Présidentielle - Éric Zemmour annonce sa candidature

Mardi 30 Novembre 2021

Le polémiste a mis un terme au suspense qu’il entretenait autour de sa candidature ce mardi dans une vidéo diffusée sur YouTube.
 
Éric Zemmour a annoncé mardi sa candidature à l’élection présidentielle d’avril 2022 pour «sauver» la France, dans une vidéo aux accents dramatiques et nostalgiques.
 
«Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. C’est pourquoi j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle», a déclaré le polémiste d’extrême droite dans une vidéo d’une dizaine de minutes.
 
Installé devant une bibliothèque et parlant dans un micro d’époque, mimant le parallèle avec l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940, Éric Zemmour a lu sa déclaration en faisant référence à la France des années 50, images d’archives à l’appui entrecoupées par des images de violences et d’émeutes urbaines.
 
Sur le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven, le polémiste, en précampagne depuis plusieurs mois, a expliqué se présenter «pour que nos enfants et nos petits-enfants ne connaissent pas la barbarie, pour que nos filles ne soient pas voilées, et que nos fils ne soient pas soumis, pour que nous puissions leur transmettre la France telle que nous l’avons connue et reçue de nos ancêtres, pour que nous puissions encore préserver nos modes de vie, nos traditions, notre langue, nos conversations, nos controverses sur l’histoire, ou la mode, notre goût pour la littérature».
 
«Étrangers dans votre propre pays»
 
Il a exalté un «sentiment de dépossession»: «Vous vous sentez étrangers dans votre propre pays, vous êtes exilés de l’intérieur», a-t-il dit, désireux de «cesser de livrer nos enfants aux expériences égalitaristes des pédagogistes et des Docteurs Folamour des théories du genre et de l’islamo-gauchisme».
 
«Nous devons rendre le pouvoir au peuple, le reprendre aux minorités qui ne cessent de tyranniser la majorité, et aux juges qui substituent leur férule juridique au gouvernement du peuple», a-t-il asséné.
 
Après cette annonce qui doit être suivie d’une interview au 20 heures de TF1, il va tenir son premier meeting de campagne dimanche après-midi au Zénith de Paris. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà promis une manifestation pour faire «taire Zemmour», à 13h dans la capitale.
 
«C’est un Trump commandé sur Wish»
 
Éric Zemmour «nous a vendu qu’il était le Trump français. C’est un Trump commandé sur Wish, cette plateforme de contrefaçons qui vend des trucs qui ne fonctionnent pas, qui sont faux», a cinglé mardi sur Europe 1 Gabriel Attal.
 
Le porte-parole du gouvernement a dit se «poser des questions sur sa capacité à représenter notre pays» après la visite chahutée du polémiste à Marseille samedi qui s’est terminée par un échange de doigts d’honneur  avec une passante. Un geste «fort inélégant», avait convenu Éric Zemmour le lendemain.
 
«Brutalité»
 
Stanislas Rigault, qui anime «Génération Z», le mouvement de jeunesse du candidat, a reconnu un moment «compliqué» à Marseille. «Ce n’est pas la meilleure période», mais «je ne pense pas que la dynamique va s’essouffler, on a un Zénith qui sera rempli», a-t-il assuré sur BFMTV.
 
Condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, Éric Zemmour se déclare au moment où les sondages se tassent autour de 14 à 15% d’intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel Macron (25%) et la candidate du RN Marine Le Pen (entre 19 et 20%). Et dans une période agitée pour son camp, où certains critiquent un déficit d’organisation ou l’omniprésence de sa conseillère Sarah Knafo.
 
En se déclarant mardi, le polémiste, qui ambitionne de rassembler les électeurs de droite et d’extrême droite, parasite le processus d’investiture en cours chez les LR qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants. Ceux-ci doivent débattre une dernière fois à la télévision mardi soir, juste après le JT de 20h.
 
Il embarrasse également sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen (RN), qui a déploré mardi sur Sud Radio qu’il «disperse des voix utiles au redressement du pays». «Il n’apporte rien», a-t-elle dit, en critiquant notamment la «brutalité» de ses mesures sur l’immigration ou sa vision des femmes. Elle considère qu’il n’a pas fait «sa mue» en candidat et espère qu’il la «recentre».
 
Pré-campagne agitée
 
Les partisans d’Éric Zemmour se targuent d’avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l’immigration, le sujet numéro 1 du polémiste. Thème associé à ses critiques de l’islam, une «civilisation» qu’il juge «incompatible avec les principes de la France».
 
Adepte de la théorie complotiste du «grand remplacement» de la population européenne par des immigrés non européens, sa mesure la plus controversée vise à obliger à porter un premier prénom d’origine étrangère.
 
Les polémiques se sont multipliées durant sa pré-campagne. Notamment quand Éric Zemmour a pointé un fusil vers des journalistes durant la visite d’un salon sur la sécurité ou s’est rendu devant le Bataclan, le jour de commémoration des attentats du 13-Novembre, pour accuser l’ancien président François Hollande de n’avoir «pas protégé les Français». Ou quand il affirme, contre l’avis des historiens, que Pétain aurait «sauvé des Juifs de France» pendant la Seconde Guerre mondiale.
 
Jusque dans la couverture de son dernier ouvrage, «La France n’a pas dit son dernier mot», Éric Zemmour fait de l’ancien président américain Donald Trump une source d’inspiration, même s’il ne bénéficie pas du soutien d’un grand parti.
 
Financement
 
La constitution d’un réseau sur le terrain sera d’ailleurs l’un de ses nombreux défis, ne serait-ce que pour obtenir les 500 parrainages d’élus nécessaires à une candidature à la présidentielle. Son camp assure s’appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages.
 
Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu’il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300’000 euros.
 
Le polémiste est en outre accusé d’agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart. Mais aucune plainte n’a été annoncée contre lui. (ATS)
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