Le panel du PPLAAF. Daouda Touré, Fadel Barro, Mbaye Sylla Khouma et Ben Makhtar Diop (g. à d.)
« Si on ne règle pas la question fondamentale de la gouvernance, il n’y aura pas de solution aux problèmes d’emploi dans notre pays. » L’avertissement (re)lancé par l’agroéconomiste et consultant sénégalais Mbaye Sylla Khouma a été au cœur du débat suscité ce vendredi par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) sur le thème ; « Lanceurs d’alerte anonymes au Sénégal : le cas des révélations sur le Prodac. » Cette actualité récente du Programme des domaines agricoles communautaires a ainsi permis de dresser le portrait-robot de ce qui ne doit jamais être fait en termes de management. Une piqûre de rappel à l’endroit du président de la république et du gouvernement après le scandale retentissant généré par la gestion politicienne du Prodac.
Outre Khouma, le panel animé par le coordonnateur du PPLAAF Fadel Barro a accueilli Daouda Touré, un ex agent du Prodac remercié « sans indemnités » comme beaucoup d’autres travailleurs du programme, et le journaliste Ben Makhtar Diop, auteur des révélations qui ont installé le scandale sur la place publique. Ce dernier, en une demi-heure, a replongé l’assistance dans les coulisses de l’affaire et pointé du doigt les fautes imputées à chacun des protagonistes. Ce sont le ministre de tutelle d’alors Mame Mbaye Niang, le coordonnateur Jean-Pierre Senghor et son successeur Mamina Daffé, « Green 2000 », la société israélienne attributaire du marché et Ibrahima Cissé, patron de la société TIDA qui devait assurer la prise en charge des équipements de Green 2000, ainsi que le cabinet Locafrique.
https://www.impact.sn/RAPPORT-DE-L-INSPECTION-GENERALE-DES-FINANCES-IGF-PRODAC-Le-festin-d-une-bande-de-copains_a9392.html
Avec une enveloppe de 29 milliards de francs CFA dont la gestion est assurée par la compagnie de crédit-bail Locafrique, le Prodac avait pour ambition de promouvoir l’emploi des jeunes en milieu rural grâce à l’aménagement de 30 mille hectares dans 10 terroirs à travers le pays en visant à terme l’insertion de 300 mille jeunes dans le secteur agricole. Dans les faits, le programme est sous la tutelle politique du ministre de la Jeunesse d’alors, Mame Mbaye Niang. Emporté par le scandale en même temps que le coordonnateur Jean-Pierre Senghor, il a été plus tard parachuté chef de cabinet du président de la république.
« Ce projet ne devait jamais être logé au ministère de la Jeunesse mais à l’Agriculture. Il devait être celui des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture. L’Etat aurait pu signer avec elles des contrats de performance par la mise en place d’un tissu de petites et moyennes entreprises agricoles et industrielles (PME et PMI) capables non seulement de satisfaire le marché intérieur mais aussi d’assurer l’exportation de nos produits à travers le monde… Malheureusement, les erreurs du passé ont été répétées», regrette Mbaye Sylla Khouma.
https://www.impact.sn/Cinq-mois-apres-sa-demission-spectacle-le-Ministre-Mame-Mbaye-Niang-sort-du-bois_a11794.html
La capacité de génération d’emplois à partir des domaines agricoles communautaires (DAC) était d’autant plus attendue que, rappelle le consultant, 13 à 16 millions de jeunes africains arrivent chaque année sur le marché continental dont une fourchette d’environ 350 mille Sénégalais. Or, l’offre disponible dans notre pays tournerait autour de 60 mille postes seulement par an. Un gap colossal que la « gestion politicienne » du Prodac ne contribuera pas à combler de manière significative. Mais les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, a souligné Senghane Senghor, conseiller juridique à la Rencontre africaine de défense des droits de l’Homme (Raddho).
« Le facteur évaluation ne semble plus de cours dans ce pays. Si les autorités sénégalaises avaient pris le temps et le soin de visiter le passé, elles auraient su que les domaines agricoles communautaires ont existé, en particulier dans la région de Casamance, sous le régime du président Senghor. On n’en a tiré aucune leçon ! Alors les pouvoirs se succèdent, les scandales aussi », s’est désolé Senghor lors du panel de PPLAAF.
https://www.impact.sn/Scandale-du-Prodac-le-temps-des-pilleurs-de-deniers-publics_a9572.html
La gestion verticale et autoritaire du ministre d’alors, la violation des procédures et le silence passif du président de la république ont engendré une suppression inattendue d’emplois parmi les agents du programme. A ce titre, Daouda Touré et plusieurs travailleurs ont été écartés « sans indemnités de précarité ». A son arrivée, le nouveau directeur général Pape Malick Ndour a pourtant mis en œuvre un programme de recrutements d’agents pour certains domaines communautaires comme Keur Momar Sarr ou Sédhiou, s’insurge Touré.
« Nous avons porté l’affaire au tribunal car nous estimons avoir subi un préjudice moral et financier. Mais le directeur général n’a jamais daigné se présenter à la barre pour s’expliquer. Pourquoi n’a-t-il pas jugé plus pertinent de consolider les emplois déjà existants ? Nous en appelons au président de la république pour mettre fin à notre traversée du désert, mais aussi pour placer de vrais professionnels à des postes comme la direction générale du Prodac. »
Depuis l’éclatement de l’affaire en juin 2018, aucun des responsables liés au scandale du Prodac n’a fait l’objet de sanctions judiciaires alors que les fautes pointées par l’Inspection générale des finances (IGF) sont béantes dans le rapport parvenu au ministre de l’Economie, des Finances et du Plan de l’époque, Amadou Bâ. Un jeu de chaises musicales a permis de redistribuer les responsabilités sur la base de considérations strictement politiques.
En organisant une réflexion théorique rattachée à un cas pratique de mauvaise gouvernance des deniers publics comme celui du Prodac, la PPLAAF fait un pari : susciter la culture du lancement d’alerte dans les entreprises nationales. En cela, « la plateforme est un outil d’encadrement et de protection en faveur des citoyens désireux de révéler des cas réels et documentés de prévarication contre l’intérêt général », a expliqué Fadel Barro.
Outre Khouma, le panel animé par le coordonnateur du PPLAAF Fadel Barro a accueilli Daouda Touré, un ex agent du Prodac remercié « sans indemnités » comme beaucoup d’autres travailleurs du programme, et le journaliste Ben Makhtar Diop, auteur des révélations qui ont installé le scandale sur la place publique. Ce dernier, en une demi-heure, a replongé l’assistance dans les coulisses de l’affaire et pointé du doigt les fautes imputées à chacun des protagonistes. Ce sont le ministre de tutelle d’alors Mame Mbaye Niang, le coordonnateur Jean-Pierre Senghor et son successeur Mamina Daffé, « Green 2000 », la société israélienne attributaire du marché et Ibrahima Cissé, patron de la société TIDA qui devait assurer la prise en charge des équipements de Green 2000, ainsi que le cabinet Locafrique.
https://www.impact.sn/RAPPORT-DE-L-INSPECTION-GENERALE-DES-FINANCES-IGF-PRODAC-Le-festin-d-une-bande-de-copains_a9392.html
Avec une enveloppe de 29 milliards de francs CFA dont la gestion est assurée par la compagnie de crédit-bail Locafrique, le Prodac avait pour ambition de promouvoir l’emploi des jeunes en milieu rural grâce à l’aménagement de 30 mille hectares dans 10 terroirs à travers le pays en visant à terme l’insertion de 300 mille jeunes dans le secteur agricole. Dans les faits, le programme est sous la tutelle politique du ministre de la Jeunesse d’alors, Mame Mbaye Niang. Emporté par le scandale en même temps que le coordonnateur Jean-Pierre Senghor, il a été plus tard parachuté chef de cabinet du président de la république.
« Ce projet ne devait jamais être logé au ministère de la Jeunesse mais à l’Agriculture. Il devait être celui des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture. L’Etat aurait pu signer avec elles des contrats de performance par la mise en place d’un tissu de petites et moyennes entreprises agricoles et industrielles (PME et PMI) capables non seulement de satisfaire le marché intérieur mais aussi d’assurer l’exportation de nos produits à travers le monde… Malheureusement, les erreurs du passé ont été répétées», regrette Mbaye Sylla Khouma.
https://www.impact.sn/Cinq-mois-apres-sa-demission-spectacle-le-Ministre-Mame-Mbaye-Niang-sort-du-bois_a11794.html
La capacité de génération d’emplois à partir des domaines agricoles communautaires (DAC) était d’autant plus attendue que, rappelle le consultant, 13 à 16 millions de jeunes africains arrivent chaque année sur le marché continental dont une fourchette d’environ 350 mille Sénégalais. Or, l’offre disponible dans notre pays tournerait autour de 60 mille postes seulement par an. Un gap colossal que la « gestion politicienne » du Prodac ne contribuera pas à combler de manière significative. Mais les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, a souligné Senghane Senghor, conseiller juridique à la Rencontre africaine de défense des droits de l’Homme (Raddho).
« Le facteur évaluation ne semble plus de cours dans ce pays. Si les autorités sénégalaises avaient pris le temps et le soin de visiter le passé, elles auraient su que les domaines agricoles communautaires ont existé, en particulier dans la région de Casamance, sous le régime du président Senghor. On n’en a tiré aucune leçon ! Alors les pouvoirs se succèdent, les scandales aussi », s’est désolé Senghor lors du panel de PPLAAF.
https://www.impact.sn/Scandale-du-Prodac-le-temps-des-pilleurs-de-deniers-publics_a9572.html
La gestion verticale et autoritaire du ministre d’alors, la violation des procédures et le silence passif du président de la république ont engendré une suppression inattendue d’emplois parmi les agents du programme. A ce titre, Daouda Touré et plusieurs travailleurs ont été écartés « sans indemnités de précarité ». A son arrivée, le nouveau directeur général Pape Malick Ndour a pourtant mis en œuvre un programme de recrutements d’agents pour certains domaines communautaires comme Keur Momar Sarr ou Sédhiou, s’insurge Touré.
« Nous avons porté l’affaire au tribunal car nous estimons avoir subi un préjudice moral et financier. Mais le directeur général n’a jamais daigné se présenter à la barre pour s’expliquer. Pourquoi n’a-t-il pas jugé plus pertinent de consolider les emplois déjà existants ? Nous en appelons au président de la république pour mettre fin à notre traversée du désert, mais aussi pour placer de vrais professionnels à des postes comme la direction générale du Prodac. »
Depuis l’éclatement de l’affaire en juin 2018, aucun des responsables liés au scandale du Prodac n’a fait l’objet de sanctions judiciaires alors que les fautes pointées par l’Inspection générale des finances (IGF) sont béantes dans le rapport parvenu au ministre de l’Economie, des Finances et du Plan de l’époque, Amadou Bâ. Un jeu de chaises musicales a permis de redistribuer les responsabilités sur la base de considérations strictement politiques.
En organisant une réflexion théorique rattachée à un cas pratique de mauvaise gouvernance des deniers publics comme celui du Prodac, la PPLAAF fait un pari : susciter la culture du lancement d’alerte dans les entreprises nationales. En cela, « la plateforme est un outil d’encadrement et de protection en faveur des citoyens désireux de révéler des cas réels et documentés de prévarication contre l’intérêt général », a expliqué Fadel Barro.