Près de 50 morts au Liban dans de violents raids israéliens, le Pape dénonce des "actions immorales"

Dimanche 29 Septembre 2024

L'armée israélienne a mené des raids violents dimanche contre le Hezbollah au Liban dans lesquels près de 50 personnes ont péri, deux jours après avoir tué son chef Hassan Nasrallah avec des dizaines de membres du mouvement islamiste libanais.

 

Sur un autre front, Israël a mené des raids contre des cibles des rebelles houthis au Yémen, au lendemain d'un tir revendiqué par ces insurgés pro-iraniens vers l'aéroport de Tel-Aviv. "Aucun endroit n'est trop éloigné" pour Israël, a averti le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant après les frappes.

 

Maintenant la pression militaire contre le Hezbollah auquel il a infligé un coup dévastateur, Israël a dit avoir attaqué "des dizaines de cibles terroristes" dans des fiefs du mouvement chiite: des sites de lancement de roquettes, des installations militaires et des dépôts d'armes.

 

Des correspondants de l'AFP ont entendu une forte explosion et vu des volutes de fumée s'élever de la banlieue sud de Beyrouth, où Hassan Nasrallah a péri vendredi dans une frappe israélienne d'une puissance inouïe qui a rasé des bâtiments entiers.

 

Le corps du chef du Hezbollah "a été retrouvé samedi et a été mis en linceul", a indiqué une source proche du mouvement, précisant que la date des funérailles n'avait pas encore été fixée.

 

Dans le sud du Liban, 24 personnes ont été tuées dans des raids près de Saïda et dans l'est du pays au moins 25 ont péri, selon le ministère de la Santé. Ces dernières 48 heures, 14 secouristes ont trouvé la mort dans les raids israéliens, selon le ministère.

 

Interrogé sur les conséquences pour les civils des frappes israéliennes au Liban et à Gaza, le pape François a dénoncé des "actions immorales". 

 

- "Régler nos comptes" -

 

Lors de son opération baptisée "Ordre nouveau", l'armée israélienne a dit avoir tué avec Hassan Nasrallah "plus de 20 autres terroristes de différents grades, présents dans le QG souterrain (du Hezbollah) situé sous des bâtiments civils et qui dirigeaient les opérations terroristes contre Israël". Elle a cité certains noms des cadres tués.

 

Israël a affirmé que la "plupart" des hauts dirigeants du Hezbollah avaient été tués ces derniers mois lors d'opérations de ses forces.

 

Le décès de Hassan Nasrallah, considéré comme l'homme le plus puissant du Liban, constitue une victoire majeure d'Israël face à l'Iran et ses alliés, porte un coup dévastateur au mouvement allié du Hamas palestinien, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza, et plonge la région dans l'inconnu.

 

Malgré les coups incessants portés par Israël, le mouvement a annoncé avoir tiré des roquettes contre le nord d'Israël, dont la localité de Safed.

 

L'armée israélienne a rapporté qu'environ huit projectiles étaient tombés dans des terrains vagues près de Tibériade.

 

"Nous avons réglé nos comptes avec le responsable du meurtre d'innombrables Israéliens et de nombreux citoyens d'autres pays", s'est félicité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

 

- "Pas sans réponse" -

 

"La ligne" de Nasrallah "se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération de Jérusalem", a affirmé l'Iran, ennemi juré d'Israël, qui finance et arme le Hezbollah depuis sa création en 1982.

 

Selon Téhéran, un adjoint du chef des Gardiens de la révolution, armée idéologique d'Iran, a été tué dans la frappe de vendredi. Sa mort "ne restera pas sans réponse", ont averti les autorités iraniennes.

 

A la tête du Hezbollah depuis 1992, Hassan Nasrallah, 64 ans, était un homme de religion qui faisait l'objet d'un véritable culte de la personnalité parmi ses partisans, principalement au sein de la communauté musulmane chiite dont il est issu.

Son cousin Hachem Safieddine, figure éminente du Hezbollah, apparaît comme un successeur potentiel.

 

Téhéran a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Liban où le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot est attendu dimanche soir.

 

- "Réaction sans précédent" ? -

 

Selon le Premier ministre libanais, Najib Mikati, près d'un million de personnes pourraient avoir été déplacées par les bombardements israéliens, le plus grand déplacement de population de l'histoire du pays, selon lui.

 

Le Programme alimentaire mondial a annoncé une opération d'urgence pour fournir une aide alimentaire à un million de personnes au Liban.

 

L'attaque contre Nasrallah montre "à quel point Israël a infiltré le Hezbollah", décrypte James Dorsey, chercheur à l'Institut du Moyen-Orient de l'Université nationale de Singapour.

 

"Soit nous assistons à une réaction sans précédent du Hezbollah (...), soit à sa défaite totale", estime Heiko Wimmen, spécialiste de la région à International Crisis Group.

 


Ces ambulanciers de la Protection civile libanaise ont été tués le 29 septembre 2024 par les bombardements généralisés de l'aviation israélienne sur Beyrouth
 

Le mouvement chiite a ouvert un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023.

 

Après un an d'échanges de tirs transfrontaliers, Israël a lancé le 23 septembre des bombardements intenses contre le Hezbollah.

 

Israël affirme agir pour faire cesser les tirs du mouvement libanais vers le nord de son territoire et permettre ainsi le retour de dizaines de milliers d'habitants contraints à la fuite.

Dans le même temps, son armée poursuit sans répit son offensive meurtrière contre le Hamas à Gaza. [AFP]

 
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