un témoignage rare, une situation difficilement tenable :
 
"On tente de ralentir l'attaque russe, mais ils avancent... On devra sans doute battre en retraite".
 
Environ 5 000 civils dont 140 enfants sont toujours sur place, selon les autorités et 4 000 selon un porte-parole du Secrétaire général de l'ONU. Bakhmout, qui comptait 70.000 habitants avant la guerre, a été en grande partie détruite, les habitants restants se sont réfugiés dans des sous-sols et dans des abris.
 
Pas assez de munitions
 
Et le danger est constant dans cette ville du Donbass : "Les combats sont très différents de ce qu'ils étaient dans le Sud, parce que dans le Sud, nous avancions constamment", confie Alex. Or, cette fois, ce sont les forces russes qui encerclent cette ville-forteresse, que Volodymyr Zelensky s'était jurée de tenir "aussi longtemps que possible. "Ici, les Russes sont présents depuis très longtemps avec leur République séparatiste. Ils peuvent se ravitailler en armes, en nourriture, en munitions, et même en combattants", regrette-t-il.
 
Alex "remercie le ciel", car, lui, n'est pas dans les tranchées. Il se trouve un peu à l'arrière du front, où il tire des mortiers. Il n'empêche que le soldat dépeint un bilan humain très lourd.
 
"Il y a beaucoup de morts et de blessés dans notre bataillon. Des hommes sont tués et blessés chaque jour et chaque nuit..." (Alex, un soldat ukrainien à franceinfo).
 
Une situation extrêmement pénible pour le soldat ukrainien, qui estime que les soldats ne se sentent souvent pas suffisamment protégés par l’artillerie. Les munitions manquent en effet pour protéger correctement ses compagnons : "C'est difficile, surtout quand tu entends que des soldats ont besoin de l’aide de l’artillerie et que le commandant ne te donne pas l'ordre de tirer. Là, tu te dis, mais 'C’est quoi ce bordel, qu’est-ce qu’il fout ? On peut les aider maintenant ! Donnez-nous l’ordre de tirer !'" 
 
En cause : il faut économiser le stock de munitions, explique Alex. "On ne les utilise que lorsqu'il y a de grands groupes d'ennemis ou pour cibler des objets très importants. C’est seulement là qu’on nous autorise à tirer", avoue-t-il. Une situation qu'il juge "terrible" :
 
"C'est vraiment très difficile à accepter que des gens puissent être tués parce que vous ne les avez pas aidés", regrette Alex, pour qui abandonner Bakhmout n’est plus qu’une question de temps. (franceinfo)
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