Présidentielle 24-mars : les dispositions légales fixées par décrets, le cas Diomaye qui alerte

Dimanche 10 Mars 2024

Bassirou Diomaye Faye, candidat en prison

La campagne électorale est lancée pour le scrutin du 24 mars. Mais Bassirou Diomaye Faye, un des 19 candidats au fauteuil présidentiel, est toujours en prison. Le président Macky Sall fait-il payer au parti Pastef le rejet de « sa » loi d’amnistie adoptée par l’assemblée nationale le 6 mars 2024 ? 

  

Le 24 mars 2024, les électeurs sénégalais iront aux urnes pour élire le 5e Président de la République. Le décret 2024-690 du 6 mars 2024 fixant la date de l’élection présidentielle a été publié au Journal officiel (JORS) dans un ‘’numéro spécial’’ du 7 mars 2024. 

 

Un nouveau décret 2024-691 du 6 mars 2024 portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle du 24 mars 2024 a été également publié dans le même JORS. Celui du 29 novembre 2023 qui avait convoqué  les électeurs pour le scrutin du 25 février « a été annulé par le Conseil constitutionnel par décision du no 1/C/2024 du 15 février 2024. »

 

Nouvelle date, nouvelle convocation du corps électoral. Par contre, « les bulletins de vote des candidats et des imprimés déjà réceptionnés et portant la mention de la date du 25 février 2024 sont maintenus  pour ce scrutin », précise le Rapport de présentation du décret 2024-691 du 6 mars 2024. 

 

Outre le coté politique « inacceptable » constitué par l’interruption du processus électoral, de nombreux candidats se plaignaient également de son impact financier négatif. Certains avaient déjà fini d’imprimer leurs flyers, prospectus, profession de foi, etc. auprès des imprimeries de la place. En maintenant ces documents électoraux qui portent la mention du 25 février, les autorités enlèvent une épine du pied aux moins nantis d’entre eux. 

 

Ce week-end, la campagne électorale a été lancée pour les 19 candidats jusqu’au vendredi 22 mars. Néanmoins, l’un d’entre eux, Bassirou Diomaye Faye, porte-drapeau du parti Pastef en l’absence de son leader Ousmane Sonko, reste encore emprisonné. Ses partisans ont débuté sa campagne électorale dans l’attente de sa libération espérée au nom de ‘’l’équité de traitement’’ qui doit prévaloir entre prétendants au fauteuil présidentiel.

 

Le 6 mars, l’assemblée nationale a voté une loi d’amnistie générale pour tous les faits survenus entre février 2021 et février 2024 dans le cadre des actes et manifestations politiques survenus au Senegal et à l’étranger. Le texte a été voté par les députés du pouvoir soutenus par leurs alliés du Parti démocratique sénégalais (Pds). Par contre, il a été rejeté par leurs collègues d’opposition, en particulier ceux de la coalition Yewwi askan wi (Yaw) à laquelle est affilié Pastef, et par les parlementaires non inscrits, sanas ambages. 

 

En prolongeant la détention préventive d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye, le président Macky Sall ne fait-il pas payer au parti Pastef son vote massif contre la loi d’amnistie ? Ne donne-t-il pas raison a posteriori à tous ceux qui alertaient contre une loi d’auto-amnistie, essentiellement taillée sur mesure pour protéger des autorités politiques et sécuritaires dont les responsabilités seraient engagées dans la violente répression des « manifestations politiques » de ces trois dernières années ? N’accrédite-t-il pas la thèse du « piège à cons » tissé à volonté pour discréditer ses principaux opposants à la veille de l’élection présidentielle ? 

 
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