Pékin veut imposer une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong

Vendredi 22 Mai 2020

La Chine hausse le ton face au courant anti-Pékin à Hong Kong: le parlement est saisi d'une loi sur la «sécurité nationale» destinée au territoire semi-autonome, secoué l'an dernier par un colossal mouvement de protestation.
 
Cette législation prévoit de renforcer les «mécanismes d'application» sur le sujet dans le territoire semi-autonome. Pékin est depuis longtemps frustré de l'incapacité du gouvernement local hongkongais de faire adopter une loi anti-subversion dans le territoire.
 
Le projet de loi sera étudié durant la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP) qui s'ouvre vendredi à Pékin, a annoncé jeudi devant la presse son porte-parole Zhang Yesui.
 
Le parlement chinois est essentiellement la chambre d'enregistrement législative du Parti communiste (PCC), et la future adoption de ce texte fait peu de doute. Il suscitera probablement une vague d'opposition à Hong Kong.
 
Washington met Pékin en garde
 
Les Etats-Unis ont mis en garde mercredi la Chine contre l'adoption de cette loi qui serait selon Washington «très déstabilisatrice» pour le territoire semi-autonome.
 
«Toute tentative d'imposer une loi sur la sécurité nationale qui ne reflète pas la volonté des citoyens de Hong Kong serait très déstabilisatrice et serait fermement condamnée par les Etats-Unis et la communauté internationale», a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine Morgan Ortagus.
 
«Je ne sais pas de quoi il s'agit, car personne ne le sait encore. Si cela arrive, nous répondrons à ce problème de manière très forte», a déclaré Donald Trump, interrogé à ce sujet.
 
Selon le département d'Etat américain, ce projet de loi «sape les engagements et obligations pris par la République populaire de Chine dans la Déclaration commune sino-britannique» qui assure une certaine autonomie au territoire depuis sa rétrocession par Londres à Pékin en 1997. «Nous exhortons Pékin à honorer ses engagements», notamment sur le «degré élevé d'autonomie» de Hong Kong, a insisté Morgan Ortagus.
 
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a récemment fait savoir qu'il avait retardé son rapport annuel au Congrès des Etats-Unis sur le respect d'autonomie de Hong Kong par la Chine, pour prendre en compte d'éventuelles nouvelles mesures chinoises.
 
«La fin de Hong Kong»
 
«Je veux juste dire à la communauté internationale que ceci est la fin de Hong Kong», a réagi jeudi soir depuis le territoire semi-autonome le député pro-démocratie Dennis Kwok, accusant Pékin d'avoir «rompu sa promesse».
 
Le projet de loi entend renforcer les «mécanismes d'application» en matière de «protection de la sécurité nationale» dans l'ex-colonie britannique rendue à la Chine en 1997.
 
Ce texte intervient près d'un an après le début de manifestations monstres à Hong Kong. D'abord dirigées contre la mainmise jugée grandissante de Pékin sur le territoire, elles s'étaient muées en demande d'autonomie supplémentaire.
 
Le mouvement a donné lieu à des affrontements violents entre policiers et radicaux, ainsi qu'à de nombreux actes de vandalisme. Il a également stimulé un courant militant pour l'auto-détermination voire l'indépendance de la région.
 
«Un pays, deux systèmes»
 
Une ligne rouge pour Pékin: «Hong Kong est une partie inséparable de la République populaire de Chine», a encore martelé jeudi Zhang Yesui. Interrogé sur le contenu du texte de loi, qui n'a pas été révélé, il a indiqué que davantage de détails seraient annoncés vendredi à l'ouverture de la session du parlement.
 
Hong Kong jouit d'une très large autonomie par rapport au reste du pays dirigé par le PCC, en vertu du concept «un pays, deux systèmes». Ses habitants bénéficient ainsi de la liberté d'expression, de la liberté de la presse et d'une justice indépendante. Des droits inconnus en Chine continentale.
 
Ce nouveau projet de loi «me donne le sentiment que c'est le concept ‘un pays, un système’ qui est désormais officiellement mis en place à Hong Kong», a ironisé la député pro-démocratie hongkongaise Tanya Chan.
 
De l'autre côté de l'échiquier politique de la ville, le principal parti pro-Pékin a lui déclaré «soutenir pleinement» l'initiative du parlement national.
 
Pas la première fois
 
Ce n'est pas la première fois que les autorités centrales tentent d'imposer une telle législation à Hong Kong. La dernière tentative de mise en oeuvre de l'article 23, en 2003, avait échoué face à des manifestations monstres dans les rues hongkongaises.
 
Le projet de loi controversé a été remis sur la table ces dernières années à mesure que les mouvements «localiste» (demandant la préservation de l'autonomie et de l'identité locale hongkongaise) et indépendantiste ont gagné du terrain. (afp/nxp)
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