Pas de répit dans l’offensive israélienne à Gaza

Samedi 4 Novembre 2023

Israël a poursuivi samedi sans répit son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, après avoir rejeté l’idée de « pauses humanitaires » réclamées par les États-Unis pour soulager la population prise au piège dans le territoire palestinien assiégé.

 

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, après une étape à Tel-Aviv, devait rencontrer samedi plusieurs dirigeants arabes en Jordanie, quatre semaines après le début de la guerre déclenchée par l’attaque sanglante menée par le mouvement palestinien sur le sol israélien le 7 octobre.

 

Israël, qui en représailles pilonne sans relâche la bande de Gaza et a juré « d’anéantir » le Hamas, mène aussi depuis plus d’une semaine des combats au sol acharnés, au milieu des ruines, contre le mouvement islamiste dont les combattants sont retranchés dans un réseau de tunnels.

 

Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a affirmé samedi qu’un bombardement israélien avait fait 15 morts dans une école de l’ONU où s’abritent des déplacés palestiniens, dans le camp de réfugiés de Jabaliya (nord).

 

Plusieurs bombardements meurtriers ces derniers jours sur ce camp, le plus grand du territoire, sur plusieurs écoles abritant des déplacés ainsi qu’une frappe vendredi sur une ambulance ont suscité, en vain, de multiples appels à épargner les civils.

 

Les soldats israéliens, qui ont « intensifié » leurs opérations selon l’armée, encerclent depuis jeudi la ville de Gaza, dans le nord, afin d’y détruire le « centre » du Hamas.

 

L’armée a affirmé samedi que les soldats avaient subi plusieurs attaques dans le nord de Gaza et avaient tué « des dizaines de terroristes et détruit des infrastructures » du mouvement.

 

Les forces israéliennes ont également mené un « raid ciblé » dans le sud du territoire, où elles ont ouvert le feu sur « une cellule terroriste qui sortait d’un tunnel », tuant les combattants ennemis, selon l’armée. Toujours dans le sud, de nouvelles frappes ont visé samedi la ville de Khan Younès, selon un journaliste de l’AFP.
 

Le Hamas a affirmé de son côté avoir frappé un convoi israélien avec des tirs de mortiers.

 

En presque un mois, cette guerre a fait des milliers de morts, provoqué d’immenses destructions et entraîné le déplacement d’1,4 million de personnes, selon l’ONU, à l’intérieur du petit territoire palestinien, où la situation humanitaire est catastrophique. D’après un responsable américain, 350 000 à 400 000 personnes se trouveraient encore dans le nord, où se concentre l’essentiel des combats.

 

L’armée, qui appelle depuis la mi-octobre les civils à évacuer le nord de la bande de Gaza, a envoyé samedi des messages à la population affirmant que la route principale reliant le nord au sud serait ouverte pendant trois heures dans l’après-midi.

 

« Images déchirantes »

 

Vendredi, l’armée israélienne a admis avoir frappé une ambulance devant l’hôpital al-Shifa, le plus important du territoire, qui transportait selon elle des membres du Hamas. Le mouvement islamiste, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, a démenti.

 

Selon le ministère de la Santé du Hamas et le Croissant-Rouge palestinien, la frappe a fait 15 morts et 60 blessés. Ils ont affirmé que l’ambulance faisait partie d’un convoi qui transportait des blessés vers l’Égypte.
 

Un correspondant de l’AFP a vu plusieurs corps et des blessés à côté d’une ambulance endommagée.

 

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « horrifié ». « Les images des corps éparpillés dans la rue devant l’hôpital sont déchirantes », a-t-il ajouté.

 

Une autre frappe visant une école transformée en avril pour les déplacés, dans le nord de Gaza, a fait 20 morts et des dizaines de blessés vendredi, selon le gouvernement du Hamas.

 

D’après un bilan publié samedi par cette source,  9488 personnes, essentiellement des civils dont 3900  enfants, ont été tuées depuis le 7 octobre par les frappes israéliennes dans la bande de Gaza.

 

En Israël, au moins 1400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le début de la guerre, en majorité des civils massacrés le jour de l’attaque du Hamas, d’une violence et d’une ampleur inédites depuis la création d’Israël en 1948.

Le Hamas détient en outre 241 otages, selon l’armée israélienne.

 

341 soldats, selon l’armée, ont été tués depuis le 7 octobre. Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a reconnu que l’opération au sol était « difficile » et générait des « pertes douloureuses ».

 

Si les États-Unis sont contre un cessez-le-feu, ils ont appelé à des pauses dans les combats afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire qui a commencé à entrer dans la bande de Gaza via l’Égypte, mais en quantité insuffisante selon l’ONU.

 

Après une rencontre vendredi avec le secrétaire d’État américain, M. Nétanyahou a rejeté l’idée d’« une trêve temporaire » sans libération des otages.

 

Si les États-Unis sont contre un cessez-le-feu, ils ont appelé à des pauses dans les combats afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire qui a commencé à entrer dans Gaza via l’Égypte, mais en quantité insuffisante selon l’ONU.

 

Ce territoire de 362 kilomètres carrés, peuplé de 2,4 millions d’habitants, est placé depuis le 9 octobre en état de « siège complet » par Israël qui y a coupé les approvisionnements en eau, électricité et nourriture. La bande de Gaza était déjà soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

 

Blinken en Turquie

 

Dans une nouvelle tentative d’apaisement, Antony Blinken a rencontré samedi à Amman le premier ministre du Qatar, un pays médiateur dans le conflit, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

 

Il doit aussi s’entretenir avec ses homologues jordanien, égyptien, saoudien et émirati, ainsi qu’avec le roi Abdallah II de Jordanie dont le pays, voisin d’Israël et de la Cisjordanie occupée, a rappelé son ambassadeur en Israël en signe de protestation contre l’offensive israélienne.  

 

Le secrétaire d’État américain doit poursuivre sa tournée dimanche en Turquie, un autre pays de la région dont les relations avec Israël se sont détériorées depuis le début de la guerre.

 

Son président Recep Tayyip Erdogan a annoncé samedi qu’il rompait tout contact avec Benyamin Nétanyahou et Ankara a annoncé le rappel de son ambassadeur en Israël pour consultations.

 

La tension est très vive aussi dans le nord d’Israël, à la frontière avec le sud du Liban où le puissant mouvement chiite Hezbollah, allié du Hamas et soutenu par l’Iran, est très présent.

 

L’armée israélienne a annoncé samedi avoir lancé des raids aériens contre des cibles du Hezbollah après des attaques du mouvement libanais, marquant une nouvelle escalade de la tension à la frontière.

 

Le Hezbollah a indiqué avoir attaqué cinq positions israéliennes le long de la frontière et, dans une autre attaque, avoir touché une position militaire israélienne non loin de la ville Kyriat Shmona.

 

Vendredi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé les États-Unis, qui ont déployé deux groupes navals en Méditerranée orientale, d’être « entièrement responsables » de ce conflit. Il a ajouté que l’arrêt de « l’agression contre Gaza » empêcherait un conflit régional.

 

Les échanges de tirs de part et d’autre de la frontière ont fait 72 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l’AFP, dont 54 combattants du Hezbollah. Six soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.

 

La guerre a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où plus de 140 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l’Autorité palestinienne. [AFP]

 

 

 

 

 

 

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