Putsch manqué en Turquie : 32 anciens militaires condamnés à la prison à vie

Mercredi 7 Avril 2021

Jugés mercredi devant un tribunal d’Ankara, ils ont été reconnus coupables d’avoir joué un rôle de premier plan dans le putsch manqué de 2016.


Trente-deux anciens militaires turcs ont été condamnés à la prison à vie mercredi. Ils ont été reconnus coupables d’avoir joué un rôle de premier plan dans le putsch manqué de 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan.
 
Ces condamnés font partie des 497 suspects jugés devant un tribunal d’Ankara en lien avec le coup d’État avorté et qui ont en majorité servi au cours de leur carrière au sein de la garde présidentielle.
 
Un avocat de la présidence turque avait dans un premier temps dit à l’AFP à l’issue de l’audience que 22 ex-militaires avaient été condamnés à la perpétuité. Mais l’agence de presse étatique Anadolu a par la suite annoncé 32 condamnations à la prison à vie au total.
Plusieurs chefs d’inculpation
 
Tous ont été reconnus coupables de plusieurs chefs d’inculpation, notamment de tentative de renversement de l’ordre constitutionnel et de tentative de meurtre du chef de l’État turc.
 
Le parquet leur a aussi reproché d’avoir effectué un raid contre la chaîne publique de télévision TRT et d’y avoir forcé les journalistes à diffuser le communiqué des putschistes, ainsi que d’avoir attaqué le quartier général de l’Etat-major.
 
En outre, 106 autres prévenus ont été condamnés à des peines allant de six à 18 ans de prison, selon la même source.
 
En novembre, 337 personnes, dont des officiers et des pilotes, avaient été condamnées à la prison à vie à l’issue du principal procès en lien avec cette tentative de putsch, menée le 15 juillet 2016.
 
Figuraient notamment parmi elles des pilotes qui ont bombardé plusieurs sites emblématiques de la capitale Ankara, comme le Parlement, et des officiers et des civils ayant dirigé de la base militaire d’Akinci le coup de force.
 
Par ailleurs, 60 autres prévenus avaient été condamnés à diverses peines de prison et 75 acquittés, à l’issue d’un procès dans lequel ont comparu près de 500 accusés.
 
Purges
 
La tentative de coup d’État a officiellement fait 251 morts, hors putschistes, et plus de 2000 blessés. Cet événement, qui a traumatisé la Turquie, a donné lieu à des purges d’envergure et conduit le président Erdogan à élargir ses pouvoirs.
 
Les autorités accusent le prédicateur Fethullah Gülen d’avoir ourdi la tentative de putsch. M. Gülen, un ancien allié du chef de l’État turc qui réside aux États-Unis, nie quant à lui toute implication.
 
Depuis le coup d’État avorté, les autorités traquent sans relâche les partisans de M. Gülen et ont déclenché des purges d’une ampleur sans précédent dans l’histoire moderne de la Turquie. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées et plus de 140 000 limogées ou suspendues de leurs fonctions.
 
Les vagues d’arrestations se poursuivent à ce jour, bien que leur rythme soit devenu moins intense cinq ans après la tentative de putsch. Pas moins de 290 procès en lien avec ce coup de force se sont déjà achevés et au moins huit autres se poursuivent.
 
Les tribunaux ont à ce jour condamné près de 4500 personnes, infligeant des peines de prison à vie à près de 3000 d’entre elles, selon les chiffres officiels.
 
Nuit de violences
 
Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, Ankara a été le théâtre d’actions particulièrement violentes de la part des putschistes. Des bombes larguées par des F16 ont à trois reprises visé l’Assemblée nationale, ainsi que des routes autour du palais présidentiel et les sièges des forces spéciales et de la police.
 
Les bombardements ont fait 68 morts et plus de 200 blessés dans la capitale. Neuf civils ont été tués au cours d’une tentative de résistance face aux putschistes à l’entrée de la base d’Akinci. (AFPE)
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