« Le pouvoir d'agir, c'est de ne pas acheter un produit essentiel quand le vendeur tire des revenus substantiels pour financer le pire, à savoir tuer », a estimé l'ancien président socialiste dans une tribune publiée dans Le Monde.
"Peut-on encore moralement et politiquement acheter du gaz venant de Russie quand l'armée de Vladimir Poutine écrase l'Ukraine, assiège Kiev, bombarde des villes entières, inflige un supplice effroyable à la population civile à laquelle nous apportons un soutien que nous ne cessons de rappeler", s'interroge l'ancien président socialiste François Hollande, dans une tribune parue dans Le Monde, datée du lundi 7 mars, alors que 2 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, le 24 février dernier, et que le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a expliqué mercredi 8 mars que la fin des importations de gaz russe était "sur la table".
"Pour des raisons simples à comprendre et qui tiennent à notre dépendance (40% pour l'Union européenne), les approvisionnements en gaz et en pétrole ont été sanctuarisés et les contrats avec Gazprom ont été jusque-là strictement respectés. Cette logique prévaut également pour les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) qui se poursuivent comme si de rien n'était. Nous finançons ainsi la guerre que nous condamnons par ailleurs", a fustigé l'ancien président, qui reconnaît par ailleurs une certaine "efficacité" des sanctions prises par l'Union européenne à l'encontre de la Russie.
"Je mesure les conséquences d'une coupure par l'Union européenne des importations de gaz russe sur les économies des Vingt-Sept. Un double choc de prix et de quantité en résulterait dès l'hiver prochain", poursuit François Hollande. Mais "n'est-il pas nécessaire pour assurer notre propre sécurité et pour infliger un revers majeur à Vladimir Poutine de changer profondément et bien plus rapidement que prévu notre modèle énergétique ?", ajoute-t-il.
"La raison comme l'émotion nous conduisent à faire ce choix et à y travailler dans les plus brefs délais. Pour la France, l'objectif est à notre portée puisque le gaz russe représente 20% de notre consommation. L'urgence, c'est de négocier des volumes supplémentaires avec différents fournisseurs (Norvège, Pays-Bas, Algérie et États-Unis) et d'augmenter la capacité de déchargement de notre terminal GNL", estime François Hollande.
"Et si nous ne pouvions pas remplacer entièrement tout le gaz qui vient de Russie, il nous reviendrait de limiter la demande. C'est là que notre courage serait mis à l'épreuve. Car il serait incontournable de solliciter les Français pour qu'ils réduisent leur chauffage l'hiver prochain. (...) Je suis convaincu que nos compatriotes, conscients de la menace que la Russie fait peser sur la paix et soucieux d'adresser un geste d'amitié au peuple ukrainien dont la souffrance est un crève-cœur, seraient prêts à ce sacrifice", assure l'ancien président socialiste.
Au-delà de ce contexte particulier, l'appel de François Hollande vise plus largement la politique énergétique de l'Union européenne. "La coupure des approvisionnements russes percuterait un marché déjà largement bousculé par une augmentation continue depuis six mois. Pour amortir une nouvelle hausse, l'Europe devrait saisir cette occasion pour modifier profondément sa politique en mettant en place un plafonnement des prix de gros du gaz, ce qui aurait l'avantage de limiter la progression du prix de l'électricité puisque les deux sont liés", souligne l'ancien président.
"La tragédie ukrainienne repose de manière brûlante la question de l'indépendance et la souveraineté de l'Europe et donc de la France. Ça commence par l'énergie", plaide encore l'ancien chef d'État, qui appelle, "en cette veille d'élection présidentielle", à "franchir des pas décisifs", à "aller vers plus de défense européenne", à "renforcer les liens transatlantiques" et à "changer de modèle énergétique".
"Il faut rompre le contrat gazier avec la Russie. L'Europe peut en décider le principe. La France doit prendre les devants. (...) Il y aura un prix à payer. Celui du déshonneur serait le plus élevé. Celui de l'impuissance le plus lourd. Le pouvoir d'achat doit être défendu, mais le pouvoir d'agir, c'est de ne pas acheter un produit essentiel quand le vendeur tire des revenus substantiels pour financer le pire, à savoir tuer. Si l'on veut arrêter Vladimir Poutine dans sa guerre en Ukraine, il faut commencer par arrêter de lui acheter du gaz", conclut François Hollande. (AFP)
"Peut-on encore moralement et politiquement acheter du gaz venant de Russie quand l'armée de Vladimir Poutine écrase l'Ukraine, assiège Kiev, bombarde des villes entières, inflige un supplice effroyable à la population civile à laquelle nous apportons un soutien que nous ne cessons de rappeler", s'interroge l'ancien président socialiste François Hollande, dans une tribune parue dans Le Monde, datée du lundi 7 mars, alors que 2 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, le 24 février dernier, et que le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a expliqué mercredi 8 mars que la fin des importations de gaz russe était "sur la table".
"Pour des raisons simples à comprendre et qui tiennent à notre dépendance (40% pour l'Union européenne), les approvisionnements en gaz et en pétrole ont été sanctuarisés et les contrats avec Gazprom ont été jusque-là strictement respectés. Cette logique prévaut également pour les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) qui se poursuivent comme si de rien n'était. Nous finançons ainsi la guerre que nous condamnons par ailleurs", a fustigé l'ancien président, qui reconnaît par ailleurs une certaine "efficacité" des sanctions prises par l'Union européenne à l'encontre de la Russie.
"Je mesure les conséquences d'une coupure par l'Union européenne des importations de gaz russe sur les économies des Vingt-Sept. Un double choc de prix et de quantité en résulterait dès l'hiver prochain", poursuit François Hollande. Mais "n'est-il pas nécessaire pour assurer notre propre sécurité et pour infliger un revers majeur à Vladimir Poutine de changer profondément et bien plus rapidement que prévu notre modèle énergétique ?", ajoute-t-il.
"La raison comme l'émotion nous conduisent à faire ce choix et à y travailler dans les plus brefs délais. Pour la France, l'objectif est à notre portée puisque le gaz russe représente 20% de notre consommation. L'urgence, c'est de négocier des volumes supplémentaires avec différents fournisseurs (Norvège, Pays-Bas, Algérie et États-Unis) et d'augmenter la capacité de déchargement de notre terminal GNL", estime François Hollande.
"Et si nous ne pouvions pas remplacer entièrement tout le gaz qui vient de Russie, il nous reviendrait de limiter la demande. C'est là que notre courage serait mis à l'épreuve. Car il serait incontournable de solliciter les Français pour qu'ils réduisent leur chauffage l'hiver prochain. (...) Je suis convaincu que nos compatriotes, conscients de la menace que la Russie fait peser sur la paix et soucieux d'adresser un geste d'amitié au peuple ukrainien dont la souffrance est un crève-cœur, seraient prêts à ce sacrifice", assure l'ancien président socialiste.
Au-delà de ce contexte particulier, l'appel de François Hollande vise plus largement la politique énergétique de l'Union européenne. "La coupure des approvisionnements russes percuterait un marché déjà largement bousculé par une augmentation continue depuis six mois. Pour amortir une nouvelle hausse, l'Europe devrait saisir cette occasion pour modifier profondément sa politique en mettant en place un plafonnement des prix de gros du gaz, ce qui aurait l'avantage de limiter la progression du prix de l'électricité puisque les deux sont liés", souligne l'ancien président.
"La tragédie ukrainienne repose de manière brûlante la question de l'indépendance et la souveraineté de l'Europe et donc de la France. Ça commence par l'énergie", plaide encore l'ancien chef d'État, qui appelle, "en cette veille d'élection présidentielle", à "franchir des pas décisifs", à "aller vers plus de défense européenne", à "renforcer les liens transatlantiques" et à "changer de modèle énergétique".
"Il faut rompre le contrat gazier avec la Russie. L'Europe peut en décider le principe. La France doit prendre les devants. (...) Il y aura un prix à payer. Celui du déshonneur serait le plus élevé. Celui de l'impuissance le plus lourd. Le pouvoir d'achat doit être défendu, mais le pouvoir d'agir, c'est de ne pas acheter un produit essentiel quand le vendeur tire des revenus substantiels pour financer le pire, à savoir tuer. Si l'on veut arrêter Vladimir Poutine dans sa guerre en Ukraine, il faut commencer par arrêter de lui acheter du gaz", conclut François Hollande. (AFP)