Procès en diffamation à Paris: Adama Gaye "savoure une douce victoire" contre Vincent Bolloré

Samedi 31 Mars 2018

Un euro (655 francs Cfa) symbolique de dommages et intérêts contre 50 mille (environ 32 millions de francs Cfa) demandés. C’est le verdict retenu le mercredi 28 mars par la 17e Chambre du tribunal de grande instance de Paris pour vider le contentieux qui opposait le journaliste Adama Gaye à l’homme d’affaires français Vincent Bolloré.
 
En décembre 2016, le grand patron de Vivendi (et de Canal+) avait porté plainte contre le consultant sénégalais pour diffamation dans un post publié le 5 octobre sur le réseau Facebook. Les propos visés sont : «corrompu d’Etat, escroc, ennemi, arnaqueur et dealer.»
 
Sur sa page Facebook au lendemain du verdict, Adama Gaye révèle: «j’avais refusé de retirer mes propos. Il (ndlr: Vincent Bolloré) me l’avait demandé pour qu’il retire sa plainte. J’avais refusé, je lui ai tenu tête…» En fin de compte, dit-il avec satisfaction, «ce verdict ne peut alors que sonner comme une douce victoire» pour lui mais aussi pour ceux qui militent pour «une autre Afrique, debout celle-là.»
 
Selon les minutes de la décision du tribunal parisien, Vincent Bolloré «énonce que (les) propos (d’Adama Gaye)  sont des invectives blessantes et méprisantes qui sont destinées à stigmatiser sa prétendue malhonnêteté  et qu’ils dépassent les limites admissibles de la liberté d’expression.» C’est pourquoi «il considère que son préjudice doit être évalué au regard de la large publicité de la page Facebook du défendeur et de la reprise de ces propos dans plusieurs médias africains.»
 
En réponse, lit-on dans la même source, «Adama Gaye que les propos litigieux n’ont pas dépassé les limites admissibles de la liberté d’expression, s’agissant d’opinions exprimées par un militants qui a la volonté d’informer et d’éclairer les opinions publiques africaines sur les dérives des gouvernants, notamment au sujet de la signature de certains contrats de concession de sites portuaires ou d’exploitation de sites de ressources naturelles. Il énonce ensuite qu’étant de bonne foi, l’élément intentionnel de l’infraction est inexistant et que le demandeur est animé par une stratégie d’intimidation judiciaire…»
 
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