Ousmane Sonko, un chef de l’opposition sous contrôle judiciaire

Lundi 8 Mars 2021

Le face à face entre le doyen des juges d’instruction Samba Sall et Ousmane Sonko était attendu. Sa garde à vue ayant été levée hier nuit, le président du Parti des patriotes du Sénégal pour l’éthique et la fraternité (Pastef) a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire, selon Me Cheikh Khoureyssi Bâ, un de ses avocats cités par les médias. 

Cette double mesure judiciaire va contraindre Ousmane Sonko à se présenter à un juge où à un officier de police judiciaire (police ou gendarmerie) le dernier vendredi de chaque mois. Il devra également signaler tout changement de domicile ou de résidence et demander une autorisation de sortie du territoire avant toute sortie su territoire national. Cela dans l’attente d’un procès éventuel en flagrant délit. 

Son inculpation par le doyen des juges concerne le dossier de viol présumé qui l'oppose à une masseuse d'un salon de massage qu'il fréquentait. La plaignante, Adji Sarr, avait porté plainte contre le leader du Pastef à la gendarmerie de Colobane pour "viols répétitifs" et "menaces de mort".

Le 3 mars dernier, alors qu’il était en chemin pour répondre à la convocation du juge du 8e cabinet Mamadou Seck relative à ce dossier de moeurs, Ousmane Sonko avait été arrêté par des éléments de la gendarmerie d’élite et déposé à la Section de recherches de Colobane. 

Dimanche 7 mars, le capitaine de gendarmerie Oumar Touré, auteur des enquêtes ayant révélé l’affaire au début du mois de février, a annoncé avec fracas sa démission, dénonçant au passage les attitudes du ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome, du ministre de la Justice Malick Sall et du procureur de la république Serigne Bassirou Guèye, dont il réclame les départs. Auparavant, c’est le juge Mamadou Seck, à l’origine en charge du dossier de viol présumé, qui avait jeté l’éponge pour «convenances personnelles» et «raisons familiales».

Il reste à savoir dans quelle mesure Ousmane Sonko va affronter sa nouvelle posture de «client» de Dame justice et quelles en seraient les conséquences sur ses activités politiques. Son état d’esprit combattif et offensif souffrira-t-il d’une nouvelle donne à intégrer dans un agenda où les élections municipales et départementales (renvoyées aux calendes grecques) seront un test important dans l’optique de la présidentielle de février 2024 ? Du travail en perspective et des nuits blanches pour celui auquel il sera désormais difficile de dénier le statut de chef de l’opposition sénégalaise.
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