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Présence sur le terrain et soutiens locaux: les clés du succès de Mélenchon dans les Outre-mer

Mardi 12 Avril 2022

Jean-Luc Mélenchon en Guadeloupe
Jean-Luc Mélenchon en Guadeloupe
Présence sur le terrain, soutiens locaux influents, vote contestataire et programme proche des préoccupations des ultra-marins: plusieurs facteurs expliquent le très large succès remporté dimanche par Jean-Luc Mélenchon dans les outre-mer.
 
56,16% en Guadeloupe, 53,10% en Martinique, 50,6% en Guyane, 40,91% à Saint-Pierre-et-Miquelon, 40,26% à la Réunion, et 35% à Saint-Martin: dans ces territoires, le candidat LFI a laissé loin derrière les deux finalistes de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
 
"Ce n'est pas réellement une surprise compte tenu de l'ambiance locale. Une ambiance tendue liée à la crise (...) les gens ont en ras-le-bol (...) c'est une sorte de vote contestataire", a analysé le député LREM de Saint-Pierre-et-Miquelon Stéphane Claireaux, dimanche sur France Télévisions.
 
En Guadeloupe, "cette élection s'est déroulée dans un climat anxiogène, qui suit une crise sanitaire, une crise sociale d'ampleur sur l'île, et les résultats du premier tour montrent bien qu'il y a une forme de radicalité qui s'est installée", explique Didier Destouches, maître de conférences à l'université des Antilles et essayiste.
 
"Il faut noter le fossé entre notre représentation locale, qui a parrainé massivement le président sortant, et les votes des Guadeloupéens qui ne vont pas vers lui", souligne-t-il. 
 
Jean-Luc Mélenchon tire son succès "de l'anti-macronisme qu'il a véhiculé durant sa campagne, mais également d'éléments de programme qui parlent aux électeurs guadeloupéens: la vie chère, l'optimisation des services publics, la question des autonomies politique, alimentaire et énergétique", ajoute M. Destouches.
 
"Il a aussi fait une campagne de proximité avec des déplacements de plusieurs figures du parti", poursuit l'universitaire.
 
La présidente du groupe LFI à l'Assemblée Mathilde Panot s'est ainsi rendue à de multiples reprises en Guadeloupe.
 
La venue de Jean-Luc Mélenchon dès la fin 2021 pour une réunion de campagne a aussi fait la différence quand d'autres candidats, telle Valérie Pécresse, n'y sont venus que quelques heures ou pas du tout, à l'image d'Emmanuel Macron.
 
- Soutiens de poids –
 
En Martinique, seuls Jean-Luc Mélenchon et la candidate socialiste Anne Hidalgo se sont déplacés pour présenter leurs programmes. Une stratégie qui s'est révélée payante pour le candidat LFI.
 
Dans l'entourage du ministre des Outre-mer, on reconnaît que le candidat LFI a fait une "campagne de terrain, avec pas mal de relais" et beaucoup de déplacements, mais aussi que son succès est dû "sur le fond, (à) des arguments démagogiques qui réussissent à flatter l'électorat notamment antillais: antivax, très populiste sur l'eau et le chlordécone", le pesticide autorisé dans les bananeraies jusqu'en 1993 et à l'origine d'une pollution durable aux Antilles.
 
Le candidat de La France insoumise a également bénéficié de soutiens de poids dans les territoires ultra-marins.
 
En Guyane, outre le soutien de la majorité territoriale, il a bénéficié de celui de l'ancienne garde des Sceaux, la Guyanaise Christiane Taubira, qui a appelé à voter pour lui pour "barrer la route" à l'extrême droite.
 
A la Réunion, Jean-Luc Mélenchon avait déjà fini en tête au premier tour des présidentielles en 2017 car "il s'est allié avec les forces de gauche de la Réunion et principalement avec le Parti communiste réunionnais qui était un parti important dans l'histoire politique" de cette île de l'Océan indien, rappelle la politologue Christiane Rafidinarivo, chercheuse invitée au Cevipof.
 
Dès 2017, il s'est également "allié à Huguette Bello, qui a réussi à faire l'union des gauches aux régionales de 2021" et est devenue depuis présidente de la région Réunion. "Ils se sont soutenus l'un l'autre dans leurs parcours électoraux entre 2017 et 2022", assure Mme Rafidinarivo.
 
La politologue rappelle également que le vote Mélenchon à la Réunion est aussi un vote "anti-Le Pen".
 
"Aux européennes de 2019, pour la première fois, le Rassemblement national est arrivé premier dans toutes les communes de la Réunion, et ça a été un électrochoc pour l'opinion, pour les élus", explique-t-elle. (AFP)
 
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