Bercy, siège du ministère français de l'Economie
Ils portent des noms d'oiseau et de pierres précieuses, mais n'intéressent ni les ornithologues, ni les joailliers. Les modèles Mésange, Opale et Saphir aident les experts de Bercy à évaluer les politiques publiques et à bâtir leurs prévisions économiques.
"(1-σ)(w-e-pva) = θw(Tc+αc(petr-pva))+σwcfs-βu": voilà le type de gazouillis produits par le système Mésange, alias "Modèle économétrique de simulation et d'analyse générale de l'économie", utilisé par la Direction générale du Trésor et par l'Insee.
Du charabia pour le commun des mortels, mais une formule limpide pour Olivier Simon, chef de la division des études économiques à l'Insee, qui emploie cette équation pour calculer -dans un cadre simplifié- le taux de chômage de long terme.
Ce système "est de prime abord peu attractif", s'amuse ce polytechnicien en faisant défiler sur son écran d'ordinateur des formules statistiques portant sur la consommation, les salaires ou l'investissement. Mais au final, "ça donne de bons résultats", assure-t-il.
Quel sera l'impact de la baisse des cotisations sociales sur le pouvoir d'achat? Comment évoluera le produit intérieur brut français si le baril de pétrole augmente de 10 dollars? Que se passera-t-il si l'euro se renforce par rapport au dollar?
A toutes ces questions, Mésange apporte des réponses, sur la base de modèles statistiques mêlant "hypothèses sous-jacentes" et "équations de comportement" - elles-mêmes alimentées par des milliers de données empiriques.
"C'est un outil qui permet d'éclairer le travail des experts", souligne Michel Houdebine, chef économiste à la DG Trésor, organe de Bercy chargé de faire des prévisions économiques. "Le but n'est pas de prédire, mais de comprendre."
- "Clignotants partout" -
A la fois "simulateur" et "supercalculateur", Mésange a été mis au point en 2002 pour évaluer l'effet des politiques économiques sur la croissance et l'emploi. Régulièrement mis à jour, il s'appuie sur un ensemble de 1.800 équations, dont une cinquantaine "d'équations-clé".
"L'objectif, c'est d'obtenir un diagnostic des prévisions. On souhaite se rapprocher le plus possible de la réalité, même si cette dernière est toujours plus complexe que les modèles", explique Sébastien Roux, chef du département des études économiques de l'Insee.
Pour accomplir ce travail de fourmi, les économistes de l'Insee disposent de plusieurs outils: Mésange, bien sûr, mais aussi Inès, utilisé pour mesurer l'impact des réformes fiscales, et Destinie, dont les principales applications concernent les retraites.
Les fonctionnaires du Trésor, eux aussi, ont leurs modèles privilégiés: Opale, qui aide à élaborer des prévisions macroéconomiques de court terme, et Saphir, qui décrit l'impact des prestations sociales et des impôts sur les revenus des ménages.
"Dans les années 1970, on rêvait d'un modèle énorme, capable d'englober la réalité dans son ensemble, une sorte de gros ordinateur avec des clignotants partout", explique Sébastien Roux. "Mais on a vu que ces gros modèles ne marchaient pas si bien. Il vaut mieux s'appuyer sur des petits modèles, qui permettent de se concentrer sur la question posée."
- "cousu main" -
FMI, OCDE, banques centrales, OFCE... Des modèles de ce type, la quasi-totalité des organismes faisant de la prévision économique en utilisent. Ce qui ne veut pas dire que ces outils ont pris le pouvoir.
"Ces logiciels ne travaillent pas tout seuls: ce sont des outils au service des spécialistes", souligne Michel Houdebine. "Ce n'est pas +presse-bouton+. Il y a une interaction entre l'Homme et la machine", abonde Constance Valigny, sous-directrice des politiques macroéconomiques au Trésor.
Les modèles économétriques, de fait, ne sont pas infaillibles. Surtout, ils sont inopérants pour anticiper certains phénomènes, notamment ceux relevant de l'"accident".
"Ces outils sont sophistiqués, et très utiles. Mais ils sont complètement assis sur le passé. Du coup, ils ne permettent pas d'anticiper les retournements de conjoncture", explique Sébastien Roux.
Une raison de plus, aux yeux des prévisionnistes, pour les utiliser avec prudence. "Pour les prévisions, on fait plutôt du cousu main, poste par poste. C'est ce qui marche le mieux", note Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l'Insee.
"Pour nous, l'élément central de la prévision, ce sont les +enquêtes de conjoncture+", basées sur l'opinion des entreprises et des ménages. "Les modèles viennent en complément." (AFP)
"(1-σ)(w-e-pva) = θw(Tc+αc(petr-pva))+σwcfs-βu": voilà le type de gazouillis produits par le système Mésange, alias "Modèle économétrique de simulation et d'analyse générale de l'économie", utilisé par la Direction générale du Trésor et par l'Insee.
Du charabia pour le commun des mortels, mais une formule limpide pour Olivier Simon, chef de la division des études économiques à l'Insee, qui emploie cette équation pour calculer -dans un cadre simplifié- le taux de chômage de long terme.
Ce système "est de prime abord peu attractif", s'amuse ce polytechnicien en faisant défiler sur son écran d'ordinateur des formules statistiques portant sur la consommation, les salaires ou l'investissement. Mais au final, "ça donne de bons résultats", assure-t-il.
Quel sera l'impact de la baisse des cotisations sociales sur le pouvoir d'achat? Comment évoluera le produit intérieur brut français si le baril de pétrole augmente de 10 dollars? Que se passera-t-il si l'euro se renforce par rapport au dollar?
A toutes ces questions, Mésange apporte des réponses, sur la base de modèles statistiques mêlant "hypothèses sous-jacentes" et "équations de comportement" - elles-mêmes alimentées par des milliers de données empiriques.
"C'est un outil qui permet d'éclairer le travail des experts", souligne Michel Houdebine, chef économiste à la DG Trésor, organe de Bercy chargé de faire des prévisions économiques. "Le but n'est pas de prédire, mais de comprendre."
- "Clignotants partout" -
A la fois "simulateur" et "supercalculateur", Mésange a été mis au point en 2002 pour évaluer l'effet des politiques économiques sur la croissance et l'emploi. Régulièrement mis à jour, il s'appuie sur un ensemble de 1.800 équations, dont une cinquantaine "d'équations-clé".
"L'objectif, c'est d'obtenir un diagnostic des prévisions. On souhaite se rapprocher le plus possible de la réalité, même si cette dernière est toujours plus complexe que les modèles", explique Sébastien Roux, chef du département des études économiques de l'Insee.
Pour accomplir ce travail de fourmi, les économistes de l'Insee disposent de plusieurs outils: Mésange, bien sûr, mais aussi Inès, utilisé pour mesurer l'impact des réformes fiscales, et Destinie, dont les principales applications concernent les retraites.
Les économistes de l'Insee disposent de plusieurs outils: Mésange, bien sûr, mais aussi Inès, utilisé pour mesurer l'impact des réformes fiscales, et Destinie, dont les principales applications concernent les retraites / © AFP/Archives / THOMAS SAMSON
"Dans les années 1970, on rêvait d'un modèle énorme, capable d'englober la réalité dans son ensemble, une sorte de gros ordinateur avec des clignotants partout", explique Sébastien Roux. "Mais on a vu que ces gros modèles ne marchaient pas si bien. Il vaut mieux s'appuyer sur des petits modèles, qui permettent de se concentrer sur la question posée."
- "cousu main" -
FMI, OCDE, banques centrales, OFCE... Des modèles de ce type, la quasi-totalité des organismes faisant de la prévision économique en utilisent. Ce qui ne veut pas dire que ces outils ont pris le pouvoir.
"Ces logiciels ne travaillent pas tout seuls: ce sont des outils au service des spécialistes", souligne Michel Houdebine. "Ce n'est pas +presse-bouton+. Il y a une interaction entre l'Homme et la machine", abonde Constance Valigny, sous-directrice des politiques macroéconomiques au Trésor.
Les modèles économétriques, de fait, ne sont pas infaillibles. Surtout, ils sont inopérants pour anticiper certains phénomènes, notamment ceux relevant de l'"accident".
"Ces outils sont sophistiqués, et très utiles. Mais ils sont complètement assis sur le passé. Du coup, ils ne permettent pas d'anticiper les retournements de conjoncture", explique Sébastien Roux.
Une raison de plus, aux yeux des prévisionnistes, pour les utiliser avec prudence. "Pour les prévisions, on fait plutôt du cousu main, poste par poste. C'est ce qui marche le mieux", note Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l'Insee.
"Pour nous, l'élément central de la prévision, ce sont les +enquêtes de conjoncture+", basées sur l'opinion des entreprises et des ménages. "Les modèles viennent en complément." (AFP)