Près de 50 soldats arméniens tués dans des affrontements avec l'Azerbaïdjan

Mardi 13 Septembre 2022

L'Azerbaïdjan a accusé mardi soir l'Arménie de violer "de manière intense" le cessez-le-feu négocié par Moscou, après les combats les plus violents depuis la guerre entre les deux pays en 2020, une escalade qui a fait 49 morts parmi les militaires arméniens.
 
Malgré un cessez-le-feu annoncé par Moscou en vigueur depuis 06H00 GMT, "des unités des forces armées arméniennes (...) ont ouvert le feu à l'artillerie contre les positions de l'armée azerbaïdjanaise" à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, a affirmé le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un communiqué.
 
"L'Arménie viole de manière intense le cessez-le-feu", a-t-il accusé, en faisant état des "mesures de riposte" des soldats azerbaïdjanais à ces tirs.
 
Cette déclaration intervient alors que l'Azerbaïdjan a affirmé plus tôt dans la journée avoir "rempli tous ses objectifs" à la frontière avec l'Arménie dans les combats avec les forces arméniennes.
 
"Les provocations commises par les forces arméniennes à la frontière entre les deux pays ont été repoussées, tous les objectifs ont été remplis", s'est ainsi félicité le bureau du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
 
"Malgré une forte diminution de l'intensité des bombardements, l'ennemi continue d'essayer d'avancer", avait indiqué pour sa part un peu plus tôt le ministère arménien de la Défense.
 
Cette éruption de violence intervient alors que Moscou, qui a déployé une force de maintien de la paix dans la région après la guerre de 2020, a les mains occupées avec les difficultés de son offensive militaire en Ukraine.
 
"A l'heure actuelle, nous avons 49 (militaires) tués (...) et ce n'est malheureusement pas le nombre définitif", a déclaré en début de journée le Premier ministre arménien Nikol Pachinian devant le Parlement à Erevan.
 
- Appels à la paix et la retenue -
 
L'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase, se sont affrontés lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle de la région du Nagorny Karabakh, la dernière ayant eu lieu en 2020.
 
Les nouveaux combats, qui ont éclaté dans la nuit, illustrent combien la situation reste explosive. 
 
L'Arménie et l'Azerbaïdjan s'accusent mutuellement d'avoir lancé ces hostilités. 
M. Pachinian a appelé la communauté internationale à réagir, lors d'entretiens avec plusieurs dirigeants étrangers dont les présidents russe Vladimir Poutine et français Emmanuel Macron.
 
L'Union européenne a réclamé l'arrêt des hostilités et annoncé que le président du Conseil européen Charles Michel, qui dirige une médiation entre Erevan et Bakou, allait discuter avec les deux belligérants.
 
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé les dirigeants d'Azerbaïdjan et d'Arménie pour les exhorter à parvenir à la paix. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a, lui, appelé les deux pays à "prendre des mesures immédiates pour désamorcer les tensions".
 
La Russie est "extrêmement préoccupée" et appelle les deux parties à "la retenue", a déclaré à la presse le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, en précisant que la situation devait être discutée dans la soirée lors d'une réunion par visioconférence du conseil de sécurité de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), alliance militaire menée par Moscou.
 
- La Russie "mal en point" -
 
Selon le Kremlin, M. Poutine est lui "personnellement impliqué" et fournit "tous les efforts possibles pour aider à réduire les tensions".
 
Si des heurts opposent régulièrement les deux pays le long de leur frontière commune depuis la fin de la guerre de 2020, les combats de mardi constituent un événement inédit.
 
"L'escalade est la conséquence d'une impasse dans les pourparlers de paix", a souligné à l'AFP l'analyste Tatoul Hakobian, pour qui le conflit en Ukraine "a modifié l'équilibre des forces dans la région", la Russie, soutien de l'Arménie, "étant mal en point".
 
Selon lui, Bakou souhaiterait profiter de cette situation pour "obtenir des concessions de l'Arménie dès que possible". Mais pour Farid Chafiev, président du Centre d'analyse des relations internationales à Bakou, "un obstacle majeur à la paix" est tout simplement "la présence illégale de soldats arméniens" en Azerbaïdjan, référence au Karabakh.
 
- Poudrière du Karabakh -
 
Historiquement compliquées, les relations entre Erevan et Bakou continuent d'être empoisonnées par leur différend au sujet du Nagorny Karabakh, enclave majoritairement peuplée d'Arméniens ayant fait sécession de l'Azerbaïdjan avec le soutien de l'Arménie.
 
Après une première guerre qui a fait plus de 30.000 morts au début des années 1990, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont affrontés à nouveau à l'automne 2020 pour le contrôle de cette région montagneuse.
 
Plus de 6.500 personnes ont été tuées dans cette nouvelle guerre, perdue par l'Arménie. 
Dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu alors négocié par Moscou, qui a déployé des soldats de maintien de la paix au Nagorny Karabakh, Erevan a cédé d'importants territoires à l'Azerbaïdjan. Cette issue a été vécue comme une humiliation en Arménie. (AFP)
 
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